Thrombose veineuse et Embolie pulmonairepulmonaire-I-9-Q135 Module Mé Médecine Interne 20112011-2012 Pascal Sè Sève Service de Mé Médecine Interne, Croix Rousse, Lyon Objectifs • Diagnostiquer une thrombose veineuse et (ou) une embolie pulmonaire • Identifier les situations d ’urgence et planifier leur prise en charge • Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient Généralités • 2/3 TVP vs. 1/3 EP • 70 à 90% des EP sont dues à une TVP des MI • Risque immédiat des TVP : EP (50%) • Risque à long terme : – Maladie veineuse post-thrombotique – Cœur pulmonaire chronique – Récidives (30%) • Incidence annuelle : 2 à 3/1000 • 5000 à 10000 décès (France) • Ne pas oublier la prévention Pathogénie • Triade de Virchow : – Stase veineuse – Hypercoagubilité – Lésions pariétales • Association de facteurs de risque : – permanents et transitoires – acquis ou constitutionnels – Exemples : • Age, Chirurgie, Cancer • Immobiliation et thrombophilies constitutionnelles • SAPL et E2PR Facteurs étiologiques de la MTEV(1) Facteurs transitoires (situation à risques) -Chirurgie : -Orthopédie (prothèse de hanche ou de genou -50%) -Abdominale lourde -Neurochirurgie -Traumatologie : -Fractures, contusions, entorses -Obstétrique : -Grossesse (x5) -Accouchement (césarienne, post-partum immédiat = 6 semaines) -Avortement -Immobilisation : -Alitement -Paralysie -Immobilisation plâtrée -Voyages Facteurs étiologiques de la MTEV(2) Facteurs permanents (liés au sujet) -Age -Antécédents personnels de maladie thromboembolique (x 2-3) - Thrombophilies constitutionnels (QS) : -Déficit en antithrombine, protéine C, protéine S -Mutation Leiden du facteur V -Mutation 20210 du gène de la prothrombine -(Hyperhomocystéinémie) -Thrombophilies acquises : -Syndrome des antiphospholipides (QS) -Syndrome néphrotique -Cancers : Tumeurs solides, leucémies, syndrome myéloprolifératifs, dysglobulinémies -Maladies inflammatoires : -Infections chroniques -Entéropathies inflammatoires, Behçet, lupus, thromboangéite oblitérante Facteurs étiologiques de la MTEV(3) Facteurs permanents (liés au sujet) (Suite) -Maladie cardio-vasculaire et respiratoire : -Infarctus du myocarde et insuffisance cardiaque -Accident vasculaire cérébral -Insuffisance veineuse chronique -Insuffisance respiratoire chronique -Médicaments : -Oestroprogestatifs (x2) -Traitement par stimulation ovarienne -Traitement substitutif de la ménopause, modulateurs sélectifs des récepteurs aux oestrogènes -Tamoxifène -Heparine -Compression veineuse : syndrome de Cockett -Obésité (x2) Thrombophilies constitutionnelles Prévalence des thrombophilies constitutionnelles au cours de la maladie thromboembolique et dans la population générale Thrombose veineuse profonde • Signes cliniques peu spécifiques et peu sensibles • TVP des membres inférieurs: – douleur spontanée ou provoquée par la palpation dans 60 % des cas; signe de Homans: douleur de la face postérieure du mollet lors de la manœuvre de dorsiflexion du pied – œdème: ferme et souvent inflammatoire, ne prenant pas le godet, perte du ballottement du mollet – signes inflammatoires: élévation de la température cutanée, aspect érythémateux ou luisant de la jambe, fébricule – forme clinique: phlébite bleue ou thrombose veineuse ischémiante: la TVP est responsable d ’une obstruction artérielle avec ischémie du membre, urgence médicochirurgicale Diagnostics différentiels • • • • Erysipèle, cellulite, lymphangite Thrombose veineuse superficielle Lymphoedème Traumatisme, déchirure musculaire, piqûre d’insecte • Algodystrophie • Insuffisance veineuse • Rupture d’un kyste poplité (echo) Examens complémentaires • Echo-doppler veineux: – échographie associée au Doppler pulsé avec codage couleur par un examinateur entraîné – examen complet du réseau veineux des membres inférieurs jusqu ’au système cave – informations topographiques et hémodynamiques – incompressibilité par la sonde de la veine contenant un thrombus, signal hyperéchogène intraluminal, développement d ’une circulation collatérale – spécificité et sensibilité proches de 100 % pour les thromboses proximales (94%), moins élevées pour les thromboses sous-poplitées (63%), spécificités (94%) – examen de référence pour le diagnostic des TVP Examens complémentaires • D-dimères: – marqueurs biologiques de l ’activité fibrinolytique réactionnelle à la TV – élévation très sensible mais peu spécifique – VPN de 95 à 100 % – un dosage normal permet pratiquement d ’éliminer une MVTE si probabilité prétest faible ou intermédiaire • Phlébographie: – examen autrefois de référence, pratiquement abandonné • Angio-scanner: – thromboses cave ou porte Stratégie diagnostique • Bien standardisée • Schéma validé par des études pragmatiques : <1% de risque de MTEV si bilan négatif • 1er temps – Probabilité prétest : clinique • 2ème temps – Examens complémentaires : D Dimères, Echodoppler veineux des membres inférieurs Estimation de la probabilité clinique de TVP à l ’aide du score de Wells (d ’après Wells P et al, Lancet 1997) Caractéristiques cliniques Score Cancer actif (encours de Tt ou d écouvert depuis moins de 6 mois ou en Tt palliatif) Paralysie, parésie, immobilisation plâtrée du membre suspect Alitement récent de plus de 3 jours ou chirurgie majeure de moins de 4 semaines Douleur localisée sur le trajet veineux profond 1 1 Tuméfaction de tout un membre 1 Tuméfaction unilatérale du mollet > 3 cm p/r mollet contolatéral Œdème prenant le godet 1 Veins superficielles (non variqueuses) collatérales Présence d’un autre diagnostic au moins aussi probable que celui de TVP 1 1 1 1 -2 L’estimation est obtenue par l ’addition des points de score: probabilité élevée (score >3), intermédiaire (score 1-2), faible (score <1) En pratique • Trois questions? – Tableau clinique et paraclinique évocateur? • Douleur le long d’un trajet veineux, œdème unilatéral – Présence d’un facteur de risque majeur? • Immobilisation, chirurgie, cancer, antécédent de MTEV – Pas de diagnostic alternatif? • Infections, traumatisme, lymphoedème… Formulation de la probabilité face à une suspicion de thrombose veineuse profonde 3 réponses positives Forte probabilité clinique 2 réponses positives Probabilité clinique intermédiaire 1 réponse positive Faible probabilité clinique Démarche diagnostique Titre du diagramme Evaluation de la probabilité clinique de TVP < 500 µg/l Pas de Tt Faible ou moyenne Forte D-dimères Echographie veineuse > 500 µg/l Echographie veineuse Pas de TVP Pas de Tt TVP Tt Pas de TVP Phlébographie Répéter Echo-doppler TVP Tt TVP Tt Bilan étiologique(1) • Bilan biologique – Numération formule plaquettes • Anémie inexpliquée, syndrome myéloprolifératif? – VS, CRP, fibrinogène • Syndrome inflammatoire – TCA • Allongement spontané: anticogulant circulant de type lupique? – Bilan hépatique • Induction néoplasique – Electrophorèse des protéines sanguines • Pic monoclonal • Bilan morphologique : recherche d’une néoplasie – Deux sexes : radiographie thoracique, échographie abdominopelvienne (TAP-sujet jeune) – Femme : mammographie ; Homme : PSA Bilan étiologique(2) • Recherche d’une thrombophilie – TVP proximale et/ou EP chez sujet de moins de 40 ans (même en présence d’un facteur déclenchant) – Antécédents familiaux de TVP ou EP inexpliqué(s): 2 apparentés au 1er degré – Thrombose de siège inhabituelle qqs l’âge – Association TVP, thromboses artérielles et fausses couches à répétition Bilan étiologique(3) • Que rechercher? – – – – – Syndrome des antiphospholipides (QS) Antithrombine III Protéine C Protéine S libre Test de résistance à la protéine C activée • tout résultat normal conduit à rechercher une mutation du facteur V par biologie moléculaire – Allèle 20210 A de la prothrombine (bio. mol) • Pas de bilan pour TVS et TVP distale (sauf lupus et thrombose récidivante (>2) avant 60 ans) • Impact sur la grossesse Bilan étiologique(4) • Tenir compte des facteurs « confondants » – Un traitement par les héparines entraîne une diminution de l'antithrombine. – Un traitement par les antivitamine-K diminue les taux des protéines C et S – La contraception par oestroprogestatifs et la grossesse diminuent le taux de protéine S. • Quand? – au décours d'une TVP (si possible 3 mois) – après un mois d'interruption des antivitamines K (avec éventuellement un relais par les HBPM si on envisage la poursuite du traitement ensuite). Diagnostic de l’embolie pulmonaire • Signes cliniques – multiples, inconstants et non spécifiques Symptômes Dyspnée Douleur pleurale Toux Hémoptysie Sueurs Syncopes Fréquence (%) 75 65 40 10 25 10 Diagnostic de l’embolie pulmonaire • Signes cliniques – multiples, inconstants et non spécifiques Signes physiques Rythme respiratoire >20/mn Cyanose Tachycardie >100/mn Température >38°5 C Phlébite clinique Choc Fréquence (%) 70 15 30 10 30 8 Diagnostic de l’embolie pulmonaire • Examens complémentaires simples – Confortent le diagnostic positif – Eliminent un bon nombre de diagnostic différentiel – Electrocardiogramme • le plus souvent tachycardie • parfois signe de cœur pulmonaire aigu (forme grave) – – – – – – S1Q3 Bloc de branche droit Onde T négative V1 à V3 Déviation axiale droite ACFA Sus-décalage en inférieur Diagnostic de l’embolie pulmonaire • Examens complémentaires simples – Gazométrie artérielle • hypoxie-hypocapnie (le plus souvent) • peut-être normale : 12-26% – Radiographie pulmonaire • le plus souvent normal ou « subnormale » – – – – – – – ascension d ’une coupole diaphragmatique pleurésie atélectasie planes ou discoïdes image d ’infarctus pulmonaire hypovascularisation localisée distension artérielle pulmonaire cardiomégalie droite Formes cliniques de l’embolie pulmonaire • Douleur pleurale (associée ou non à une hémoptysie) (60%) – – – – – correspond à une obstruction vasculaire légère à modérée examen clinique et radiographie thoracique évocateurs ECG : normal GDS peu ou pas perturbée Diagnostic différentiel : pneumopathies infectieuses, pneumothorax... Formes cliniques de l’embolie pulmonaire • Dyspnée isolée (25%) – – – – – peut correspondre à une obstruction vasculaire importante radiographie thoracique peu parlante ECG non spécifique GDS est le plus souvent perturbée Diagnostic différentiel : insuffisance cardiaque gauche, dyspnée sine materia ou d’origine psychogène Formes cliniques de l’embolie pulmonaire • Embolie pulmonaire grave (5%) : – Mortalité 25% – gravité liée à la gravité de l’obstruction ou au terrain – Signes cliniques : • syncope, lipothymies, tachycardie>100/mn, insuffisance cardiaque droite, hypotension artérielle (TA<90 ou chute d ’au moins 40), choc – – – – ECG : signe de cœur pulmonaire aigu (QS) GDS : hypoxémie <60 mmHg et parfois acidose métabolique RxP : souvent normale Diagnostic différentiel : infarctus avec extension au VD, tamponnade, pneumothorax suffocant… – CAT : USI Embolie pulmonaire de gravité intermédiaire • • • • 10 à 20% des cas Mortalité 5 à 10% Pas de signe de choc, ni d’hypotension Dilatation des cavités droites à l’écho ou au scanner • Elévation troponine ou BNP Examens diagnostiques(1) • • • • • D-Dimères Produits spécifiques de dégradation de la fibrine Méthode ELISA - seuil : 500 ng/mL Sensible (96-98%) mais non spécifique Positif : grossesse, chirurgie, inflammation (infection, cancer), traumatisme, sujet âgé (>80 ans) • Patients ambulatoires+++ • Résultats : – dosage négatif élimine une EP sauf si probabilité clinique pré-test forte – Si positif : ne permet pas d’affirmer le diagnostic = examens complémentaires Examens diagnostiques(2) • Angioscanner pulmonaire • Scanner dit spiralé, acquisition en un seul temps respiratoire • Injection de produit de contraste iodé – contre-indication si allergie, insuffisance rénale, grossesse, prise de metformine • Possibilité de coupler avec une veinographie des membres inférieurs Angioscanner pulmonaire • Résultats : – Positif : signes directs d’embols • lacune(s) endovasculaires non opacifiées au sein de la lumière d ’une artère tronculaire, lobulaire segmentaire ou plus proximale • lacunes au niveau sous-segmentaire – Douteux : une lacune sous-segmentaire – Normal : n’élimine pas l’EP • Scanner multibarrettes – Sensibilité supérieure (sous segmentaire) – Normal : élimine l’EP (sauf si probabilité forte) Examens diagnostiques(3) • • • • Echodoppler veineux des membres inférieurs (QS) Méthode non invasive 3/4 des EP ont une TVP (souvent asymptomatique) Positif : – visualisation du caillot – absence de compressibilité • Résultats – Positif au niveau proximal : critère diagnostic d’EP – Positif au niveau distal : pas un critère formel – Négatif : n’élimine pas une EP • Si EP grave : examens à visée pulmonaire pour quantifier l ’obstruction vasculaire Examens diagnostiques(4) • Scintigraphie de ventilation (Xe) puis scintigraphie de perfusion (albumine marquées Tec) • Examen non invasif, sans contre-indication, ni ES • Limites : coopération du patient (EP grave), pathologie cardiorespiratoire préexistante • Résultats : – Normale : élimine le diagnostic – Probabilité faible ou intermédiaire : autres examens – Forte probabilité : Embolie pulmonaire • >2 larges défects segmentaires de perfusion • >4 défects segmentaires de perfusion modérés Examens diagnostiques(5) • • • • Echographie cardiaque Indication : tableau d’EP grave Réalisable au lit du malade Chez patients indemnes d’antécédent cardiorespiratoire : permet d’éliminer les diagnostics différentiels (péricardite avec tamponnade, essentiellement) • Résultats : dilatation des cavités droites et déviation paradoxale du septum (signe de gravité) • ETO : visualisation direct du thrombus dans les cavités droites ou les troncs des artères pulmonaires (patients de réanimation, difficiles à mobiliser) Stratégie diagnostique • Non univoque • Plusieurs schémas validés par des études pragmatiques : <1% de risque d’EP si bilan négatif • Dépend : – Probabilité prétest : clinique, GDS, ECG, RxP (Cf) – Caractéristiques du patient : âge, antécédents cardiorespiratoires, gravité du tableau – Ressources diagnostiques de la structure de prise en charge : • Présence des examens complémentaires sur le site • Disponibilité lors des gardes et jours fériés • Niveau d’entrainement et expertises Score prédictif clinique En pratique • Trois questions? – Tableau clinique et paraclinique évocateur? • Sujet âgé, tachycardie, signe de phlébite • Hypoxie-hypocapnie, atélectasie ou ascension ∆g – Présence d’un facteur de risque majeur? • Immobilisation, chirurgie, cancer, antécédent de MTEV – Pas de diagnostic alternatif? • Pas de signe de pneumopathie, insuffisance cardiaque, péricardite, coronaropathie, dissection aortique… Formulation de la probabilité face à une suspicion d’embolie pulmonaire 3 réponses positives Forte probabilité clinique 2 réponses positives Probabilité clinique intermédiaire 1 réponse positive Faible probabilité clinique 10% patients 45% patients 45% patients EP confirmée : 65-80% EP confirmée : 30-40% EP confirmée <10% Approche conventionnelle « Contre-indication à l’angioscanner » EP grave Prise en charge immédiate et suivi – Objectifs : • Réduire la morbi-mortalité de l’épisode aigu • Eviter les complications de la maladie: – Cœur pulmonaire chronique – Syndrome post-phlébitique • Prévenir les récidives Prise en charge immédiate • Thrombose veineuse profonde – Bilan biologique initial : Numération formule plaquettaire, groupage sanguin, créatinémie, Taux de protrombine (TP), INR (international normalized ratio) et temps de céphaline activée (TCA) – Pas de lit strict (sauf si caillot flottant) – Port d’une contention veineuse élastique (-50% - MPT) • dés le lever, pendant 2 ans • bandes initialement si œdème puis bas – Penser au bilan étiologique (QS) – Recherche EP : ECG, RxP, GDS +/- expl. pulmonaires – Traitement ambulatoire possible • TVP non compliquée • Absence de terrain fragilisé (comorbidités, difficultés de suivi…) Prise en charge immédiate • Embolie pulmonaire – – – – – Traitement (initial) hospitalier Bilan biologique initial (QS) Repos au lit (24 à 48 heures) Oxygénothérapie à adapter à la saturation en O2 Si EP grave : USI, mise en condition, traitement symptomatique du choc, ou d’une détresse respiratoire – Port d’une contention veineuse élastique si TVP – Penser au bilan étiologique (QS) Traitement ambulatoire possible Traitement anticoagulant • Héparine de bas poids moléculaire (HBPM) – – – – – – Thrombose veineuse profonde ou EP non grave Dés la suspicion clinique En l’absence de contre-indication (Cf) Voie sous cutanée : 1 à 2 injection(s)/24 heures 0,1 ml/10 kg ou 175 UI/kg Surveillance plaquettes 2 fois/sem : risque de thrombopénie immunoallergique (TIA) (1/1000) – Pas de surveillance activité anti-Xa sauf pour dépister un surdosage : insuffisance rénale modérée, sujet âgé, poids extrêmes Héparine de bas poids moléculaire (suite) • Avantages : – – – – – Plus efficace (TVP) : diminution de la mortalité Aussi efficace (EP) Moins de saignement Facilité d’utilisation Moins de Thrombopénie Immuno-Allergique • Exemples d’HBPM – Tinzaparine (Innohep®) : 175 UI/kg/j – 1 inj – Nadroparine calcique (Fraxodi®) : 0,1 ml/10 kg/j – 1 inj – Enoxaparine sodique (Lovenox®) : 0,1 ml/10 kg/j – 2 inj Autres anticoagulants • Pentasaccharide (action anti-Xa) – – – – Fondaparinux (Arixtra®) voie sous cutanée-1 injection/jour Indication : Traitements EP et TVP Posologie : • <50 kg : 5 mg • 50-100 kg : 7,5 mg • >100 kg : 10 mg – Avantages : pas de TIA (pas de surveillance des plaquettes) – Inconvénients : coûts – Développement : idraparinux - 1 injection par semaine Héparine standard • Traitement de référence dans 4 situations – Insuffisance rénale sévère (Clairance créatinine<30 ml/mn) – Situation à risque de saignement • Modalités – Perfusion intraveineuse continue à la seringue électrique – Bolus de 80 UI/kg puis 18 UI/kg/h – Adaptation au TCA : • Objectif : 1,5-2,5 x le témoin ou héparinémie : 0,3 à 0,6 UI/ml • H4 après le début du traitement puis 4 heures après chaque changement et quotidiemment – Surveillance plaquettes 2 fois/sem : risque de thrombopénie immunoallergique à l’héparine (1/100) Anti-vitamine K (AVK) • A débuter au J1 du traitement de la TVP ou de l’EP non grave • En l’absence de contre-indication (Cf) • AVK à demi-vie longue: – Warfarine (Coumadine®) – Fluindione (Préviscan®) • Pas de dose de charge – dose plus faible chez sujet âgé • Surveillance INR (après 2ème prise) • Chevauchement minimal de 5 jours : arrêt HBPM ou héparine standard lorsque INR>2 à 2 reprises • Exception : – Cancer actif : risque de récidive > HBPM – Grossesse : AVK contre-indiqués Education aux AVK+++ • • • • • • • • • • principes du traitement carnet valeurs normales de l’INR prise à heure fixe (pas d’oubli) nécessité d’une surveillance biologique rapprochée (même laboratoire) Risque et signe hémorragique (CAT) interaction médicamenteuse contre-indication aux AINS et à l’aspirine contre-indication aux intramusculaires évitez excès aliments riches en vitamine K Autres anticoagulants • Héparinoides de synthèse – Danaparoid (Orgaran®) – voie parentérale – Indications : traitement et prévention de la TIA • Antithrombine – argatroban (excrétion hépatique) et lepirudin (Refludan®)(excrétion rénale) – Indications : traitement et prévention de la TIA – développement inhibiteur de la thrombine oral : dagibatran Autres anticoagulants Traitement fibrinolytique • Objectif : accélérer la fibrinolyse physiologique, ce qui permet de baisser les résistances vasculaires au prix d’un risque hémorragique accru • Indication : EP grave avec signe de choc ou hypotension • Tenir compte des contre-indications (Cf-IDM) • Mesures associées : remplissage par macromolécules et mise sous dobutamine (5 à 20 ug/kg/min) • TVP : Thrombolyse in situ (+/- fragmentation et stent) a discuter pour thrombose extensive fémoro-iliaque<14 jours, patient en bon état général Embolectomie chirurgicale • Equipe entrainée • Désobstruction vasculaire sous CEC • Indication exceptionnelle : – Contre-Indication ou – Echec de la fibrinolyse • Mortalité : 40% Interruption de la veine cave inférieure • Mise en place d ’un filtre dans la VCI, en dessous des veines rénales après cavographie • Indications : – Contre-indication absolue au traitement anticoagulant – Embolie ou extension de la thrombose sous traitement bien conduit – Embolectomie chirurgicale Prise en charge à distance • Si EP grave ou récidivante : renouveler angio-TDM ou scintigraphie v/p – recherche d ’un CPC post-embolique • Anticoagulation efficace : 2<INR<3 – information du patient et de son entourage (document) – surveillance par médecin traitant – consultation de suivi Prise en charge à distance • Evaluation à 3 mois : apprécier – risque de récidive de MTEV : 20% (2 ans), 25% (5 ans), 30% (8 ans) – risque de récidive d ’EP fatale : 10%x 4-9% = 0,40-0,90% – risque d ’hémorragie fatale : 2% x 8-9% = 0,16-0,18% • Durée du traitement dépend : – – – – – – siège de la thrombose existence ou non d’un FDR transitoire ou permanent première épisode ou récidive âge, sexe séquelles de thrombose, D dimères élevés persistants risque hémorragique : âge, antécédent d ’hémorragie digestive, atcd d ’accident vasculaire cérébral, insuffisance rénale et hépatique, autres pathologies chroniques, mauvais équilibre ac D’après Douketis J. Ann Intern Med. 2007;147:766-74 Prise en charge à distance • Exemples : – TVP distale isolée avec FDR réversible (platre-chirurgie) : 6 semaines – TVP proximale ou EP avec FDR réversible : 3 mois – Cancer, SAPL, alitement prolongé : traitement prolongé – 1er épisode TVP profonde ou EP idiopathique : au moins 6 mois • Considérer traitement prolongé si risque hémorragique faible – Récidive : traitement prolongé – Thrombophilies simples : pas d ’impact D’après Agnelli G. Treatment of DVT: how long is enough and how to predict recurrence?. 2008;25:37-44 Thrombose veineuse profonde Traitement préventif • En milieu chirurgical: – – – – – – prévention bien codifiée mobilisation rapide lever post-opératoire précoce activité musculo-articulaire surélévation et contention élastique en fonction du risque: HBPM en une injection quotidienne à une posologie – Fondaparinux : traitement de référence en cas de remplacement prothétique de hanche ou de genoudaptée au risque de TV Thrombose veineuse profonde Traitement préventif • En milieu médical (risque 15%): – Prévention moins bien codifiée – HBPM (enoxaparine (20-40 mg) et dalteparine (5000 UI)) et fondaparinux (2,5 mg) - UFH : risque hémorragique >> – Patients alités pour une affection médicale aiguë: • • • • insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde insuffisance respiratoire aiguë AVC ischémique épisode d’infection, affection rhumatologique et maladie inflammatoire intestinale associée à au moins un autre facteur de risque thrombo-embolique veineux suivants : – Facteurs prédisposants : âge > 75 ans, cancer, antécédent thromboembolique, obésité, varices, E2PR, thrombophilie, insuffisance respiratoire ou cardiaque chronique – Aspirine, AVK, méthodes mécaniques : non évalués Références • • • • • • • • • • • Thrombose veineuse et embolie pulmonaire. Collège national des enseignants de médecine interne. Ellipses ed. 2008. Tapson V. Acute pulmonary embolism. N Engl J Med. 2008;358:1037-52. Kearon C, et al. Antithrombotic therapy for venous thromboembolic disease: American College of Chest Physicians Evidence-Based Clinical Practice Guidelines (8th edition). Chest 2008;133:454-545S. Bates S, et al. Venous thromboembolism, Thrombophilia, Antithrombotic therapy, and Pregnancy: American College of Chest Physicians Evidence-Based Clinical Practice Guidelines (8th edition). Chest 2008;133:844-886S. Stein P, et al. Challenges in the diagnosis acute pulmonary embolism. Am J Med 2008;121:565-71.\ Goodacre S. in the clinic. Deep venous thrombosis. Ann Intern Med 2008;ITC1-16. Laviolle B, Oger E. Prescription et surveillance d’un traitement antithrombotique? Rev Prat. 2008;2063-70. G. Meyer, O Sanchez. Thrombose veineuse et embolie pulmonaire. Rev Prat. 2009;59:393-404. HAS. Prise en charge des surdosages en antivitamines K, des situations à risque hémorragique et des accidents hémorragiques chez les patients traités par antivitamines K en ville et en milieu hospitalier. Avril 2008 AFFSAPS. Mise au point, sur le bon usage des médicaments antivitamine K. Avril 2009. AFFSAPS. Recommandations de bonne pratique. Prévention et traitement de la maladie thromboembolique veineuse en médecine. Novembre 2009. Annexes Thromboses de siège inhabituelle Membres supérieurs Syndrome de PagetVon Schroetter -œdème, douleurs, impotence fonctionnelle - développement du réseau veineux Le plus souvent : -Cathéter veineux, -Syndrome de la traversée thoracobrachiale, Plus rarement : -Maladie de Hodgkin, néoplasie -Thrombophilie -Toxicomanie (cocaïne), -Maladie de Behçet Veine cave inférieur Syndrome cave inférieur : -Oedème bilatéral des membres inférieurs, -Douleurs abdominolombaires, -Circulation collatérale lombaire ou sus-pubienne Le plus souvent : -Interruption partielle de la VC -Compression néoplasique Plus rarement : -Anévrisme de l'aorte sous-rénale -Fibrose rétropéritonéale -Troubles de l'hémostase, - Extension d'une thrombose veineuse des membres inférieurs. Thromboses de siège inhabituelle Veine cave Supérieur Syndrome cave supérieur : -Comblement du creux susclaviculaire, -Œdème de la face et du cou, œdème en pélerine. Le plus souvent : - Compression néoplasique (++) - Goitre plus rarement, - Chambre implantable, pacemaker, cathéter central. Plus rarement : - Maladie de Behçet Veines jugulaires -Palpation d'un cordon induré. -Douleurs et oedème. . Le plus souvent : - Cathéter veineux, - Compression néoplasique, - Syndrome de Lemierre. Plus rarement : - Stimulation ovarienne - Radiothérapie. Périhépatique Douleurs abdominales Hypertension portale -Infections locales -Cirrhose, néoplasies -SAPL, syndrome myéloprolifératif -Hémoglobinurie paroxystique nocturne • Etats d ’hypercoagulabilité primaire: anomalies héréditaires de la coagulation ou thrombophilies – Résistance à l’action de la protéine C activée ou facteur V Leiden: • mutation dans le gène du facteur V qui empêche la protéine C activée de reconnaître un site de clivage du facteur V activé • transmission sur un mode autosomique dominant • détection par la mesure de l ’allongement du TCA en présence de protéine C activée • recherche de la mutation par PCR – Mutation du gène de la prothrombine (facteur II): décrite • Etats d ’hypercoagulabilité primaire: anomalies héréditaires de la coagulation ou thrombophilies – Déficit en anti-thrombine III, déficit en protéine C, déficit en protéine S: • inhibiteurs de la coagulation synthétisés par le foie • transmission des déficits sur un mode autosomique dominant • déficits quantitatifs ou qualitatifs • dosage AT III en dehors d ’un traitement par héparine; dosages protéine C et S en dehors d ’un traitement par AVK • Etats d ’hypercoagulabilité primaire: anomalies héréditaires de la coagulation ou thrombophilies – Homocystéinémie: • facteur de risque de thrombose artérielle et veineuse • homocystinurie: maladie autosomique récessive rare; hyperhomocystéinémie et homocystinurie; retard mental • hyperhomocystéinémie: déficit enzymatique hétérozygote; insuffisance rénale, hypothyroïdie, cancers, maladie de Biermer; médicaments interférents avec l ’acide folique ou la vitamine B12 (méthotrexate, phénytoïne, théophylline) • traiement: vitamine B6 ou acide folique (5 à 10 mg/j) – Autres déficits: • anomalies du fibrinogène, de la fibrinolyse... Examens diagnostiques • Angiographie pulmonaire (référence) – Presque plus pratiquée – Invasive : • cathétérisme par voie antébrachiale • injection de produit de contraste sélective dans chaque AP – Critères diagnostiques : • visualisation directe du thrombus sous forme d ’une lacune endoluminale ou d ’un arrêt cupuliforme dans une artère>2 mm • normal : élimine le diagnostic Contre-indications du traitement anticoagulant Absolues Relatives •Hémorragie patente •AVC hémorragique récent (<2 sem) •Intervention neuro-Xie(<3 sem) •Traumatisme crânien grave •Thrombopénie<50 G/l •Antécédents de TIA •Anomalie sévère de l’hémostase •Intervention chirurgicale récente •Tumeur cérébrale •Hémorragie digestive (<2 sem) •Ulcère gastrointestinal évolutif •Hématurie macroscopique •HTA sévère non contrôlée Thrombopénie immunoallergique à l’héparine • Développement Ac PF4+héparine = activation et aggrégation plaquettaire • Diagnostic = 4 T – Thrombosis veineuse (extension ou EP) > artérielle – Thrombocytopenia (-30%) – Timing (Temps) : 5 à 10 jours après début traitement – oTher causes : absente D’après Linkins LA. The approach to heparin-induced thrombocytopenia. Semin Respir Crit Care med. 2008;29:66-74 Traitement : 6 Principes • Faire – Arrêt immédiat de l ’héparine – Débuter un autre traitement anticoagulant • Ne pas faire – administrer un AVK tant que les plaquettes sont basses – transfuser des plaquettes • Diagnostiquer – Tests pour TIA : ELISA, aggrégation – Evaluation de la thrombose : Doppler Cas particuliers : la grossesse • Diagnostic : privilégier les methodes noninvasives – D dimères (utile avant 20 SA) – Doppler veineux des membres inférieurs – Scintigraphie de perfusion – Technique invasive en dernière intention • Traitement : – Pas d ’AVK – HBPM ou UNF jusqu ’à 6 mois dans le postpartum