Abstracts A bstracts Artériopathie oblitérante périphérique : faut-il prescrire du buflomédil ? O L’efficacité des vasodilatateurs en cas d’artériopathie périphérique est controversée. L’étude LIMB a inclus 2 078 patients de plus de 40 ans présentant une artériopathie oblitérante périphérique documentée, une claudication intermittente, et un indice tibio-brachial entre 0,30 et 0,80 : ils ont été randomisés en deux groupes, placebo ou buflomédil (dose adaptée à la fonction rénale : 300 mg x 2 par jour en cas de clairance de la créatinine supérieure ou égale à 40 ml/mn, 150 mg x 2 par jour en cas de clairance inférieure). Selon les groupes, 15 % à 17 % des patients étaient diabétiques. Si 75 % des patients prenaient de l’aspirine, seuls 15 % à 17 % étaient sous hypolipémiants, dont statines. La durée moyenne du suivi et du traitement a été de 2,75 ans. Le critère principal d’efficacité était multicomposite, associant décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde et accident vasculaire cérébral non fatals, détérioration symptomatique de l’artériopathie périphérique, amputation de membre inférieur. Le taux des événements recensés a été significativement moindre pour le groupe sous buflomédil : 9,1 % contre 12,4 % (p = 0,016). L’indice tibio-brachial a augmenté de 9,2 % pour le groupe buflomédil, et a diminué de 3,6 % pour le groupe placebo (p < 0,001). La tolérance du buflomédil a été similaire à celle du placebo. Les auteurs de LIMB concluent à l’intérêt du buflomédil aux côtés des autres classes thérapeutiques préconisées (antiagrégant, statine et inhibiteur de l’enzyme de conversion) pour traiter les artériopathies oblitérantes périphériques symptomatiques. >>> Conclusion. L’étude multicentrique LIMB affiche une réduction de 26 % des complications cardiovasculaires symptomatiques sous un traitement par buflomédil pris pendant 3 ans. Cependant, ce résultat global significatif ne tient pas à la diminution des critères “durs” de mortalité globale ou cardiovasculaire, d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral ou d’amputation, mais est essentiellement le fait d’une moindre détérioration symptomatique des artériopathies 6 périphériques. Une tendance favorable non significative concerne la mortalité cardiovasculaire et les amputations de membre inférieur. Il faut également noter une proportion relativement faible de patients diabétiques ou sous statines : environ 15 %. L’éditorial de M.S. Conte (Buflomedil in peripheral arterial disease. Trials and tribulations. Circulation 2008;117:717-9) souligne ces limites et reste circonspect sur la place du buflomédil dans le traitement des artériopathies oblitérantes périphériques symptomatiques. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil >>> Leizorovicz A; Becker F. Limbs International Medicinal Buflomedil (LIMB) Study Group. Oral buflomedil in the prevention of cardiovascular events in patients with peripheral arterial obstructive disease: a randomized, placebo-controlled, 4-year study. Circulation 2008;117:816-22. Thrombose veineuse des membres supérieurs : quel devenir clinique ? O Les thromboses veineuses profondes des membres supérieurs (TVP MS) sont beaucoup plus rares que celles des membres inférieurs, et leur pronostic est souvent considéré comme bénin. Le registre prospectif et international RIETE s’est intéressé à des patients consécutifs présentant une thrombose veineuse profonde symptomatique aiguë ou une embolie pulmonaire : sur 11 564 patients présentant une thrombose veineuse profonde, seuls 512 (soit 4,4 %) avaient une phlébite siégeant aux membres supérieurs. Ces patients présentaient moins souvent des signes patents d’embolie pulmonaire (9 %, contre 29 % en cas d’atteinte des membres inférieurs) ; cependant, le devenir à 3 mois était similaire pour les localisations supérieures ou inférieures des thromboses veineuses lorsque l’on tenait compte des complications cumulées (hémorragies sévères et/ou fatales, récidives de thrombose veineuse ou d’embolie pulmonaire, embolies pulmonaires fatales). Lorsque l’on s’intéressait au seul critère de mortalité globale, il existait une augmentation significative pour le groupe des TVP MS (11 % contre 7 % ; p = 0,002). Parmi les 512 patients ayant une TVP MS, 196 (38 %) avaient un cancer, et 228 (45 %) une thrombose liée à un cathéter (souvent dans le contexte d’un cancer : 53 % des cas). Pendant les 3 mois de suivi, les patients atteints d’un cancer ont eu une incidence accrue d’hémorragies sévères (4,1 % contre 0,9 %), de récidives thromboemboliques veineuses (6,1 % contre 2,8 %) et de décès (22 % contre 3,5 %). Trente patients ont présenté une des complications suivantes : récidive de thrombose veineuse profonde, embolie pulmonaire symptomatique, hémorragie sévère. Ils étaient significativement plus âgés, avaient plus souvent un cancer, et présentaient plus fréquemment une embolie pulmonaire patente à l’admission. En analyse multivariée, seuls les patients ayant un cancer et une TVP MS avaient un risque accru de complications sévères (odds ratio = 3). >>> Conclusion. La présentation des patients ayant une TVP MS s’accompagne moins souvent de signes cliniques d’embolie pulmonaire qu’en cas de thrombose veineuse des membres inférieurs, mais le pronostic est globalement similaire à 3 mois. Il existe même une majoration significative de la mortalité globale. On doit rechercher un cancer sous-jacent, plus fréquent lors de localisation aux membres supérieurs, présent ici dans près de 40 % des cas, et associé à un mauvais pronostic. Les localisations des cancers les plus fréquentes étaient, par ordre décroissant, pulmonaires, mammaires et colorectales. Dans ce cadre pathologique, les cathéters centraux (chambres implantables) représentent des sources de thromboses. Des mesures préventives doivent être envisagées pour ces sujets à haut risque. La prise en charge des TVP MS ne doit pas être sous-estimée, et les mêmes règles thérapeutiques doivent être proposées pour les localisations aux membres supérieurs ou inférieurs. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil >>> Munoz FJ, Mismetti P, Poggio R et al; for the RIETE investigators. Clinical outcome of patients with upper-extremity deep vein thrombosis. Results from the RIETE registry. CHEST 2008;133:143-8. La Lettre du Cardiologue - n° 414 - avril 2008