Les homotopies sup´erieures
Pour formuler les probl`emes de recollement des complexes d´efinis `a quasi-isomorphisme
pr`es, il faut consid´erer des homotopies sup´erieures, ce qui complique singuli`erement le
tableau. En topologie ordinaire, le prototype d’un tel probl`eme consiste par exemple `a
recoller sur U1∪U2∪U3∪U4des donn´ees du genre suivant: pour 1 ≤i≤4, Ciest
un complexe sur Ui;pour1≤i≤j≤4, fij est une ´equivalence d’homotopie entre les
restrictions Cij et Cji de Ciet Cj`a Uij := Ui∩Uj;pour1≤i≤j≤k≤4, hijk est une
´equivalence d’homotopie entre les restrictions de fjkofij et fik `a Uijk := Ui∩Uj∩Uk;etles
hijk doivent encore v´erifier une condition de compatibilit´esurU1∩U2∩U3∩U4, condition
dont la formulation mˆeme n’est pas imm´ediate. On con¸coit facilement comment, pour
des recouvrements plus complexes (en topologie ´etale par exemple), la combinatoire de ce
genre de donn´ees de descente peut devenir inextricable. La d´efinition que nous donnons
des donn´ees de descente d´epasse (ou ´evite) les consid´erations combinatoires.
Dans la situation pr´ec´edente les fij sont des flˆeches entre complexes, les hijk doivent
ˆetre consid´er´ees comme des 2-fl`eches, et les donn´ees sur U1∩U2∩U3∩U4seront des
3-fl`eches. Concr´etement, hijk par exemple est un morphisme d’objet gradu´ededegr´e
−1 entre Ciet Cksur Uijk,´etablissant une homotopie entre fjkofij et fik.Demˆeme,
l’information cruciale dans une 3-flˆeche est un morphisme d’objet gradu´ededegr´e−2
´etablissant une homotopie entre morphismes de degr´e−1, etc. On a donc bien besoin
d’une notion d’∞-cat´egorie comme pr´econis´ee par Grothendieck [49], avec des n-fl`eches
pour tout net les lois de composition ad´equates.
Cat´egories simpliciales ou de Segal
En fait, une forme rudimentaire d’∞-cat´egorie adapt´ee `a nos complexes est con-
nue depuis trente ans, c’est la notion de cat´egorie simpliciale. Introduite en th´eorie
d’homotopie par Kan et Quillen (voir [83]), cette notion a ´et´e reprise par Dwyer et Kan
[31] [32] [33]: en particulier, `atoutecat´egorie Mmunie d’une sous-cat´egorie W, ces
auteurs associent une cat´egorie simpliciale “localis´ee” L(M, W). Celle-ci capture bien
l’information homotopique concernant le couple (M, W) dans la mesure o`usiMest une
cat´egorie de mod`eles ferm´ee (cmf) simpliciale au sens de Quillen, et Wsa sous-cat´egorie
des ´equivalences, alors L(M, W)est´equivalente `alacat´egorie simpliciale des objets cofi-
brants et fibrants de M. Ceci montre par exemple que la structure simpliciale sur une
cmf est unique `a´equivalence pr`es, et mˆeme ne d´epend (toujours `a´equivalence pr`es) que
de la sous-cat´egorie des ´equivalences.
Plus particuli`erement, dans la situation des complexes si Ch d´esigne la cat´egorie des
complexes et qis la sous-cat´egorie des ´equivalences faibles, alors la cat´egorie simpliciale
L(Ch,qis)repr´esente ad´equatement la th´eorie homotopiquement des complexes. 4
4Ceci veut dire que si A·et B·sont des complexes alors l’ensemble simplicial de morphismes dans L
entre A·et B·est ´equivalente `a l’ensemble obtenu par application de la construction de Dold-Puppe au
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