présentation JBouchez

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Jacques Bouchez
CEA-Saclay
E2phy Nantes
22-25/8/2006
Probabilités et statistiques
dans le traitement de données expérimentales
premier cours : rappel de probabilités
second cours : estimation de paramètres, tests d’hypothèses
Un cas concret illustrant le type de questions que l’on se pose
histogramme
a
N
θ
a
b
b
-1
loi suivie par la population de chaque bin ?
corrélations entre bins?
distribution plate ?
dN/dcosθ =1/2 + a cosθ compatible avec les données?
estimation de a
0
cos θ
1
Rappel de probabilités
Notion de variable aléatoire
Définition et propriétés des probabilités
lois de probabilités :cas discret et continu
caractérisation des lois: moyenne, variance, covariance
changement de variables
somme de variables indépendantes
lois des grands nombres
lois usuelles
variable aléatoire, probabilité
Lorsque le résultat d’une observation ne peut pas être prédit avec certitude, celuici est décrit par une variable aléatoire X (dont les valeurs, ou réalisations, sont
notées x) prenant ses valeurs dans Ω.
Les sous-ensembles de Ω, appelés événements, sont munis d’une mesure P
(pour probabilité).
A  Ω : P(A) est la probabilité que x  A (l’événement A a eu lieu, s’est produit…)
P(A)  [0,1] pour tout A
P(Ω) = 1 P(Ø) =0
Ω
A
P(A  B) = P(A) + P(B) – P(A  B)
B
si A  B =Ø (evenements exclusifs) alors P(A  B) = P(A) + P(B)
probabilité conditionnelle, indépendance
P(A|B) est la probabilité que x  A sachant que x  B
(probabilité de A conditionnée par B)
Formule de Bayes: P(A|B) = P(A  B) /P(B) [satisfait à tous les axiomes lorsqu’on
restreint Ω à B]
définition: A est indépendant de B si P(A|B) =P(A)
alors : P(AB) = P(A) x P(B)
et P(B|A) =P(B) : A et B sont indépendants
IL N’Y A FACTORISATION DES PROBABILITES QUE POUR DES EVENEMENTS INDEPENDANTS
exemple (météo à Nantes et ailleurs)
lois de probabilité
une variable aléatoire peut etre uni- ou multi- dimensionnelle, prendre des
valeurs discrètes (en nombre fini ou infini dénombrable) ou continues
Cas discret: X prend des valeurs xi
P(xi ) = pi  [0,1]
∑ pi = 1
Cas continu: F(x) = P(X ≤ x)
F fonction cumulative
P(X [x, x+dx]) = F(x+dx) – F(x) = F’ (x) dx = f(x) dx
1
f(x)
F(x)
1
f densité de probabilité
cas continu, multidimensionnel:
densité de probabilité multidimensionnelle f(x,y,z…)
P(X[x, x+dx]  Y[y, y+dy  Z[z, z+dz]) = f(x,y,z) dx dy dz
densité de probabilité réduite: fX(x)= ∫ dy dz f(x,y,z)
densite de probabilite conditionnelle: fC (x|y0) = f(x, y0) / ∫ dx f(x,y0)
Si X et Y sont indépendantes, alors f(x,y) = fX(x) fY(y)
(factorisation → indépendance sous certaines conditions)
f(cosθ, φ ) = (1 + cosθ sinφ ) / 4π
non factorisable, non indépendants
f(cosθ, φ) = 3 cos2θ sin2φ / 2π = [3/2 cos2θ] [sin2φ / π]
factorisation, indépendance
changement de variable aléatoire
y = H(x) : y nouvelle variable aléatoire liée fonctionnellement à la variable aléatoire x
(par exemple variable initiale x = θ, nouvelle variable y= cosθ )
si x a pour densite de probabilite f(x), quelle est la densite de probabilite g(y) ?
si la correspondance x ↔ y est biunivoque,
f(x) dx = g(y) dy
g(y) = f(x) /H’ (x)
x et y multidimensionnels : H’(x) remplacé par le determinant de la matrice des
derivees partielles |y/x| (Jacobien du changement de variables)
si correspondance non univoque, plus compliqué
(exemple y=x2 g(y) = [f(x) + f(-x)]/2|x|
g(y) = [ f(y) + f(-y) ] /(2y)
Caractéristiques des lois de probabilité
variable aléatoire x de densité de probabilité f(x)
• valeur moyenne (espérance mathématique) x , <x> , E(x)
discret : <x> =∑ pi xi
continu : x = ∫ x f(x) dx
ne pas confondre avec x médian, ou x max (maximum de f(x)
• variance, notée σ2
σ est appelé sigma, écart quadratique moyen,
incertitude, erreur, resolution…..
σ2 = <(x-E(x))2> = ∫ (x-E(x))2 f(x) dx = <x2> - <x>2
σ
Pile ou face :
pile x=0 face x=1
<x> = 0.5
σ = 0.5
x
Cas multidimensionnel : covariance
densité de probabilité f(x,y) : on définit <x>, <y>, σ2(x) ,σ2(y) et
C(x,y) = < (x-E(x)) (y-E(y)> covariance de x et y
coefficient de correlation r(x,y) = C(x,y) /( σ(x) σ(y))
inégalite de Schwartz
-1  r  +1
x et y indépendants → C(x,y) = 0 ATTENTION: réciproque fausse !!
Matrice de variance-covariance :
( σ2(x)
V= (
( C(x,y)
C(x,y) )
)
2
σ (y) )
changement lineaire de variable Z = M X + C (M et C matrices constantes):
V Z = M V X MT
cas non lineaire : Formule fausse, approximation parfois dangereuse
Somme de variables aléatoires indépendantes
s=x+y
f(x,y) = fX(x) fY(y)
<s> = <x> + <y> (vrai même si x et y corrélés)
σ2(s) = σ2(x) + σ2(y) les variances s’ajoutent
(remarque d = x - y
σ2(d) = σ2(x) + σ2(y) )
application: N tirages indépendants xi selon f(x):
s = ∑xi
σ2(s) = N σ2(x) = N σ2
m = s/N
<m> = <x> et σ2(m) = σ2/N
premiere loi des grands nombres: m tend vers <x> avec une variance qui
décroît en 1/N (la “précision” augmente comme N )
Théorème « central limit »
N tirages indépendants xi dont on fait la moyenne m:
lorsque N   ,la densité de probabilité de m tend vers une loi universelle, la loi normale
(ou loi de Gauss) de moyenne <x> et de variance σ2(x)/N:
Gaσ (x) = 1/[σ(2π)1/2] exp[- (x-a)2/2σ2]
ou si l’on préfère, z = N ½ (m -<x>) a pour densité de probabilité asymptotique
G 0,1 (z)
illustration loi de tirage RNDM des ordinateurs:
Quelques lois usuelles
loi binomiale
N observations(N fixé): la probabilité que l’événement A soit
vrai est p
n observations satisferont l’événement A.
n est une variable aléatoire (discrète)
Sa loi de probabilité sera:
P(n) = B N,p(n) = CNn pn (1-p) N-n
exercice: <n> = Np
σ2(n) =Np(1-p)
événements exclusifs A (probabilité pA) et B (probabilité pB): nA
satisfont A, nB satisfont B
calculer C(nA,nB)
Loi de Poisson
Limite de la loi binomiale lorsque N  , p  0, Np  a
exemple: Nombre d’explosions de SN par siècle dans notre galaxie
n observations satisfaisant le critère demande:
exercice : p(n) = Pa (n) = exp(-a) an / n!
<n> = a
σ2(n) = a
la fluctuation d’une loi de Poisson de moyenne a est la racine de a
application : fluctuations sur le nombre d’accidents
proprietes: la somme de 2 variables aleatoires independantes suivant
chacune une loi de Poisson (de moyennes respectives m et n) suivra
une loi de Poisson de moyenne m+n
Consequence (theoreme central limit): une loi de Poisson ressemblera
d’autant plus a une loi de Gauss que sa moyenne est grande.
loi exponentielle
exemple typique : temps de désintégration d’une
particule instable
f(t) = 1/ ‫ځ‬exp (-t/ ‫)ځ‬
<t> = ‫ځ‬
σ2(t) = ‫ځ‬2
Jacques Bouchez
CEA-Saclay
E2phy Nantes
22-25/8/2006
Probabilités et statistiques
dans le traitement de données expérimentales
premier cours : rappel de probabilités
second cours : estimation de paramètres, tests d’hypothèses
Un cas concret illustrant le type de questions que l’on se pose
histogramme
a
N
θ
a
b
b
-1
loi suivie par la population de chaque bin ?
corrélations entre bins?
distribution plate ?
dN/dcosθ =1/2 + a cosθ compatible avec les données?
estimation de a
0
cos θ
1
Estimation de paramètres
X variable aléatoire dont la densité de probabilité f(x;θ) dépend
d’un paramètre inconnu θ .
Etant donné N tirages xi de X, que peut-on dire de θ ?
But de l’exercice: construire une variable aléatoire, fonction des xi , dont
l’espérance mathématique sera (au moins asymptotiquement) θ (et dont la
variance sera la plus faible possible). [une telle variable est appelée
estimateur, ou encore statistique !]
Biais d’un estimateur de θ = différence entre son espérance et θ
Un estimateur sera convergent si le biais BN et sa variance σ2N tendent vers
0 comme 1/N lorsque N  
Les propriétés de convergence des estimateurs usuels découlent de la loi
des grands nombres (démonstration plus ou moins facile)
Un estimateur qui a une variance plus faible que les autres est dit optimal; et
si sa variance est le minimum théorique (théorie de l’information), il est dit
efficace. [il n’existe pas forcément d’estimateur efficace pour N fini]
Estimation par méthode des moments
distribution angulaire d’une collision: la densité de probabilité pour x=cosθ
est de la forme f(x; a0, a1,…,ak) =Σ0k al Pl(x) : ai paramètres inconnus
Pl(x) polynôme de Legendre de degré l
propriété de ces polynômes
 Pm(x) Pn(x) dx =δmn
Je considère la variable aléatoire z = Pl(x)
sa valeur moyenne est par construction al, et sa variance V est calculable
Depuis mes N observations xi, je détermine N valeurs zi et je construis la
moyenne des zi
r = 1/N Σ zi
r a pour espérance al et pour variance 1/N V
r est un estimateur non biaisé, convergent du paramètre inconnu al
r n’est pas optimal
Estimation par moindres carrés
Exemple : je dispose de plusieurs mesures d’une règle à diverses températures Ti,
et je veux estimer son coefficient de dilatation α.
Je suppose mes diverses mesures Li indépendantes, chacune affectée d’une
incertitude σi
Je dispose d’un modèle théorique
L(T) = L0 (1 + α T) avec 2 paramètres inconnus L0 et α
Problème : Estimer au mieux ces 2 paramètres depuis les observations
L
J’estime les paramètres inconnus en prenant
pour valeurs celles qui minimisent la somme
Ҳ2 = Σ [Li –L(Ti)]2/σi2
Cas général: estimation biaisée, convergente
Variance-covariance des estimateurs donnée
asymptotiquement par 2 fois l’inverse de la
matrice des dérivées secondes au minimum
T
Cas particulier : le modèle linéaire
Le modèle est dit linéaire si la prédiction théorique dépend linéairement des
paramètres inconnus, et si les variances des observations ne dépendent
pas de ces parametres. Dans ce cas:
•la recherche du minimum se fait analytiquement (équations linéaires)
•l’estimation des paramètres est non biaisée et optimale
•la matrice de variance-covariance des estimateurs est exactement
V = 2 D2-1
subtilité de l’exemple précédent: le modèle n’est pas linéaire pour L0 et α
mais il est linéaire pour L0 et (L0 α) !!
L0 et L0.α sont estimés de manière optimale, mais pas α
Autre subtilité: L’estimation de paramètres par ajustement d’un histogramme
par moindres carres n’est jamais linéaire car les variances des populations
de chaque bin dépendent des paramètres inconnus
méthode du maximum de vraisemblance
f(x;θ) θ parametre inconnu.
N observations xi
f(x;θ1)
f(x;θ2)
les observations xi tombent préférentiellement là où la densité de probabilité est élevée
estimation de θ : valeur maximisant le produit Π f(xi) ou de manière
équivalente la somme Σ log[ f(xi)]
Cas général: estimateur biaisé, convergent. Asymptotiquement efficace
variance de l’estimateur donnée asymptotiquement par l’inverse de la
dérivée seconde au maximum
cas particulier : Théorème de Darmois
Si f(x;θ) est de la forme exp[ a(x) + b(θ) + c(x) d(θ) ] et si le domaine
de variation de x ne dépend pas de la valeur de θ, alors:
La méthode du maximum de vraisemblance fournit une estimation
efficace à échantillon fini du paramètre
μ = b’(θ)/d’(θ)
application: le maximum de vraisemblance donne un estimateur
efficace du temps de vie d’une particule et l’estimation est tout
simplement la moyenne des temps de vie observés
Mais le théorème de Darmois est rarement vérifié (efficacités de
détection, présence de bruits de fond,….)
Incertitudes statistiques et systématiques
La variance des estimateurs décroît comme 1/N
Mais il peut exister d’autres sources d’incertitude indépendantes du
nombre N d’observations.
Exemple: masse d’une résonance en formation
Taux d’interaction en fonction de l’énergie
100 événements observes : m =100 +/- 8 GeV
400 événements observes : m = 102 +/- 4 GeV
mais si les ingénieurs de la machine me disent qu’ils connaissent
l’énergie du faisceau avec une incertitude de 5%:
100 événements m=100 +/- 8 (stat) +/- 5 (syst) GeV = 100 +/- 9.5 GeV
400 événements m=103 +/- 4(stat) +/- 5 (syst) GeV = 103 +/- 6.4 GeV
10000 événements: m=101 +/- 0.8 (stat) +/- 5 (syst) =101 +/- 5.1 GeV
Estimateurs gaussiens et degrés de confiance
si, en vertu du théorème central limit, je peux supposer qu’un estimateur
est distribue gaussiennement, et comme je connais sa variance, je peux
donner des intervalles de confiance sur le paramètre inconnu
m = 100 +/- 5 GeV veut alors dire
l’estimateur m de m0 est distribué gaussiennement avec comme valeur
moyenne m0 et comme écart quadratique 5 GeV
P(m [m0 -5 GeV, m0 +5 GeV]) = 0.68
P(m [m0 -10 GeV, m0 +10 GeV]) = 0.954
P(m [m0 -15 GeV, m0 +15 GeV]) = 0.997
qu’on ecrit plus souvent: (puisque l’estimateur m = 100 GeV)
P(95GeV<m0<105GeV) =0.68
P(90GeV<m0<110GeV) =0.954
P(85GeV<m0<115GeV) =0.997
test d’hypothese (I): classification en 2 catégories
les observations appartiennent a 2 classes différentes:
catégorie A: densité de probabilité fA(x)
catégorie B: densité de probabilité f B(x)
je veux sélectionner au mieux des événements de la catégorie A:
ce qui veut dire que pour une efficacité de sélection donnée, je veux la
contamination la plus faible venant de la catégorie B (ou vice versa)
exemples: 1. classer des particules entre protons et muons selon leur pouvoir
ionisant
2. mettre en évidence un signal hypothétique faible parmi un bruit
de fond important
Le critère le plus puissant est le rapport de vraisemblance
r = fA(x) /fB(x)
r> r0 je classe dans A
r< r0 j’exclus de A (je classe dans B)
je choisis la valeur de r0 selon le niveau de contamination ou d’efficacité voulu
en pratique:
il est souvent très difficile de connaitre complètement fA et fB
• on remplace x (multidimensionnel) par un jeu plus restreint de
variables discriminantes (tout l’art du physicien! )
• on essaie de déterminer au mieux les densités de probabilité
pour ces nouvelles variables pour les 2 catégories : méthodes de
Monte-Carlo.
•On construit un pseudo-rapport de vraisemblance (qui sera moins
puissant que le vrai). On peut utiliser des réseaux de neurones
test d’hypothese (II)
test d’hypothèse simple:
mes observations x sont-elles compatibles avec l’hypothèse H
complètement spécifiée ?
exemple: distribution angulaire plate
Test du chi2: on construit Ҳ2 = Σ(nk –yk)2/σ2(yk)
on détermine (si nécessaire par Monte Carlo) la densité de
probabilité de cette variable Ҳ2 lorsque H est vraie.
On en déduit que dans 90% des cas , la valeur de Ҳ2 est
inferieure à r
Si la valeur mesurée pour Ҳ2 est supérieure à r, alors
je rejette l’hypothèse H a 90% de confiance
• Il existe des tests plus puissants que le test du chi2 (tests de
Kolmogorov, de Smirnov)
• on peut aboutir a des paradoxes apparents:
une hypothèse acceptée (distribution plate) peut être rejetée lors
de l’estimation de la pente (ou vice versa)
la raison en est qu’on répond de manière différente à des
questions différentes
CONCLUSIONS
• Les statistiques constituent un outil indispensable et fondamental
des
physiciens
• Il est bon de connaitre les propriétés des outils statistiques utilisés
• Mais si l’interprétation d’un résultat amène à des polémiques
infinies (ce qui arrive souvent), c’est que le résultat en cause est
marginal, et il vaut mieux concevoir une nouvelle expérience plus
performante plutôt que d’essayer (par des moyens qui, même
inconsciemment, peuvent apporter des biais) de grappiller quelques
pourcents sur tel estimateur ou tel niveau de confiance.
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