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sont des concepts caractéristiques de la cognition sociale : attitudes, stéréotypes, concept de
soi et estime de soi (Greenwald et al., 2002 ; Greenwald & Banaji, 1995). La deuxième
caractéristique d’une mesure indirecte renvoie au fait que le support matériel d’une telle
mesure est une tâche expérimentale reposant sur un paradigme ou une procédure issus de la
psychologie cognitive1. En outre, les trois postulats théoriques sous-jacents à une tâche de
mesure indirecte sont les suivants : dans une telle tâche, premièrement le sujet ignore l’objet
de la mesure, deuxièmement, ce dernier ne peut contrôler ses réponses, et troisièmement il n’a
pas d’effort cognitif important à fournir pour produire une réponse.
Les deux caractéristiques des tâches de mesure indirecte que l’on vient d’énoncer
correspondent aux deux approches possibles de ces tâches, appréhendées comme objet
d’étude. D’un côté, le fait que celles-ci soient destinées avant tout à produire de la mesure
autorise une approche psychométrique. D’un autre côté, le fait qu’elles soient des dérivées ou
des variantes directes de tâches cognitives autorise une approche cognitive. On constate que
la très grande majorité des études relatives aux tâches de mesure indirecte s’inscrit dans le
cadre de l’approche psychométrique de ces tâches, ces études étant essentiellement de nature
empirique (Fazio & Olson, 2003). Cet état de fait mis en évidence, le corollaire est vrai : on
relève à l’heure actuelle un très faible nombre d’études théoriques approfondies concernant
les tâches de mesure indirecte, la plupart des études de nature théorique, lorsqu’elles existent,
restant à un niveau purement conceptuel (De Houwer, 2001 ; De Houwer,
2003a ; Rothermund & Wentura, 2004 ; Brendl, Markman & Messner, 2001 ; Mierke &
Klauer, 2001 ; De Houwer, Geldof, & De Bruycker, 2004 ; Greenwald et al., 2002). Notre
travail de master recherche tente de remédier à cette asymétrie caractérisant la littérature des
mesures indirectes.
Il existe actuellement cinq tâches de mesure indirecte : l’Implicit Association Test
(IAT ; Greenwald et al., 1998), la tâche de décision évaluative avec amorçage affectif (Fazio,
Sanbonmatsu, Powell & Kardes, 1986), la tâche de Simon affectif extrinsèque (De Houwer,
2003b), la tâche des associations Go/No-go (Nosek & Banaji, 2001), et la tâche des
associations à catégorie unique (Karpinski, 2004). On peut raisonnablement dire que l’IAT et
l’amorçage affectif sont les deux tâches de mesure indirecte suscitant le plus d’intérêt (Fazio
& Olson, 2003). Notre travail de recherche est focalisé sur l’IAT puisqu’il s’agit de la tâche
1 Dans une perspective mêlant une approche cognitive et une approche psychométrique, on parlera donc
préférentiellement de « tâche de mesure indirecte » plutôt que de « mesure indirecte ».