10 QUÉBEC PHARMACIE VOL. 57 N° 7 NOVEMBRE 2010
mes devraient disparaître deux mois après
l’arrêt de la statine3.
Lorsque jugé nécessaire, le traitement peut
être recommencé avec une plus faible dose
ou une statine différente. Bien que la myo-
toxicité soit un effet de classe, la pravastatine,
la fluvastatine et la rosuvastatine seraient
moins imputables que la lovastatine ou la
simvastatine5. Selon d’autres auteurs, cer-
tains facteurs pharmacologiques seraient
associés à un plus faible risque de myalgie,
dont la faible biodisponibilité, la forte liaison
aux protéines plasmatiques, un métabolisme
non-CYP3A4, les substrats non glucuroni-
dés et l’absence de métabolites actifs circu-
lants5. Les statines hydrosolubles (telles que
la pravastatine ou la rosuvastatine) seraient
moins impliquées, en raison de leur incapa-
cité à se dissoudre et à passer à travers la
membrane du sarcolemme3,6. Selon ces critè-
res, la pravastatine, la fluvastatine et la rosu-
vastatine seraient moins impliquées dans les
myalgies6. Il est aussi possible d’utiliser l’as-
sociation statine-ézétimibe pour atteindre
les cibles de LDL, chez un patient incapable
de tolérer une forte dose3,6. Malgré toutes ces
précautions, certaines personnes ne tolére-
ront aucune statine. Dans ce cas, on doit son-
ger à utiliser une autre famille d’agents pour
maîtriser leur taux de cholestérol. Certaines
études mitigées laissent croire qu’une sup-
plémentation de 200 mg/jour de coenzyme
Q10 pourrait réduire les symptômes chez
certains patients1,3,6.
Pour prévenir les douleurs musculaires
induites par les statines, les plus faibles doses
devraient être utilisées et l’on devrait éviter
l’association avec les inhibiteurs du 3A4 (dans
le cas de la simvastatine et de l’atorvastatine)
ou avec des fibrates1,5. n
Acte pharmaceutique facturable
Opinion pharmaceutique : Substituer pour
cause d’effets secondaires ou intolérance
(DIN : 00999598).
Opinion pharmaceutique
Bonjour Docteur,
Vous avez récemment modifié le traitement de
Mme C.G. en augmentant sa dose de Lipitor
de 10 mg à 20 mg puisque son récent bilan
lipidique n’atteignait pas les valeurs cibles.
Depuis ce temps, elle me dit souffrir de
myalgies. La classe des statines, dont le Lipitor
fait partie, est souvent associée à ce type d’effet
secondaire. Dans le cas de Mme C.G., ses
myalgies semblent bénignes, puisqu’elles ne
l’empêchent pas de vaquer à ses occupations
régulières. Je vous suggère d’interrompre son
traitement jusqu’à ce qu’elle soit asymptomati-
que, ainsi que de tester son taux de CK.
Si le taux de CK n’est pas supérieur à 10 fois
la valeur normale, je vous suggère de changer le
Lipitor 20 mg pour de la rosuvastatine 5 mg
lorsque les myalgies auront disparu. Selon
certaines études, la rosuvastatine semblerait
moins impliquée dans les myalgies, entre
autres en raison de son hydrophilie. Il est préfé-
rable d’introduire ce médicament à plus faible
dose et d’ajuster afin de vérifier la tolérance de
la patiente. De mon côté, je veillerais à suivre
les signes de myalgie chez cette patiente.
En toute collaboration, la pharmacienne
À VOS SOINS
Références
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side effects of statins. Journal of cardiovascular
pharmacology, 2002; 40: 163-71.
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patients with myalgia who take statins ? Current
Atherosclerosis Reports, 2009; 11: 9-14.
4. Jasinska M, Owczarek J, Orszulak-michalak D.
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5. Bannwarth, B. Drug-induced myopathies. Expert
opin. Drug saf, 2002; 1(1): 65-70.
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scribing : Clinical algorithm for diagnosis and
management of myalgia. Mayo Clin Proc, 2008;
83 (6), 687-700.
QUESTION DE FORMATION CONTINUE
Veuillez reporter votre réponse dans le formulaire de la page 74
1) Lequel des énoncés suivants est
vrai ?
A. L’origine des douleurs musculaires
causées par les statines est attribua-
ble à l’accumulation de coenzyme
Q10, un important donneur d’élec-
tron de la chaîne mitochondriale,
dans les cellules musculaires lisses.
B. Les myalgies causées par les statines
n’apparaissent que plusieurs mois
après le début du traitement.
C. Lorsqu’un patient ressent des
myalgies lors du traitement par les
statines, on devrait immédiatement
cesser ce traitement et ne plus
jamais le réintroduire.
D. Plusieurs facteurs peuvent prédispo-
ser aux myalgies, entre autres le
sexe, la fonction rénale et la fonction
thyroïdienne.
E. Plus une statine est puissante, plus
elle risque d’entraîner des myalgies.
Les statines sont considérées comme sécuritaires,
mais elles peuvent induire des myopathies de type nécrosant.
Environ 5 % des patients éprouvent des myalgies, tandis que l’incidence
de rhabdomyolyse fatale a été estimée à 1,5 cas sur 10 millions.