La formation des enseignants du supérieur : globalisation vs. localisation ? Prof. Gérard CLIQUET Président de la CIDEGEF Centre de Recherche en Économie et Management CREM, UMR CNRS 6211 IGR-IAE, Université de Rennes 1, FRANCE Conférence Saint-Louis Avril 2015 Introduction (1) • 2012, le basculement: – Pays développés: 69 millions de diplômés – Pays émergents: 73 millions de diplômés • L’Université a subi, en moins de 30 ans, 3 révolutions: – La démocratisation massification – L’internationalisation normalisation des diplômes (LMD) – La mondialisation arrivée des pays émergents • Quid de la révolution de l’efficience par le développement de l’employabilité de ses étudiants? • métier d’enseignant-chercheur (ex: sciences de gestion), autrement dit sur la pédagogie et la recherche Introduction (2) • Comparaison des systèmes français et américain pour montrer qu’aucun des deux n’est satisfaisant pour les sociétés qu’ils sont censés bâtir • Concernant le modèle français on pourrait parler des modèles européens continentaux car ils assez proches comparés au modèle américain ou au modèle britannique qui a aujourd’hui de grosses difficultés à survivre à cause des lois récentes sur l’immigration des étudiants • Concernant ces « modèles », quelques questions et quelques réponses • Puis quelques stratégies possibles face à la globalisation ou à la mondialisation • Enfin, quelles menaces pèsent sur les universités mais aussi quelles sont les occasions à saisir? Comparaison théorique France-Etats-Unis La situation en France • Etudiant: – Droits d’inscription gratuits • Enseignant-chercheur (E-C): – Salaires assez faibles – Fonction publique • Pédagogie: – Encore plutôt traditionnelle • Recherche: – Pas d’assistance – Peu de moyens financiers • Relations employeurs: – Assez forte avec encore peu de mécénat La situation aux Etats-Unis • Etudiants: – Droits d’inscription très élevés • E-C: – Salaires très élevés (en gestion) – Possibilité de « tenure » • Pédagogie: – Le plus souvent inversée • Recherche: – Assistant de recherche – Assez gros moyens financiers • Relations employeurs: – Très fortes avec mécénat Comparaison empirique France-Etats-Unis La situation en France • Etudiants: – De + en + de mal à (sur)vivre • Enseignant-chercheur (EC): – écoles de commerce – Autonomie des universités • Pédagogie: – Traditionnelle + Mooc (débuts) • Recherche: – Assistant en cas d’ANR – ANR = finances en baisse • Relations employeurs: – Développement de fondations • Résultats: 46% échec en année 1 et 38% de réussite en licence 3 La situation aux Etats-Unis • Etudiants: – Retrait de la classe moyenne US • E-C: – De – en – de professeurs US – De – en - de « tenure » • Pédagogie: – Inversée + Mooc • Recherche: – De – en – de doctorants US – « Publish or perish » • Relations employeurs: – Pas toujours si simples • Résultats: 31% de « dropouts » au bout de 6 ans de bachelor! Questions • Le système universitaire français permet-il la bonne marche de « l’ascenseur social »? Autrement dit, Ce système français, quasiment gratuit, permet-il l’accès: – à l’université pour tous? – à un emploi pour tous les diplômés? • Mêmes questions pour le système américain • Les systèmes français et américains sont-ils des modèles pour le Sénégal? • Le modèle universitaire américain se diffuse un peu partout mais ses conditions de mise en œuvre sontelles valables partout? Réponses • En France: – L’accès à l’université est théoriquement possible pour tous et sans sélection mais la sélection se fait lors du passage en 2ème année – Les filières sélectives, grandes écoles et certaines filières universitaires (médecine), restent peu accessibles (≠ IAE): problème de la reconnaissance internationale des grandes écoles – Les taux d’insertion sont très variables selon les disciplines et le degré de sélection – Le doctorat est peu reconnu en dehors de l’université même si les énarques aimeraient bien désormais « s’offrir » un! • Aux Etats-Unis: – La classe moyenne a de moins en moins accès à l’université – Le taux d’échec augmente à cause des coûts d’entrée • Il est peu probable et peu souhaitable que l’un de ces systèmes soit transposable à l’identique au Sénégal même si The Economist affirmait tout récemment que le système américain se diffusait un peu partout Globalisation vs. localisation • Globalisation vs localisation = uniformité vs spécificité = standardisation vs. adaptation • Mais la globalisation, c’est: – La standardisation donc: • la négation des cultures locales • La domination des modèles des pays les plus puissants – Et … l’échec car cela ne marche pas et pour 2 raisons: • La globalisation ne peut pas être totale (langues & cultures diffèrent) • La globalisation est trop souvent pensée en termes de mondialisation • Quant à la localisation pure et simple, c’est: – L’adaptation locale absolue donc: • La négation des autres cultures • L’isolement – Et … l’échec car cela ne marche pas non plus! Vers la « glocalisation » … ou la « locabalisation » • En d’autres termes: – Globalisation localisation ou bien – Localisation globalisation • Les entreprises les plus dynamiques répondent: – Les deux en même temps! • Il faut donc définir une stratégie et lancer des actions car une université n’est pas une entreprise, il n’y a pas de liens aussi hiérarchiques • Standardisation = quelques composants fondateurs • Adaptation = des composants périphériques Et les universités? • Questions concernant une université: – Doit-elle assurer uniquement l’insertion locale? – Peut-elle avoir une stratégie globale? Et si oui, laquelle? – Quels composants fondateurs? périphériques? • Réponses: – Une université n’est pas une école technique qui doit répondre à un besoin local immédiat (ce qui ne l’empêche pas d’avoir des écoles ou instituts techniques) – Les universités sont de plus en plus insérées dans des contextes globaux (LMD vs. système anglo-saxon) stratégie globale – Quelques composants fondateurs : l’enseignement en LMD, la recherche, la professionnalisation, les échanges d’étudiants et/ou d’enseignants, … Trois stratégies globales possibles Modèle anglo-saxon: Bachelor en 4 ans Master PhD Modèle européen ou LMD ou 3-5-8: Licence en 3 ans Master en 2 ans Doctorat en 3 ans Tout à fait autre chose ou quelque chose d’approchant… Quelques stratégies générales Enseignement en licence Professionnalisation Echanges Collège universitaire à l’Américaine Recherche Enseignement LMD Professionnalisation Université généraliste Recherche Enseignement en master Echanges Université de recherche Condition de mise en œuvre: pas d’uniformisation des universités Quelques stratégies spécifiques… - Recherche en médecine tropicale - Enseignement en droit et économie - Formation initiale et continue en gestion - Recherche en économie agricole - Formation continue en droit et gestion - Enseignement en langues étrangères - Formations technologiques - Écoles d’ingénieurs - Institut de gestion - Faculté de droit - Philosophie Condition de mise en œuvre: Une très grande autonomie des universités Les menaces à venir pour l’université • Dans un monde de plus en plus « globalisé »: – En termes d’employabilité externe: • La fuite des cerveaux • Le copier-coller des « bonnes pratiques » occidentales – En termes d’employabilité interne: • Les difficultés des enseignants-chercheurs à: – s’imposer au niveau international: besoin de supports – maîtriser les nouvelles technologies: pas de souci en Afrique! • L’« uberisation » ou l’« airbnbisation » de l’université (après les taxis ou les hôtels mais aussi les disques et les livres) avec la diffusion des MOOC Les occasions à saisir… • D’une manière générale, au niveau du pays: – Le développement économique avec des entreprises attractives – Des cadres formés sur place (mais où?) • Plus spécifiquement, au niveau des universités: – Les relations universités-entreprises – Les coopérations internationales en enseignement et surtout en recherche ( reconnaissance) – L’utilisation des MOOC – Le développement d’universités « africaines »: • African Leadership Academy (ALA) à Jo’burg (Af. Sud) Merci pour votre attention et pour vos questions