Argumentaire scientifique – PNDS « Cardiopathie hypertrophique »
HAS / Service des bonnes pratiques professionnelles / Mois Avis Collège
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1. INTRODUCTION
Ce document présente les résultats de l’analyse de la littérature effectuée en préalable à
l’élaboration du protocole national de diagnostic et de soins (PNDS) pour la cardiomyopathie
hypertrophique (CMH). Son objectif était de mettre à la disposition du groupe de travail de ce
PNDS une revue critique systématique actualisée des données disponibles.
1.1 Présentation de la revue de la littérature
Ce document a été rédigé par un groupe de travail constitué d’experts du thème qui avait pour
mission de détailler la prise en charge de cette maladie complexe et de mettre à disposition des
lecteurs des directives claires, pratiques et actualisées. Le même groupe a élaboré le PNDS.
Un second groupe d’experts indépendants ayant tous une connaissance approfondie de la
cardiomyopathie hypertrophique a relu ces documents.
Du fait de la prévalence relativement faible de cette maladie rare, les niveaux de preuve et le
nombre d’études sont aussi relativement restreints. De plus, les données publiées ne sont pour la
plupart pas celles de grands essais thérapeutiques avec double insu contre placebo ou avec un
groupe contrôle mais plutôt des études non contrôlées non randomisées et souvent rétrospectives.
Certaines des recommandations élaborées à partir de cet argumentaire scientifique peuvent donc
s’appuyer sur l’avis consensuel d’experts alors que d’autres reposent sur l’état actuel des
connaissances. Elles sont donc amenées à évoluer avec les données publiées concernant la
cardiomyopathie hypertrophique.
1.2 Présentation de la cardiomyopathie hypertrophique
La cardiomyopathie hypertrophique (CMH) est une maladie myocardique primitive pouvant revêtir
plusieurs aspects cliniques et anatomiques 1,2. Son incidence a été récemment estimée entre 0,02
et 0,2 % de la population générale3 et elle est rencontrée dans environ 0,5 % des patients
adressés à un centre d'échocardiographie en l'absence de toute sélection préalable.
La CMH est définie comme une hypertrophie ventriculaire gauche (HVG) asymétrique (à
prédominance septale), d'origine génétique, s'accompagnant inconstamment d'une obstruction à
l'éjection ; en fait, la plupart des patients n’a pas d’obstruction dans les conditions basales, mais en
revanche peuvent en développer une après une manœuvre de Valsalva ou une extrasystole, lors
ou immédiatement au décours d’une épreuve d’effort ou après utilisation d’un inotrope positif.4
Toutes les données thérapeutiques actuelles ont tendance à être focalisées sur ce groupe de
patients avec un obstacle sous aortique et qui est souvent symptomatique.
On exclut du cadre des CMH, toutes les affections valvulaires, artérielles systémiques ou maladie
de système qui peuvent entraîner une augmentation de la masse du ventricule gauche (VG) 4.
L'hypertrophie est presque toujours asymétrique et prédomine sur le septum interventriculaire, ce
trait est considéré comme un signe très caractéristique de cette maladie. Toutefois, on a observé
des hypertrophies cardiaques primitives symétriques et chez certains patients, l'hypertrophie
intéresse seulement la pointe ou la paroi latérale1,2. Le cadre de la CMH s'est progressivement
transformé grâce aux nombreux travaux anatomiques, hémodynamiques, angiographiques et plus
récemment échocardiographiques qui lui ont été consacrés. La richesse de la terminologie
proposée pour désigner cette affection en témoigne, mais la confusion entretenue par les
différents noms donnés à cette maladie résulte d'une évolution progressive des concepts la
concernant. Dans les années 1960, les auteurs privilégiaient le concept d'obstruction (durant la
systole), la maladie semblant caractérisée par un obstacle dynamique créé par l'affrontement en
systole du feuillet antérieur de la valve mitrale et du septum interventriculaire hypertrophié dans sa
partie sous aortique. Ultérieurement, un certain nombre de constatations hémodynamiques,
angiographiques, échocardiographiques Doppler sont venues modifier ce concept
physiopathologique, privilégiant alors les altérations de la fonction diastolique (durant la diastole),