Les  derniers  progrès  en  immunogénétiques  et  les  dernières 
connaissances  acquises  sur  les  réactions  immunitaires  ont 
permis de trouver de nouvelles pistes dans la pathogénie de 
la  PR,  le  rôle  de  molécules  médiatrices  de  l’inflammation 
comme  l’acide  arachidonique,  certains  autoanticorps, 
cytokines,  chémokines,  molécules  d’adhésion, 
métalloprotéases  matricielles  (MPM),  reste  indéniable. 
L’inflammation de la synoviale responsable de la destruction 
du cartilage  articulaire,  de l’os sous chondral  et des tendons 
et ligaments, est pourvoyeur de la majeure morbidité dans la 
PR. 
 
ACTEURS DU DÉCLENCHEMENT DE LA MALADIE 
Rôles  de  l’immunité  innée  et  adaptative  dans  la 
pathogénie de la PR 
L’immunité  innée  première  intervenante  dans  la  réponse 
inflammatoire rapide s’implique en engageant le fragment Fc 
des  complexes  immuns  et  probablement  les  récepteurs  TLR 
(Toll  Like Receptors)  avec  certains  antigènes  bactériens  [3]. 
Ces antigènes recrutent les  lymphocytes T  (LT) et B dans la 
réponse  immunitaire,  avec  formation  de  nombreux 
autoantigènes  et  réaction  en  chaine  d’auto  réactivité,    ainsi 
que  la  sécrétion  de  cytokines  qui  entretiennent  la  réaction 
inflammatoire dans l’intima de la synoviale [4]. 
Ce  mécanisme  avec  certaines  altérations  cellulaires  sur  un 
terrain  génétique  prédisposé  d’hyperréactivité  immunitaire, 
peuvent  être  induits  par  certains  facteurs,  à  savoir :  le 
tabagisme, certains produits bactériens, composants viraux et 
certains  stimuli  environnementaux,  on  s’étalera  sur  ces 
facteurs plus loin dans l’article.  
Ces  réactions  immunitaires  peuvent  être  identifiées  avant 
toute  manifestation clinique  par  la  présence de  FR  et d’auto 
anticorps anti peptides citrullinés. 
Les cellules recrutées dans la synoviale ou d’autres sites extra 
synoviaux,  engagent  les  cellules  dendritiques  (CD)  dans  la 
présentation d’antigène qui peuvent migrer dans les organes 
lymphoïdes  activant  des  cellules  T  naïves  mais  aussi  des 
cellules  B  qui  produiront  des  auto  anticorps  et  peuvent 
migrer  aux  articulations  où  elles  stimulent  d’autres  cellules 
sécrétant des cytokines comme l’IL17. 
La  phase  destructive  de  la  PR  peut  avoir  un  mécanisme 
antigène dépendant ou indépendant avec la contribution des 
fibroblastes,  des  synoviocytes  et  des  cellules 
mésenchymateuses. 
L’érosion  osseuse  est  principalement  causée  par  les 
ostéoclastes,  la  destruction  cartilagineuse  quand  à  elle  est 
due  à  l’action  des  enzymes  protéolytiques  sécrétées  par  les 
synoviocytes dans le pannus. 
 
Facteurs génétiques : 
Est-on  prédisposé  génétiquement pour  faire  une  PR?  
Clairement la maladie est multigénique, la recherche dans ce 
sens est en plein essor, il faut voir la PR -stricto sensu- comme 
une affection dont l’apparition demande à la fois la présence 
d’un terrain particulier, dans la composition duquel les gènes 
HLA de classe II en combinaison avec d’autres gènes à définir 
jouent  probablement  un  rôle,  et  une  réponse  à  un  agent 
extérieur, lui aussi mal défini. 
Le gène HLA : les variants HLA DR1 ou DR4 sont associés à la 
PR ; on les retrouve chez 75 % des personnes atteintes de PR 
mais aussi chez 40 % de la population générale. 
Le gène PTPN22 : un variant est associé à la PR  et au diabète 
de  type  1. Ce  variant  semble  favoriser  l’apparition  d’auto-
anticorps  dirigés  contre  des  éléments  de  l’organisme.  On 
retrouve ce variant chez 30 % des personnes atteintes de PR 
avec  facteur  rhumatoïde  et  chez  environ  20  %  de  la 
population générale [5]. 
retrouve ce variant chez 30 % des personnes atteintes de PR 
avec  facteur  rhumatoïde  et  chez  environ  20  %  de  la 
population générale [5]. 
Le  gène  C5-TRAF1 :  un  variant  est  associé  à  la  PR  et  à 
certaines  formes  d’arthrites  juvéniles. 
Il existe très certainement d’autres facteurs génétiques qui ne 
sont  pas  encore  identifiés  aujourd’hui ;  il  existe  des 
suspicions  pour  certains,  mais  d’autres  sont  très 
certainement  encore  totalement  méconnus.  Globalement, 
l’ensemble de ces facteurs (connus et méconnus) représente 
30 % du risque de développer une PR [tableau 1].  
 
Tableau 1 : gênes associés à la polyarthrite rhumatoïde et leurs rôles 
probables dans sa pathogénie. 
 
 
 
Facteurs hormonaux : 
La  PR  est  une  maladie  auto  immune  plus  fréquente  chez  la 
femme. Le sexe ratio est de (2:1 à 3:1) ceci reste insignifiant 
devant  la  thyroïdite  d’Hashimoto  (25:1  à  50:1).Les  facteurs 
hormonaux  ont  été  soupçonnés  devant  le  fait  que  la  PR 
prédomine chez la femme en période de ménopause. De plus, 
il  existe  une  rémission  fréquente  pendant  la  grossesse,  et 
souvent une poussée après l’accouchement. L’œstradiol peut 
influer sur la sécrétion de l’ (IFN)- γ (interféron gamma) [5], 
les récepteurs  oestrogéniques sont présents à  la surface  des 
fibroblast  like  synoviocytes  (FLS),  leur  activation  entraine  la 
sécrétion  de  métalloprotéases  dans  la  synoviale  qui 
participent dans la destruction cartilagineuse. Tout ceci peut 
incriminer la part hormonale dans la genèse de la maladie. 
 
Facteurs d’environnement et tabagisme : 
De  nombreux  facteurs  environnementaux  contribuent 
certainement à la susceptibilité de faire une PR. Le tabagisme 
est  fortement  incriminé  dans  la  PR  séropositive  dans 
certaines  populations.  Ceci  pourrait  être  expliqué  par 
l’interaction  du  tabagisme  dans  la  réaction  immunitaire 
innée.  Les  peptides  citrullinés  ont  été  retrouvés  dans  le 
produit  du  lavage  broncho  alvéolaire  des  fumeurs,  ceci 
pourrait  constituer  un  stimulus  pour  la  production  d’auto 
anticorps anti peptides citrullinés chez certains individus. En 
gros,  les  fumeurs  ont  un  risque  un  peu  plus  élevé  de 
déclencher une PR que les non-fumeurs [6]. 
On  pense  que  des  facteurs  d’environnement  interviennent 
dans la survenue de la maladie : en effet, on constate que dans 
certaines  zones  géographiques,  la  PR  est  plus  ou  moins 
fréquente. Un environnement stressant peut contribuer dans 
la  pathogénie  de  la  maladie:  dans  20  à  30  %  des  cas,  on 
constate  que  la  PR  survient  après  un  événement  marquant 
comme un  deuil  ou une séparation. De la  même  manière, de 
nombreux  polyarthritiques  témoignent  que  les  stress 
quotidiens ou les événements de vie éprouvants, influent sur 
leurs symptômes et l’intensité des poussées.