Inhiber et activer les cytokines

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Inhiber et activer les cytokines
Le laboratoire cytokines et inflammation étudie les cytokines, ces protéines intervenant dans la communication entre le système immunitaire et les autres grands systèmes
tels que cardiovasculaire, hépatique
ou cutané.
Parmi la cinquantaine de cytokines
existantes, le laboratoire s’intéresse
plus particulièrement à celles intervenant dans l’homéostasie du système immunitaire en réponse à un
stress, dans le foie ou au niveau de
la peau. Les travaux concernant les
voies cutanées illustrent particulièrement bien les bénéfices des partenariats.
Ils montrent que les cellules de l’épiderme, les kératinocytes, sont un
relais important de l’immunité et
qu’elles sont, de fait, les cibles de
certaines cytokines. «Nos recherches, explique Jean-Claude Lecron,
prouvent que, d’une part, les cytokines favorisent la cicatrisation en
induisant la migration des cellules
ou en ordonnant la production de
molécules antibactériennes, d’autre
part – quand les cytokines ne sont
plus régulées et trop nombreuses –
qu'elles induisent in vitro sur les cultures de kératinocytes des réactions
inflammatoires et un phénotype qui
miment ceux que l’on observe dans
le psoriasis.» Les perspectives de recherche sont donc, d’un côté, d’inhiber ces cytokines pour réduire l'inflammation qu’elle provoque et, de
l’autre, de les activer pour favoriser
la cicatrisation. Dans ce cadre, l’Université de Poitiers, l’Université
d’Angers et la société Bioalternatives ont déposé un brevet européen
pour chacune de ces applications.
Outre l’enchaînement «harmonieux» des découvertes sur cette thématique, «c’est fortuitement que
CHU magazine - N° 52 - Juin 2006
Dimitri Garnier
Dirigé par Jean-Claude Lecron, le laboratoire cytokines et inflammation (EA3806) de
l’Université de Poitiers est installé au sein du Pôle biologie santé, au carrefour de la biologie,
de la pharmacie, de la médecine, des sciences fondamentales et des sciences appliquées.
Laboratoire de cytokines.
nous avons créé un modèle de psoriasis in vitro». Cette «histoire» est
exemplaire par la volonté du directeur du laboratoire de travailler en
partenariat et de faciliter les interactions, notamment au niveau local.
«Travailler avec des milieux différents ouvre les esprits et les champs
d’investigation. Si chacun trouve sa
place, on gagne plus à s’entraider.
Aujourd’hui, on ne peut plus travailler tout seul dans son coin. De
plus, il est important que notre lisibilité soit bien ancrée dans le territoire.» Aussi, une fois les observations réalisées in vitro au laboratoire,
l’équipe s’est adressée au CHU, à
Gérard Guillet, chef du service de
dermatologie, et à Guy Dagrégorio,
chef du service de chirurgie plastique, pour les valider in vivo dans le
cadre de programmes hospitaliers de
recherche clinique (PHRC). «Ce qui
a permis également de valider nos
démarches devant le comité consultatif de protection des personnes
dans la recherche biomédicale
(CCPPRB).» Outre des collaborations internationales avec des laboratoires «major» de biotechnologies,
le laboratoire travaille aussi étroitement avec les unités Inserm de Hans
Yssel à Montpellier, «qui nous a
apporté son expérience de la technologie des clones T», et de Hugues
Gascan à Angers, «spécialiste des
aspects moléculaires». Enfin, localement, des liens très forts et à bé-
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néfices réciproques unissent le laboratoire à la société Bioalternatives,
implantée à Gençay (86), favorisant
le transfert de la recherche fondamentale vers des applications en lien
avec la prestation de service de haut
niveau dans le domaine biomédical
et l’identification de principes actifs,
et inversement. Ces coopérations se
sont traduites par le dépôt en commun d’un brevet européen mais
aussi par l’ambition de soumettre
ensemble «dans un souci de cohérence et de complémentarité scientifique, comme de lisibilité et
attractivité régionale», le prochain
projet de recherche du laboratoire à
l’Inserm.
Dans le cadre des autres axes de recherche du laboratoire, d’autres liens
se sont tissés avec le CHU, tout particulièrement par l’intermédiaire de
Christine Sylvain, qui est membre
du laboratoire de recherche et chef
du service de gastroentérologie. Elle
travaille sur l’implication potentielle
de plusieurs cytokines dans les maladies inflammatoires comme la cirrhose. La thématique «cytokines et
inflammation» conduit également à
des relations fortes avec l’EA 3807
dirigée par Christophe Burucoa, qui
travaille sur Helicobacter pylori.
Jean-Claude Lecron est aussi chef
de service du laboratoire Immunologie et Inflammation du CHU. «Si
j’ai pris la direction du service, c’est
aussi bien sûr avec l’objectif de développer les relations naturelles
entre un laboratoire de CHU et les
activités de recherche, et favoriser
ainsi les transferts qui valorisent
chacune de ces activités…» ■
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