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CHU magazine - N° 52 - Juin 2006
recherche
Le laboratoire cytokines et inflam-
mation étudie les cytokines, ces pro-
téines intervenant dans la commu-
nication entre le système immuni-
taire et les autres grands systèmes
tels que cardiovasculaire, hépatique
ou cutané.
Parmi la cinquantaine de cytokines
existantes, le laboratoire s’intéresse
plus particulièrement à celles inter-
venant dans l’homéostasie du sys-
tème immunitaire en réponse à un
stress, dans le foie ou au niveau de
la peau. Les travaux concernant les
voies cutanées illustrent particuliè-
rement bien les bénéfices des parte-
nariats.
Ils montrent que les cellules de l’épi-
derme, les kératinocytes, sont un
relais important de l’immunité et
qu’elles sont, de fait, les cibles de
certaines cytokines. «Nos recher-
ches, explique Jean-Claude Lecron,
prouvent que, d’une part, les cyto-
kines favorisent la cicatrisation en
induisant la migration des cellules
ou en ordonnant la production de
molécules antibactériennes, d’autre
part – quand les cytokines ne sont
plus régulées et trop nombreuses –
qu'elles induisent in vitro sur les cul-
tures de kératinocytes des réactions
inflammatoires et un phénotype qui
miment ceux que l’on observe dans
le psoriasis.» Les perspectives de re-
cherche sont donc, d’un côté, d’in-
hiber ces cytokines pour réduire l'in-
flammation qu’elle provoque et, de
l’autre, de les activer pour favoriser
la cicatrisation. Dans ce cadre, l’Uni-
versité de Poitiers, l’Université
d’Angers et la société Bioalterna-
tives ont déposé un brevet européen
pour chacune de ces applications.
Outre l’enchaînement «harmo-
nieux» des découvertes sur cette thé-
matique, «c’est fortuitement que
nous avons créé un modèle de pso-
riasis in vitro». Cette «histoire» est
exemplaire par la volonté du direc-
teur du laboratoire de travailler en
partenariat et de faciliter les interac-
tions, notamment au niveau local.
«Travailler avec des milieux diffé-
rents ouvre les esprits et les champs
d’investigation. Si chacun trouve sa
place, on gagne plus à s’entraider.
Aujourd’hui, on ne peut plus tra-
vailler tout seul dans son coin. De
plus, il est important que notre lisi-
bilité soit bien ancrée dans le terri-
toire.» Aussi, une fois les observa-
tions réalisées in vitro au laboratoire,
l’équipe s’est adressée au CHU, à
Gérard Guillet, chef du service de
dermatologie, et à Guy Dagrégorio,
chef du service de chirurgie plasti-
que, pour les valider in vivo dans le
cadre de programmes hospitaliers de
recherche clinique (PHRC). «Ce qui
a permis également de valider nos
démarches devant le comité consul-
tatif de protection des personnes
dans la recherche biomédicale
(CCPPRB).» Outre des collabora-
tions internationales avec des labo-
ratoires «major» de biotechnologies,
le laboratoire travaille aussi étroite-
ment avec les unités Inserm de Hans
Yssel à Montpellier, «qui nous a
apporté son expérience de la tech-
nologie des clones T», et de Hugues
Gascan à Angers, «spécialiste des
aspects moléculaires». Enfin, loca-
lement, des liens très forts et à bé-
néfices réciproques unissent le labo-
ratoire à la société Bioalternatives,
implantée à Gençay (86), favorisant
le transfert de la recherche fonda-
mentale vers des applications en lien
avec la prestation de service de haut
niveau dans le domaine biomédical
et l’identification de principes actifs,
et inversement. Ces coopérations se
sont traduites par le dépôt en com-
mun d’un brevet européen mais
aussi par l’ambition de soumettre
ensemble «dans un souci de cohé-
rence et de complémentarité scien-
tifique, comme de lisibilité et
attractivité régionale», le prochain
projet de recherche du laboratoire à
l’Inserm.
Dans le cadre des autres axes de re-
cherche du laboratoire, d’autres liens
se sont tissés avec le CHU, tout par-
ticulièrement par l’intermédiaire de
Christine Sylvain, qui est membre
du laboratoire de recherche et chef
du service de gastroentérologie. Elle
travaille sur l’implication potentielle
de plusieurs cytokines dans les ma-
ladies inflammatoires comme la cir-
rhose. La thématique «cytokines et
inflammation» conduit également à
des relations fortes avec l’EA 3807
dirigée par Christophe Burucoa, qui
travaille sur Helicobacter pylori.
Jean-Claude Lecron est aussi chef
de service du laboratoire Immuno-
logie et Inflammation du CHU. «Si
j’ai pris la direction du service, c’est
aussi bien sûr avec l’objectif de dé-
velopper les relations naturelles
entre un laboratoire de CHU et les
activités de recherche, et favoriser
ainsi les transferts qui valorisent
chacune de ces activités…» ■
Dirigé par Jean-Claude Lecron, le laboratoire cytokines et inflammation (EA3806) de
l’Université de Poitiers est installé au sein du Pôle biologie santé, au carrefour de la biologie,
de la pharmacie, de la médecine, des sciences fondamentales et des sciences appliquées.
Inhiber et activer les cytokines
Laboratoire de cytokines.
Dimitri Garnier