Le citalopram est-il le médicament de première intention pour traiter

Le citalopram est-il le médicament de première intention pour traiter la
dépression de fin de vie?
Le trouble dépressif majeur et les symptômes dépressifs chez les personnes âgées sont
parmi les problèmes cliniques courants rencontrés par les gérontopsychiatres. Un essai
récent mené dans le monde réel et portant sur l’efficacité des antidépresseurs pour traiter
la dépression majeure chez différents groupes d’âge a démontré que les traitements aux
antidépresseurs classiques pourraient avoir des effets plus modestes qu’on ne le pensait
auparavant, avec des taux de rémission de la dépression de 30 p. 100 à l’issue d’une
monothérapie aux antidépresseurs (1). Le traitement de la dépression de fin de vie (DFV)
peut s’avérer encore plus compliqué compte tenu de la polypharmacie et des troubles
concomitants (déficience intellectuelle, nombreux problèmes de santé) qui touchent
habituellement cette population.
Plusieurs directives ont recommandé l’utilisation du citalopram comme un ou le
médicament de première intention pour traiter la DFV (2,3). L’utilisation du citalopram
chez les personnes âgées est répandue, dans la mesure où il est administré à 10 p. 100 des
résidents des maisons de soins infirmiers, ce qui en fait le second psychotrope le plus
fréquent dans les maisons de soins infirmiers des É.-U. après le donépézil (4). Le
citalopram est souvent utilisé comme médicament de première intention pour traiter la
DFV car il est considéré aussi efficace et bien toléré que les autres antidépresseurs tout en
présentant moins de risques d’interaction médicamenteuse. Cependant, dans un vaste
essai contrôlé randomisé portant sur l’utilisation du citalopram pour traiter la DFV,
Roose et ses collaborateurs (5) ont remis en question l’efficacité du citalopram. Dans
l’étude de Roose et de ses collaborateurs, le citalopram ne s’est pas révélé plus efficace
que le placebo en termes de rémission de la dépression chez les personnes très âgées. De
plus, une étude récente effectuée sur un modèle animal et portant sur l’activité
anticholinergique des médicaments a montré que le citalopram a une activité
anticholinergique supérieure à celles de plusieurs autres antidépresseurs dont la sertraline,
la venlafaxine et le bupropion, quoique inférieure à celle de la paroxétine et des
antidépresseurs tricycliques (6).
Afin d’examiner ce sujet plus en détail, nous avons récemment effectué un examen
systématique dans le cadre des pratiques cliniques fondées sur des données probantes en
vigueur au Centre Baycrest de Toronto, qui évalue l’efficacité et la tolérabilité du
citalopram par rapport aux autres antidépresseurs utilisés pour traiter la DFV. Des
recherches ont été menées au sein des bases de données et des listes de référence
électroniques pour trouver toutes les études comparant le citalopram à d’autres
antidépresseurs dans le cadre du traitement du trouble dépressif majeur chez les
personnes âgées ( 65 ans). La rémission de la dépression (score 7 sur l’échelle de
dépression de Hamilton ou 10 sur l’échelle de dépression de Montgomery et d’Asberg)
a été choisie comme mesure primaire de l’efficacité des résultats, tandis que le retrait de
l’essai pour cause d’effets indésirables constituait la mesure primaire de la tolérabilité.
Parmi les sept études qui ont été identifiées au total, quatre comparent le citalopram à des
antidépresseurs tricycliques (l’amitriptyline dans deux études et respectivement la
nortriptyline et la désipramine dans les deux autres) et trois le comparent respectivement
à la venlafaxine, à la réboxétine et à la miansérine (références disponibles sur demande).
Dans ces études individuelles, aucune différence notable n’a été constatée entre le
citalopram et le médicament utilisé en comparaison en termes de rémission de la
dépression et de retrait de l’essai pour cause d’effets indésirables. Une méta-analyse
desdites études est en cours de réalisation.
Que signifient ces résultats pour les cliniciens? Notons tout d’abord que les études sur
l’utilisation du citalopram pour traiter la DFV sont rares, et ce, malgré sa généralisation et
son statut de médicament de première intention en la matière. Le fait que le citalopram ne
soit pas mieux toléré que d’autres antidépresseurs, dont les antidépresseurs tricycliques
tertiaires tels que l’amitriptyline, remet en question la soi-disant meilleure tolérabilité du
citalopram par rapport aux autres antidépresseurs. Même si nous ne nous y sommes pas
directement intéressés dans le cadre de notre examen, les preuves attestant l’efficacité
d’un autre antidépresseur en matière de traitement de la DFV sont tout aussi limitées. De
plus amples études comparatives portant sur l’utilisation du citalopram par rapport à
d’autres options thérapeutiques telles que la sertraline, la venlafaxine et la mirtazapine
permettraient d’élargir considérablement la documentation existante et de mieux orienter
les cliniciens dans le domaine du traitement de la DFV.
Dallas Seitz, MD, FRCPC
Chercheur-boursier postdoctoral, Kunen-Lunenfeld Applied Research Unit (unité de la
recherche appliquée Kunen-Lunenfeld)
Moniteur clinique, Division of Geriatric Psychiatry (département de psychiatrie
gériatrique)
Centre Baycrest, Toronto (Ontario)
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