VIGI-PHARMA Bulletin d’informations pharmaceutiques Service Pharmacie Centre Hospitalier Spécialisé du Jura N° 7 / Janvier 2007 Rédacteurs : Christel Chalmendrier (Poste 1284) et Guy Martin (Poste 1397) EDITORIAL A la Pharmacie, nous avons décidé de démarrer l’année en beauté d’où un nouveau numéro de VIGI-PHARMA*, numéro qui vous paraîtra peutêtre un peu plus incisif que d’habitude☻ Les thèmes sont d’abord choisis en fonction de « l’actualité » des prescriptions au sein de notre CHS (et pour cela PHARMA* facilite beaucoup les choses) puis selon l’actualité des vigilances au niveau national. Nous remercions les médecins qui nous ont témoigné des encouragements à poursuivre cette action informative et nous restons à l’écoute de vos réactions. N’hésitez pas à nous faire part de sujets sur lesquels nous pourrions « plancher » ! En attendant, nous vous souhaitons UNE BELLE ET HEUREUSE ANNEE 2007 ! VEILLE SANITAIRE ●Traitement médicamenteux du diabète de type II. AFSSAPS et HAS actualisent les recommandations. Novembre 2006. http://afssaps.sante.fr ●La consommation d’antibiotiques : situation en France au regard des autres pays européens. Point de repère n°6. Novembre 2006. http://ameli.fr A PROPOS DU SYNDROME SEROTONINERGIQUE Ce syndrome se définit comme l’apparition (éventuellement brutale) simultanée ou séquentielle d’un ensemble de symptômes pouvant nécessiter l’hospitalisation, voire entraîner le décès. Ces symptômes peuvent être d’ordre psychique (agitation, confusion, hypomanie, voire coma), végétatifs (hypotension ou hypertension, tachycardie, frissons, hyperthermie, sudation), moteurs (myoclonies, tremblements, hyperréflexie, rigidité, hyperactivité), digestifs (diarrhée). Le traitement du syndrome sérotoninergique est uniquement symptomatique, en service de soins intensifs dans les formes graves (hyperthermie sévère, convulsions). La cause de ce syndrome est essentiellement médicamenteuse et les médicaments impliqués sont le plus souvent des psychotropes. Les IMAO sont au premier plan du risque de syndrome sérotoninergique, qu’ils soient non sélectifs : iproniazide (MARSILID*), sélectifs de type A : moclobémide (MOCLAMINE*), ou sélectifs de type B (utilisés comme antiparkinsoniens) : sélégiline (DEPRENYL*), rasagiline (AZILECT*). Sont aussi impliqués : - des antidépresseurs imipraminiques inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline : amitryptilline (LAROXYL*), amoxapine (DEFANYL*), clomipramine (ANAFRANIL*), dosulépine (PROTHIADEN*), imipramine (TOFRANIL*) - des antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine : citalopram (SEROPRAM*), escitalopram (SEROPLEX*), fluoxétine (PROZAC*), fluoxétine (FLOXYFRAL*), paroxétine (DEROXAT*), sertraline (ZOLOFT*) - des antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline : minalcipran (IXEL*), venlafaxine (EFFEXOR*) - la duloxétine (CYMBALTA*) {antidépresseur chimiquement proche de la fluoxétine} - certains opiacés comme le tramadol (TOPALGIC*, CONTRAMAL*) - le lithium - des antimigraineux : triptans, dihydroergotamine (SEGLOR*, IKARAN*) - la buspirone (BUSPAR*) - le bupropion (ZYBAN*) - le millepertuis Prudence donc en cas d’association de deux médicaments ayant chacun un effet sérotoninergique : il s’agit de la cause la plus fréquente de syndrome sérotoninergique. Prescrire, 2006, Tome 26, n° 278 (Suppl Interactions médicamenteuses) HALOPERIDOL : VERS UNE FIN PROGRAMMEE ? Après l’arrêt de commercialisation de HALDOL*20 mg/ml gouttes buvables (Septembre 2005), les Laboratoires JANSSEN-CILAG nous font part des arrêts de commercialisation prévus pour : HALDOL*20 mg comprimés (Janvier 2007), et HALDOL FAIBLE* 0.5 mg/ml Gouttes buvables (Juillet 2007). On se demande si d’autres suppressions sont d’ores et déjà programmées ? A l’heure où la communauté scientifique s’interroge, entre autres, sur les risques métaboliques liés aux antipsychotiques atypiques, sur le taux d’inobservance constaté après 18 mois de traitement quelque soit le neuroleptique utilisé (Etude Liebermann) ou encore sur le coût-utilité de ces traitements en considérant l’impact sur la qualité de vie (Etude Jones), ce serait vraiment dommage de se priver de LA molécule de référence, non ? Le fait que le RISPERDAL* coûte environ 20 fois plus cher que l’ HALDOL* (Prix public RISPERDAL* 1 mg : 0.84€/comprimé vs 0.04€ le comprimé d’HALDOL* 1 mg) n’a sûrement rien à voir avec ces suppressions ?! JA Lieberman et al. NEJM, 2005, 353 (12) : 1209-1223 PB Jones et al. Arch Gen Psychiatry, 2006,63 :1079-1087 Informations complémentaires, Lettre des laboratoires Janssen-Cilag, Septembre 2006 NB : Dans cette même lettre, il est signalé l’arrêt de commercialisation de SEMAP* (Penfluridol) prévu pour Mars 2007. VIGI-PHARMA, N°7, Janvier 2007, Page 2 Aripiprazole (ABILIFY*) : des interactions médicamenteuses à ne pas perdre de vue. L’aripiprazole est métabolisé par de multiples voies impliquant les isoenzymes CYP2D6 et CYP3A4, d’où a priori un risque élevé d’interactions avec de nombreux médicaments métabolisés par ces isoenzymes. Le RCP du produit précise une conduite à tenir par rapport à la posologie de l’aripiprazole lors d’un traitement associé : Traitement concomitant Quinidine Inhibiteur puissant du Fluoxétine CYP2D6 Paroxétine Kétoconazole Inhibiteur puissant du Itraconazole CYP3A4 Antiprotéases Carbamazépine Phénytoïne Phénobarbital Inducteur puissant du Rifampicine CYP3A4 Millepertuis Efavirenz Névirapine Action par rapport à ABILIFY* Diminuer la dose d’ABILIFY* de moitié A l’arrêt du traitement associé, augmenter la dose pour retrouver la posologie antérieure recommandée Doubler la dose d’ABILIFY* A l’arrêt du traitement associé, diminuer la dose pour retrouver la posologie antérieure recommandée Rq : L’aripiprazole n’interagit pas avec le cytochrome CYP1A ce qui explique qu’aucune adaptation posologique n’est requise chez le fumeur. Prescrire, 2005, n°259, 181-186 VIDAL 2006 CITALOPRAM (SEROPRAM*) ET ESCITALOPRAM (SEROPLEX*) : OU COMMENT NE PAS S’EMMELER LES PEDALES ?! DECLARATIONS DES EFFETS INDESIRABLES: Nous remercions les médecins qui nous ont déclaré : - Une Thrombopénie sous DEPAKOTE* - Des lésions cutanées suite à une injection d’HALDOL DECANOAS* - Des troubles du comportement à l’introduction d’ EPITOMAX* Ces derniers mois ont été constatées des erreurs de posologie ou d’administration pour ces deux médicaments, un petit rappel sur ces deux produits semble donc nécessaire. Historique : Le citalopram (SEROPRAM*) est un antidépresseur dit sélectif de la recapture de la sérotonine commercialisé en France depuis 1994 par la firme Lundbeck sous la forme de comprimés à 20 mg, de solution buvable dosée à 40 mg/ml et d’ampoules injectables à 20 et 40 mg. En 2004, il devient « généricable » (ex : CITALOPRAM G GAM* comprimés à 20 mg). L’escitalopram (SEROPLEX*) apparaît sur le marché en 2004 [c'est-à-dire au moment de l’expiration du brevet du citalopram] sous forme de comprimés à 5, 10 et 20 mg. Pharmacologie : Le citalopram est un mélange à proportions égales (dit mélange racémique) de 2 isomères : le R-citalopram et le S-citalopram (alias escitalopram). Les patients qui ont pris du citalopram ont donc déjà tous pris du escitalopram ! L’isomère R est inactif et les études montrent que 10 mg d’escitalopram sont équivalents à 20 mg de citalopram. Les essais n’ont pas montré de différence tangible en termes d’efficacité clinique entre escitalopram et citalopram et leurs effets indésirables sont semblables et de même fréquence. La logique élémentaire veut que les énantiomères apportant réellement une meilleure efficacité ou sécurité soient commercialisés d'emblée sous cette forme (ex : L-Thyroxine, L-Dopa) or on observe que l’industrie pharmaceutique a de plus en plus tendance à développer et commercialiser des produits contenant seulement un isomère quand l’échéance du brevet du mélange racémique approche (ex : oméprazole/ésoméprazole, cétirizine/lévocétirizine, ofloxacine/lévofloxacine). En pratique - A retenir : Pour le patient : pas d’avantage démontré du SEROPLEX * en terme d’efficacité et d’effets indésirables. Pour le professionnel de santé : se souvenir qu’un comprimé de SEROPLEX* 10 mg équivaut à 1 comprimé à 20 mg de SEROPRAM*, que ce dernier est substituable par un générique alors que ce n’est pas le cas du SEROPLEX*. Prescrire, 2004, n°250, 325-328 Chez les isomères : les racontars des permutations chirales. CRIM . Bulletin d’information du médicament et de pharmacovigilance, n°114, Juillet-août 2004 METFORMINE (GLUCOPHAGE*, STAGID*) : Attention à l’acidose lactique. La metformine est un antidiabétique de la famille des biguanides dont la balance bénéfice/risque est favorable en termes de morbimortalité chez des patients diabétiques de type 2 avec surpoids. La metformine est éliminée dans les urines sous forme inchangée ; en cas d’insuffisance rénale, sa clairance est réduite de manière proportionnelle à celle de la créatinine. En cas d’accumulation, elle a pour effet indésirable très rare mais mortel, la survenue d’une acidose lactique. Celle-ci est favorisée par une déshydratation, une insuffisance rénale (rôle quasi constant) ou une affection aiguë intercurrente susceptible d’altérer la fonction rénale, une insuffisance hépatique, une insuffisance cardiaque ou respiratoire, une intoxication éthylique ou encore une intervention chirurgicale. Les signes prémonitoires d’acidose lactique : crampes musculaires, douleurs abdominales et/ou thoraciques, parésie musculaire, asthénie, imposent l’arrêt immédiat du traitement par metformine. Prudence en cas d’associations à des médicaments exposant à un risque d’insuffisance rénale fonctionnelle : antiinflammatoires non stéroïdiens (à éviter), inhibiteurs de l’enzyme de conversion et sartans. En pratique, il est conseillé de doser la créatininémie avant le traitement puis régulièrement tous les 3 à 6 mois. Prescrire, 2006, Tome 26, n° 278, 72-73 (Suppl Interactions médicamenteuses) VIGI-PHARMA, N°7, Janvier 2007, Page 2