Thierry GAULT - Professeur de Cyclisme de la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports et de la Cohésion Sociale de Poitiers - Conseiller Technique Régional placé auprès du Comité Régional de Cyclisme du Poitou-Charentes
Le Plan de Carrière « On ne naît pas champion, on le devient ! »
Introduction :
Avec déjà vingt années d’expérience, j’ai constaté que les meilleurs coureurs cyclistes de haut niveau sur route, ont un même point
commun. Ils ont tous pratiqués en gros volume des activités sportives de natures différentes pendant les vacances scolaires quand ils étaient enfant. Ils ont
pratiqué de la marche à pieds en montagne, dès cinq ans pour certains. Ils ont pratiqué des randonnées cyclotouristes pendant des journées entières ou sur une
semaine entière. Ils sont allés crapahuter des journées entières tous les hivers accompagner leur père à la chasse. Ils ont pratiqué de la natation en club et en
compétitions à raison de deux à trois heures par jour pour d’autres. Cette activité physique pratiquée en volume très tôt dans la jeune enfance n’est pas
étrangère aux performances sportives qu’ils réalisent aujourd’hui adultes.
Emmanuelle Merlot, Sylvain Chavanel, Paul Brousse, Yoann Paillot, et bien d’autres, n’échappent pas à ce constat.
Des études mettent en évidence, qu’il y a plus à craindre d’une sous sollicitation du métabolisme aérobie, caractéristique des écoliers actuels, que d’une très
hypothétique sur sollicitation. L’observation de l’activité motrice spontanée est instructive. Qui n’a pas remarqué l’activité débordante spontanée des jeunes
sur un terrain vague. Elle ne s’arrête que lorsque l’enfant a faim. Il est à la fois fatigable et infatigable, capable d’efforts brefs et répétés, il s’arrête d’instinct
pour récupérer. Selon ce mode fractionné, il peut poursuivre son activité longtemps sans fatigue apparente. On a pu évaluer de vingt à trente kilomètres la
distance parcourue par un enfant actif dans une journée de jeu.
Les enfants comme les adolescents présentent des phénomènes d’adaptation à l’entraînement en aérobie tout à fait comparable à ceux de l’adulte. Le Volume
Maximale d’Oxygène consommé peut être doublé chez l’enfant sportif par rapport à l’enfant sédentaire. Or comme le VO2max élevé est non seulement un
critère d’aptitude à la pratique sportive de haut niveau, il permet aussi dans la vie de tous les jours d’entretenir une grande activité et une meilleure récupération
après un travail musculaire intense. Il y a donc intérêt à envisager son développement le plus tôt possible. Une activité sportive même de moyenne intensité
mais régulière, entraîne une augmentation de la valeur du VO2max chez l’enfant.
Je crois très fortement que le volume aérobie pratiqué dès la petite enfance permet de construire les bases du potentiel physique chez l’adulte. Le cumul des
entraînements à rythme lent sur du volume long, additionné à des entraînements de rythme rapide sur de courte durée en ajoutant des entraînements en
hypoxie emmèneront des transformations bénéfiques et définitives pour toute la vie de l’entraîné.
Le plan de carrière du sportif ne doit pas se limiter à l'amélioration des potentialités physiques mais doit aussi prendre en compte le développement
psychologique, social et professionnel. Je n'envisagerai ici que l'aspect physique. Le plan de carrière dépend non seulement des capacités physiques initiales
mais aussi de l'âge auquel les meilleures performances sont atteintes dans la spécialité et de l'âge du sujet.
Le cyclisme sur route étant une discipline d’adulte, c’est seulement après avoir atteint sa maturité physique et psychique, après vingt ans, que l’on doit réaliser
ses meilleures performances.
Comment pouvons nous définir le plan de carrière des jeunes coureurs cyclistes afin qu’ils arrivent à leur meilleur niveau sportif à l’âge adulte ?
Pour répondre à cette question, nous allons commencer par chercher à comprendre l’évolution physiologique, de la jeune enfance jusqu’à l’âge adulte.