
anastomoses sont protégées par un système de drainage urétéral
une dizaine de jours (sondes urétérales).
Legreffon (les anastomoses urétéro-digestives) nécessite d’être
extrapéritonisé afin d’éviter toute incarcération d’anses intestinales
etde syndrome occlusif. Sa position habituelle est en fosse iliaque
droite sous un feuillet péritonéal ou sous le caecum.
Un passage transpariétal large (sans chicane) doit amener
l’extrémité distale du greffon au niveau de la stomie, repérée au
préalable par marquage cutané, et sans tension sur l’anastomose
urétéro-iléale. L’iléon y est fixé par quelques points séparés de fils
résorbables, après une résection cutanéo-graisseuse large ainsi
qu’une ouverture de l’aponévrose musculaire en croix.
La stomie est appareillée. Le drainage urinaire est déclive, continu,
facilement appareillable. Les sondes urétérales sont fixées
transitoirement à la peau à l’aide de fils non résorbables. Le
drainage de l’anse peut être également effectué temporairement
par une sonde vésicale.
Il existe une variante de cette technique avec prélèvement d’une anse
jéjunale et création d’une stomie du côté de l’hémi-abdomen gauche.
Les principes chirurgicaux sont les mêmes que précédemment,
avec passage de l’uretère droit sous la racine du mésentère. Cette
technique est proposée notamment en cas d’irradiation du petit
bassin, du fait de l’atteinte radique de l’iléon, et doit utiliser une
anse courte (environ 10 centimètres) afin d’éviter tout syndrome
métabolique (« syndrome du conduit jéjunal » :hyperkaliémie,
hyponatrémie, hypochlorémie, acidose) [4].
L’UCTI a été décrite par voie laparoscopique dans le traitement
d’une vessie neurologique en 2000, mais aussi par laparoscopie
robot-assistée dans le traitement d’une fistule prostato-cutanée
chez un patient paraplégique en 2004 et le traitement de 2 patients
tétraplégiques en 2006 [14,15,20,27]. Cependant, ces techniques
sont réservés à des chirurgiens experts en coeliochirurgie.
2. Complications et évaluation fonctionnelle à long terme
L’UCTI a été essentiellement étudié dans le traitement du cancer
de vessie. Cependant, quelques séries rétrospectives de patients
neurologiques (de 33 à 144 patients) permettent une évaluation
des complications précoces et tardives [10,17,22]. De même, des
séries pédiatriques évaluent l’aspect morphologique du haut
appareil et la fonction rénale après dérivation lors du suivi sur
une longue période (jusqu’à 20 ans) [3,13,16,19,23,24].
Dans l’ensemble, les patients ayant bénéficié de cette technique
se trouvaient dans une impasse thérapeutique. Dans de nombreux
cas, il avaient bénéficié auparavant d’autres techniques
chirurgicales. Une synthèse des différents articles permet de lister
les éléments importants.
a) Les complications précoces
Complications Précoces Pourcentage
Fistule digestive 0
Fistule urinaire 0,3 à 3,4 %
Nécrose iléale 2 à 5,5 %
Occlusion digestive 4 à 4,8 %
Sténose de l’anastomose 5,2 %
Décès 1,3 à 3,1 %
Lacomplication précoce la plus grave est la fistule digestive,
entraînant fréquemment le décès du patient.
Les autres complications majeures sont d’ordre urinaire : fistule
urinaire dans 0,3 à 3,4 % des cas prévenu par le pose de sondes
urétérales une dizaine de jours, et la sténose de l’anastomose
urétéro-iléale. Ces complications urinaires nécessitent une reprise
chirurgicale. La dissection des uretères en respectant le tissu péri-
urétéral, et sans tension préservant au maximum la vascularisation
de celui-ci, diminue ces complications. La sténose de l’anastomose
urétéro-iléale semble bien corrélée avec la dégradation de la
fonction rénale, à l’instar de l’obstruction sur calcul [23].
Cette intervention n’est pas dénuée de risques avec une mortalité
évaluée entre 1,3 et 3,4 %.
b) Les complications tardives
Complications Tardives Pourcentage
Occlusion digestive 5,2 à 7,2 %
Sténose de l’anastomose urétéro-iléale 2 à 7,8 %
Calcul 3 à 30 %
Pyélonéphrite 12 à 34 %
Excès de longueur de l’anse iléale 0,3 à 9,3 %
Anomalie de la stomie (essentiellement
sténose, mais aussi hernie et prolapsus) 6 à 32 %
Pyocyste (Cystectomies secondaires
dans 50 à 100 % ) 1,8 à 19 %
Toute intervention abdominale peut favoriser une occlusion
digestive à distance surtout en cas de brèche persistante au niveau
du méso, ou d’anse iléale non extrapéritonisée.
La sténose de l’anastomose urétéro-iléale peut se produire à moyen
et long terme. La recherche de cette complication, très délétère
pour le haut appareil, nécessite une surveillance morphologique
périodique.
Avec l’expérience, le prélèvement d’une anse courte d’environ 5
à10 cm s’est imposé pour deux raisons principales : assurer un
drainage efficace et éviter la stagnation des urines favorisant les
infections, éviter des désordres métaboliques comme des acidoses
retrouvées dans les premières séries (dans 2 à 7 % des cas) [13,16].
Certaines séries ont montré que le risque de pyocyste en cas de
vessie déshabitée était de l’ordre de 1,8 à 19 %. Plusieurs
traitements sont utilisés : conservateur associant irrigation vésicale
et antibiothérapie, ou chirurgical par cystectomie secondaire qui
est fréquente dans 50 à 100 % [10,13,16]. Chez la femme, une
alternative chirurgicale est la vagino-vésicostomie qui semble
efficace[13,17]. De plus, une vessie déshabitée, fréquemment
infectée peut être une « épine irritative », notamment chez le
traumatisé médullaire ou dans sclérose en plaques. De ce fait, la
réalisation d’une cystectomie associée semble préférable[9,10].
Un dernier argument en faveur de la cystectomie est le cancer de
vessie dont l’incidence est accrue chez le patient neurologique,
avec comme facteurs de risque principaux la durée de sondage à
demeure (supérieur à 8 ans) et l’existence de calculs vésicaux, ainsi
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