Entérobactéries productrices de carbapénèmases (EPC)

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Groupe National de Guidance
en matière de
Prévention des Infections Nosocomiales
(GNPIN)
Luxembourg, le 20.12.2013
Maîtrise de la diffusion de bactéries multirésistantes aux
antibiotiques:
Entérobactéries productrices de carbapénèmases (EPC)
A ) En résumé
La prévalence croissante d’entérobactéries productrices de carbapénèmases (EPC) dans tous les pays
est considérée comme un risque de santé publique majeur (ECDC European Centre for disease
prevention and Control réf.1 ; 2 ; 3, 13 etc) :

impasse thérapeutique en cas d’infection par une EPC (seuls antibiotiques encore actifs :
colistine, tigécycline (mais à activité inconstante), parfois l’aztréonam)

mortalité élevée liée aux infections causées par les EPC

les EPC causent des épidémies en milieu hospitalier, qui sont très difficiles à maîtriser

si la prévalence d’EPC dans la communauté (c-à-d en dehors de l’hôpital) est actuellement
inconnue, les experts craignent que la problématique des EPC augmente également dans la
communauté dans le futur (2,9)

les carbapénèmes constituant la seule classe d’antibiotiques à large spectre encore active sur
les bactéries gram-négatif multirésistantes, il importe de limiter l’utilisation de cette classe
d’antibiotiques pour en préserver l’efficacité.
Il est reconnu unanimement que pour maîtriser la transmission et diffusion des carbapénèmases, il
faut agir précocément et appliquer des mesures de contrôle efficaces :
-
Prescription prudente d’antibiotiques pour prévenir l’émergence des EPC
Prévenir la diffusion à partir des patients porteurs d’EPC
Les équipes médicales avec l’aide des pharmaciens hospitaliers analysent et surveillent
régulièrement l’utilisation des antibiotiques dans le but de diminuer la pression antibiotique et
notamment de limiter l’usage des carbapénèmes afin de préserver leur efficacité. Cette surveillance
est menée avec l’aide de tableaux de bord.
1
Dépistage précoce des patients à risque pour le portage d’EPC :
1)
Groupes-cible:
a) Dépistage à l'admission chez tout patient transféré à partir d'un hôpital étranger.
Si les risques d'acquisition d'une carbapénèmase sont les plus élevés lors de l'hospitalisation
dans un pays en situation épidémique / endémique pour les EPC (voir tableau 1 en annexe),
les experts sont d'avis que l'absence de données fiables sur la prévalence réelle notamment
dans les pays européens rend indispensable de procéder à un dépistage chez tout patient
transféré à partir d'un hôpital étranger (recommandation ECDC(1); stratégie appliquée en
France(4;13), Norvège, Suède et Israel).
b) Outre le dépistage : isolement prophylactique (avec application des « précautions
complémentaires contact ») dès l’admission, de tout patient rapatrié d’un établissement
hospitalier d’un pays à taux élevé d’EPC (voir tableau1).
c) Il est recommandé (3; 4; 13) d’évaluer l’indication - à l’admission des patients - d’un
dépistage chez les patients ayant effectué, au cours de l’année précédant leur hospitalisation
au Luxembourg, un séjour dans un établissement hospitalier - ou dans une filière de soins
spécifique (dialyse) - d’un pays à taux élevé d’EPC (voir tableau 1).
Pour cette raison il est fortement recommandé de rechercher systématiquement dans
l’interrogatoire médical une hospitalisation à l’étranger dans les 12 mois précédents(13).
d) Il est recommandé (13) d’évaluer l’indication - à l’admission - d’un dépistage chez tout
patient transféré d’un établissement hospitalier et ayant été en contact avec un patient porteur
d’EPC.
e) Il est recommandé (13) d’évaluer l’indication - à l’admission - d’un dépistage chez tout
patient ayant été antérieurement connu porteur d’EPC.
2)
Sites de prélèvement :
Frottis rectal, ainsi que tout site clinique présent chez le patient.
Mentionner sur le formulaire de demande : recherche d’EPC (entérobactéries productrices de
carbapénèmases).
3)
Au laboratoire : voir plus loin
Mesures de contrôle à appliquer immédiatement, dès que le laboratoire a détecté une souche
susceptible d’être une EPC
Le laboratoire alerte immédiatement le médecin hospitalier traitant, l’unité de soins ainsi que l'unité
de prévention de l’infection nosocomiale(UPI).
Sont à instaurer immédiatement:

Isolement / maintien de l’isolement du patient en chambre individuelle.
Des patients porteurs de la même EPC peuvent être isolés dans une même chambre.
2

Application systématique des « précautions complémentaires contact » : Blouse à usage
unique à manches longues et gants pour tout contact avec le patient et son environnement.

Renforcement des précautions standard (hygiène des mains, désinfection des surfaces) vis-àvis de tous les patients dans l’unité de soins.

L’UPI informera le personnel d’entretien de la bonne procédure concernant la désinfection
des surfaces et les mesures à respecter chez un patient en isolement.
Mesures à prendre face à un patient colonisé ou infecté par une EPC
Si un patient a été détecté positif pour une EPC, des mesures sont à prendre
a) le concernant :





Limiter ses déplacements au sein de l’hôpital.
Tout déplacement doit être précédé d’une information sur les mesures à prendre : information
au service médico-technique ou d’hospitalisation, à l’établissement accueillant le patient à
sa sortie, au service assurant le transport interne/externe.
Le patient et sa famille sont à informer sur le portage d’EPC.
L'UPI définit et surveille la procédure de désinfection journalière de l’environnement du
patient, ainsi que la procédure de désinfection finale à la sortie du patient(4).
Continuer à considérer un patient détecté positif comme porteur, même si plusieurs
dépistages successifs sont négatifs (patient porteur, mais non excréteur) ; en effet la durée
effective de portage n’est pas connue( référence 3, page 30 ; et référence 10).
b) ET un dépistage est à réaliser immédiatement chez tout patient qui a été en contact direct avec lui
au cours de cette hospitalisation.
Signalement des cas positifs ( portage ou infection)
Connaître la prévalence réelle des EPC est indispensable
- dans le cadre d’une stratégie de préservation de l’efficacité des antibiotiques, aussi bien au niveau
national qu’au niveau de chaque établissement hospitalier
- pour pouvoir prendre les mesures de contrôle adéquates afin d’éviter les transmissions
secondaires à l’intérieur des établissements.
Tout cas positif (portage ou infection) est à signaler à la Direction de la Santé par le laboratoire
ayant fait le diagnostic, sous forme de signalement anonymisé quant aux données personnelles du
patient.
Mesures organisationnelles supplémentaires à mettre en place
Un système d’alerte devra être mis en place afin de prévenir l’ensemble des personnels concernés en
cas de réhospitalisation du patient.
Le statut de porteur d’EPC devra être communiqué, par le médecin traitant, par contact téléphonique
et document de transfert, avant tout transfert afin que les personnes accueillant le patient puissent se
préparer au mieux. Informer également le service de transport (Voir plus loin).
3
Lorsque survient un nouveau cas de patient colonisé ou infecté et présentant un lien
épidémiologique avec un cas d’EPC préalablement détecté
La dissémination de l’EPC dans un ou plusieurs services de l’établissement doit être suspectée et des
mesures complémentaires doivent être mises en place dont
- le dépistage de tous les patients séjournant ou ayant séjourné au même moment dans le(s) même(s)
service(s) que le(s) porteur(s) de l’EPC en cause,
- la création ou activation d’une cellule de gestion de l’épidémie qui procède à une enquête
épidemiologique et veille à ce que les mesures de gestion et de protection nécessaires soient prises
(outbreak management, voir plus loin).
Glossaire :
BLSE
β-lactamase à spectre étendu
ECDC
European Centre for disease prevention and control
EPC
Entérobactéries productrices de carbapénèmases
B) Au sujet des entérobactéries productrices de carbapénémases :
-problèmes liés à la résistance aux carbapénèmes
-mesures préconisées
-autres informations
Les carbapénèmases, des β-lactamases hydrolysant la majorité des antibiotiques β-lactames dont les
carbapénèmes, ont diffusé parmi les entérobactéries, ce phénomène étant constaté maintenant dans
tous les pays.
Les carbapénèmases sont de différents types

des carbapénèmases de classe A, dont les carbapénèmases KPC rencontrées en général chez
des souches Klebsiella pneumoniae nosocomiales, sur tous les continents,

des carbapénémases de classe B: des métallo-β- lactamases (IMP, VIMP, NDM-1) : la
carbapénèmase NDM-1, de découverte plus récente, préoccupe plus spécialement, car elle est
découverte maintenant aussi dans l’environnement au niveau du sous-continent indien, et
dans d’autres espèces que les entérobactéries,

et des carbapénémases de classe D: les oxacillinases. Les EPC à carbapénèmase OXA-48
posent un problème croissant, par leur fréquence (c'est l'EPC la plus fréquemment rencontrée
en France et Belgique) et la difficulté de leur diagnostic: elles présentent souvent une
résistance de bas niveau aux carbapénèmes et sont parfois BLSE- négatives (donc
céphalosporine-sensibles) et peuvent dès lors ne pas être détectées par culture sur les
différents milieux sélectifs.
La prévalence croissante d’entérobactéries productrices de carbapénèmases (EPC) dans tous les pays
est considérée comme un risque de santé publique majeur (ECDC, 2,3, etc) :
4

les carbapénèmes constituent la seule classe d’antibiotiques à large spectre encore active sur
les bactéries gram-négatif multirésistantes, classe d’antibiotiques qu’il importe donc de
préserver,

les infections causées par les EPC conduisent à des impasses thérapeutiques; les seuls
antibiotiques encore actifs sont la colistine, la tigécycline (mais à activité inconstante), et
parfois l’aztréonam,

on ne peut pas s’attendre à la mise sur le marché, dans les 5 à 10 ans à venir, d’antibiotiques
contre des bactéries gram-négatif, qui auraient un mécanisme d’action nouveau,

les infections causées par les EPC s’accompagnent d’une mortalité élevée,

les EPC causent des épidémies en milieu hospitalier, très difficiles à maîtriser : exemple
d’une épidémie à Klebsiella pneumoniae (type OXA-48) dans un hôpital aux Pays-Bas en été
2011 qui a causé 70 cas de colonisation/infection (avec 3 causes de décès directement
attribuables à cette infection) et qui a nécessité un dépistage chez environ 2000 patients ayant
eu un contact potentiel avec des cas (2);
exemples de plusieurs épidémies dans des hôpitaux en France, chacune ayant nécessité le
dépistage de plus de 300 patients dans plus de cinq établissements différents ainsi que des
mesures extensives de contrôle pour la maîtrise de l’épidémie(6).
Vaux et alii rapportent que des cas secondaires (cas reliés au cas-index par une chaîne de
transmission identifiée, c-à-d en général transmission intra-hospitalière) étaient détectés dans
34% des cas d’infection/portage d’EPC déclarés dans le système hospitalier français,

les gènes codant pour des carbapénèmases sont souvent associés à des éléments génétiques
mobiles variés (transposons, plasmides) à la base de leur dissémination efficace et rapide
dans une même espèce et au sein de genres et d’espèces différents

si la prévalence d’EPC dans la communauté (c-à-d en dehors de l’hôpital) est actuellement
inconnue, des infections communautaires causées par des souches d’E. Coli ST-131
productrices de carbapénèmases KPC et NDM inquiètent les experts en raison de la
propension de ce clone particulier à disséminer les BLSE CTX-M-15 dans le monde entier,
comme constaté dans le passé. Ils craignent donc que la problématique des EPC augmente
aussi dans la communauté dans le futur (2,9).
Il est reconnu unanimement que pour maîtriser la transmission et diffusion des carbapénèmases,
il faut agir précocément et appliquer des mesures de contrôle efficaces :
-
Prescription prudente d’antibiotiques pour prévenir l’émergence des EPC
Prévenir la diffusion à partir des patients porteurs d’EPC
Les équipes médicales avec l’aide des pharmaciens hospitaliers analysent et surveillent
régulièrement l’utilisation des antibiotiques dans le but de diminuer la pression antibiotique et
notamment de limiter l’usage des carbapénèmes afin de préserver leur efficacité. Cette surveillance
est menée avec l’aide de tableaux de bord.
5
Dépistage des patients à risque pour le portage d’EPC :
1) Groupes- cible :
a) Le dépistage à l'admission est recommandé fortement chez tout patient transféré à partir d'un
hôpital étranger.
Si les risques d'acquisition d'une carbapénémase sont les plus élevés lors de l'hospitalisation
dans un pays en situation épidémique / endémique pour les EPC (voir tableau 1 en annexe),
les experts sont d'avis que l'absence de données fiables sur la prévalence réelle notamment
dans les pays européens rend indispensable de procéder à un dépistage chez tout patient
transféré à partir d'un hôpital étranger (recommandation ECDC(1); stratégie appliquée en
France(4 et 13), Norvège, Suède et Israel).
Il est recommandé de ne pas faire transiter le patient par le service d’urgence.
b) Il est indispensable de procéder - outre le dépistage -aussi à l’isolement prophylactique (avec
application des « précautions complémentaires contact »), dès l’admission, de tout patient
rapatrié d’un établissement hospitalier d’un pays à taux élevé d’EPC.
c) Il est recommandé (3,4) d’évaluer l’indication - à l’admission des patients - d’un dépistage
chez les patients ayant effectué, au cours de l’année précédant leur hospitalisation au
Luxembourg, un séjour dans un établissement hospitalier - ou dans une filière de soins
spécifique (dialyse) - d’un pays à taux élevé d’EPC(voir tableau 1).
Les séjours prolongés dans des services à forte charge de soins sont des facteurs reconnus
d’acquisition et de portage ultérieur de bactéries multirésistantes. Pour cette raison il est
fortement recommandé de rechercher systématiquement dans l’interrogatoire médical une
hospitalisation à l’étranger dans les 12 mois précédents(13).
d) Il est recommandé (13) d’évaluer l’indication - à l’admission - d’un dépistage chez tout
patient transféré d’un établissement hospitalier et ayant été en contact avec un patient porteur
d’EPC.
e) Il est recommandé (13) d’évaluer l’indication - à l’admission - d’un dépistage chez tout
patient ayant été antérieurement connu porteur d’EPC.
2) Sites de prélèvement :



Le meilleur prélèvement pour la recherche d’EPC est le frottis rectal (éventuellement selles).
Le frottis inguinal, périnéal, et le prélèvement d’urines ne peuvent pas remplacer le frottis
rectal.
Le prélèvement portera en plus sur tout site clinique existant chez le patient (plaies, liquide
de drainage, expectorations ou aspiration bronchique, cathéter central, sonde urinaire et
autres…).
Mentionner sur le formulaire de demande : recherche d’EPC (entérobactéries productrices de
carbapénèmases).
6
3) Milieux de culture :
Il existe des milieux chromogènes sélectifs pour la recherche des EPC.
4) Souche suspecte
Toute croissance sur ces milieux sélectifs doit conduire à une identification bactérienne et à un
antibiogramme.
Une souche sera considérée comme suspecte si elle présente une sensibilité diminuée au
méropénème.
Dans ce cas, un contrôle par E-test sera effectué pour l'imipénème et l'ertapénème. En cas de
sensibilité diminuée à l'un des carbapénèmes, la souche sera adressée au LNS pour détermination
précise du mécanisme de résistance, par biologie moléculaire.
(cf Annexe 1 - consensus luxembourgeois sur la définition et recherche des EPC)
Mesures de contrôle à appliquer immédiatement, dès que le laboratoire a détecté une souche
susceptible d’être une EPC
Dès que le laboratoire a détecté une diminution de la sensibilité aux carbapénèmes sur
l’antibiogramme et sans attendre les analyses de confirmation, il doit alerter immédiatement le
médecin hospitalier traitant, l’unité de soins ainsi que l'unité de prévention de l’infection
nosocomiale(UPI). Afin d’éviter une transmission de bactérie multirésistante aux antibiotiques, les
mesures suivantes sont à instaurer immédiatement:

Isolement/ maintien en isolement du patient en chambre individuelle.
Des patients porteurs de la même EPC peuvent être isolés dans une même chambre.

Application systématique des « précautions complémentaires contact » : Blouse à usage
unique à manches longues et gants pour tout contact avec le patient et son environnement.

Renforcement des précautions standard (hygiène des mains, désinfection des surfaces) vis-àvis de tous les patients dans l’unité de soins.
L’UPI informera le personnel d’entretien de la bonne procédure concernant la désinfection des
surfaces et les mesures à respecter chez un patient en isolement.
Mesures à prendre face à un patient colonisé ou infecté par une EPC
Si un patient a été détecté positif pour une EPC, un dépistage est à réaliser immédiatement chez tout
patient qui a été en contact direct avec lui au cours de cette hospitalisation.
Il est recommandé de limiter ses déplacements au sein de l’hôpital.
Tout déplacement doit être précédé d’une information sur les mesures à prendre : information au
service médico-technique ou d’hospitalisation, à l’établissement accueillant le patient à sa sortie, au
service assurant le transport.
Le patient et sa famille sont à informer sur le portage d’EPC.
7
L’isolement en chambre individuelle, les précautions standard et les « précautions complémentaires
contact » devant être appliqués sans faille pour éviter une dissémination, il faut également
désinfecter régulièrement et de façon adéquate l’environnement immédiat du patient.
Poursuivre le dépistage régulier chez le patient colonisé ou infecté par une EPC (une fois par
semaine, à une fois par mois en cas d’hospitalisation prolongée).
Continuer à considérer un patient détecté positif comme porteur, même si plusieurs dépistages
successifs sont négatifs (patient porteur, mais non excréteur) ; en effet la durée effective de portage
n’est pas connue.
(Référence 3, page 30 ; et référence 10)
Signalement des cas positifs ( portage ou infection)
Il est actuellement impossible d’évaluer la prévalence des EPC au Luxembourg, en l’absence de
recommandations pour le dépistage et la communication de résistances aux carbapénèmes par les
établissements/ laboratoires.
Or la connaissance de la prévalence réelle des EPC est indispensable
- dans le cadre d’une stratégie de préservation de l’efficacité des antibiotiques, aussi bien au niveau
national qu’au niveau de chaque établissement hospitalier
- pour pouvoir prendre les mesures de contrôle adéquates afin d’éviter les transmissions
secondaires à l’intérieur des établissements.
Suivant en cela les recommandations d’ECDC et de la Commission Européenne, tout cas positif
(portage ou infection) est à signaler aux autorités de santé publique (à la Direction de la Santé). Le
signalement anonymisé quant aux données personnelles du patient, se fera par le laboratoire ayant
fait le diagnostic.
Mesures organisationnelles supplémentaires à mettre en place
Un système d’alerte devra être mis en place afin de prévenir l’ensemble des personnels concernés en
cas de réhospitalisation du patient.
Communication lors du transfert d’un patient porteur d’EPC vers un autre établissement, vers un
réseau de soins à domicile, un autre professionnel de santé :
Le statut de porteur d’EPC devra être communiqué, par le médecin traitant, par contact téléphonique
et document de transfert, avant tout transfert afin que les personnes accueillant le patient puissent se
préparer au mieux. Informer également le service de transport.
Le document de transfert et de sortie doit mentionner au minimum les informations suivantes(2) :
 Le type de bactérie et de résistance(s) concernée(s)
 Les sites anatomiques (portage ou infection) où une EPC a été détectée
 La dernière date de positivité des prélèvements pour l’EPC
 Le statut du patient quant au portage d’EPC au moment de sa sortie d’hôpital.
Lorsque survient un nouveau cas de patient colonisé ou infecté et présentant un lien
épidémiologique avec un cas d’EPC préalablement détecté
La dissémination de l’EPC dans un ou plusieurs services de l’établissement doit être suspectée et les
mesures complémentaires suivantes sont à mettre en place sans délai :
8
1. Constitution au niveau de l’établissement d’une cellule de gestion de l’épidémie (UPI,
directeur médical, microbiologiste, pharmacien, direction des soins, directeur de
l’établissement, ...). Cette cellule assure la coordination et les prises de décisions nécessaires
à la gestion de l’épidémie.
2. tous les patients séjournant ou ayant séjourné au même moment dans le(s) même(s)
service(s) que le(s) porteur(s) de l’EPC en cause bénéficieront d’un dépistage.
3. l'UPI analysera avec la direction de l’hôpital et la cellule de gestion de l’épidémie
l’indication de procéder à un isolement/cohortage des patients ayant eu un contact direct avec
le patient détecté positif (avec application des précautions complémentaires contact) en
attendant les résultats du dépistage.
4. du personnel dédié sera affecté à la prise en charge des patients-contact, respectivement
positifs.
5. La cellule de gestion de l’épidémie dresse un registre de tous les patients colonisés/ infectés
par une EPC et recueille toutes les informations nécessaires dans le cadre d’une enquête
épidemiologique: date d’admission, date de prélèvements des échantillons positifs pour EPC,
service, origine du patient, etc…
6. Le laboratoire conserve toute nouvelle souche suspecte d’EPC et l’envoie au Laboratoire
national de santé pour confirmation du mécanisme de résistance.
7. La cellule de gestion de l’épidémie veille à ce que les mesures de précautions générales et
additionnelles soient bien mises en oeuvre dans les unités et secteurs de soins concernés, et
au placement de tous les patients porteurs (colonisés ou infectés) en chambre individuelle ou
en cohortage. Elle définit les modalités de suivi des patients colonisés/infectés par EPC sous
traitement.
Elle analysera l’indication d’un dépistage chez les patients hospitalisés dans les unités à haut
risque. Les services à haut risque sont définis comme ceux où les risques de dissémination de
bactéries Gram négatif multirésistantes sont les plus élevés.
Dans la majorité des hôpitaux, ceci concerne les unités de soins intensifs et les services
d’hémato/oncologie, mais la définition de services à haut risque n’est pas limitative et peut
varier d’un établissement à l’autre.
8. Limitation de l’usage des antibiotiques :
La cellule de gestion de l’épidémie et le groupe de gestion de l’antibiothérapie évaluent
l’usage des antibiotiques dans le contexte de l’épidémie. Ces deux instances veillent à la mise
en application et au suivi des recommandations visant à limiter l’usage excessif
d’antibiotiques ainsi que l’adaptation correcte des choix de prescription antibiotiques
(particulièrement dans les services affectés).
9. Un dépistage de EPC est réalisé régulièrement (au moins une 1x/semaine) chez tous les
patients qui séjournent au même moment et dans le même service/département qu’un patient
connu comme porteur d’ EPC.
9
Tableau 1. Distribution géographique des différentes carbapénèmases et des espèces
bactériennes les plus souvent incriminées (tableau à titre indicatif, et non exhaustif)
CLASSE A:
KPC, GES, IMI-2
Carbapenemases
NmcA, SME, IMI-1, SFC-1
(partiellement)
lsraël, Grèce, ltalie
-
VIM, IMP,NDM
Métallo–β -
Etats-Unis (1996),
K. pneumoniae, E.coli, E. cloacae
sensibles à l'acide
clavulanique
CLASSE B:
Principaux pays concernés
Bactéries les plus
souvent incriminées
Enzyme
Cas surtout associés aux soins
Colombie, Brésil, Argentine
(endémique
Grèce),
Europe: Pologne, Allemagne, France, UK,
pays nordiques...
rares cas communautaires
Chine
en
Israël
et
en
E. coli, K. pneumoniae et autres
entérobactéries,...
(souvent associées à d'autres
mécanismes de résistance)
Lactamases
VIM/IMP; Grèce, Italie, Espagne, France,
Turquie, Moyen orient, Afrique Nord, SE Asie
(Japon, Corée, Chine}, Amérique Sud,
Australie
NDM {New Delhi), sous-continent Indien
(lnde / Pakistan / Bengladesh), pays
Balkans, Moyen Orient, autres....
CLASSE D:
Oxacillinases
OXA-48, OXA-181
K. pneumoniae, E.coli, E. cloacae,
autres....
-
Epidémies associées aux soins:
Turquie, Afrique du Nord, Moyen-Orient,
Espagne, UK, France, Pays-Bas, Allemagne,
Belgique,...
cas importés (transfert) à partir de
pays à endémicité élevée
-
Fréquence
isolés
et
croissante de cas
épidémiques
sans
source d'importation reconnue.
Conseil supérieur de la Santé, Belgique. Mesures à prendre suite à l’émergence des
entérobactéries de carbapénèmases en Belgique. 7 dec 2011
10
Consensus « luxembourgeois » sur la définition des entérobactéries
suspectes de Carbapénèmases (souches cliniques) - Décembre 2013

Entérobactéries de sensibilité diminuée aux Carbapénèmes
SUSPICION : si CMI > 0.5 ou Diamètre < 27 mm pour le Meropenem
CONTRÔLE : par E-test pour 2 carbapénèmes : Imipenem et Ertapenem
CMI > 1 pour Imipenem
CMI > 0,25 pour Ertapenem
En cas de sensibilité diminuée confirmée à au moins un des carbapénèmes, la souche est envoyée
au LNS – Division de Bactériologie (Mme Perrin/Mr Reichert) pour recherche de la mutation
responsable de cette résistance par biologie moléculaire (VIM, IMP, NDM-1, KPC, OXA 48, …)
11
Tableau 1 : Liste de sources de données nationales et internationales relatives aux BHRe
Données françaises
- Institut de veille sanitaire (InVS) :
- dossier thématique « résistance aux anti-infectieux » :
http://www.invs.sante/ratb/
- dossier thématique « Entérobactéries productrices de carbapénémases » :
http://www.invs.sante.fr/epc
- dossier thématique « Entérocoques résistants aux glycopeptides » :
http://www.invs.sante.fr/erg
- Réseau d’alerte, d’investigation et de surveillance des infections nosocomiales (Raisin) :
http://www.invs.sante.fr/raisin/
- Observatoire national de l’épidémiologie de la résistance bactérienne aux antibiotiques
(Onerba) :
http://www.onerba.org/
- Réseau CClin-Arlin :
http://www.cclin-arlin.fr
Données internationales (sélection)
- European Antimicrobial Resistance Surveillance Network, EARS-Net :
http://ecdc.europa.eu/en/activities/surveillance/EARS-Net/
- Central Asian and Eastern European Surveillance on Antimicrobial Resistance (CAESAR) :
http://www.euro.who.int/en/what-we-do/health-topics/disease
prevention/antimicrobial-resistance/central-asian-and-eastern
european-surveillance-on-antimicrobial-resistance-caesar
- Centers for Diseases Control and Prevention (CDC) :
- Carbapenem-resistant Enterobacteriaceae (CRE) :
http://www.cdc.gov/HAI/organisms/cre/
- Vancomycin-resistant Enterococci (VRE) :
http://www.cdc.gov/HAI/organisms/vre/
- Canadian Antimicrobial Resistance Alliance (CARA) :
http://www.can-r.com/
- Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), bulletin Statlabo :
http://www.inspq.qc.ca/lspq/bulletin/
- The Center for Disease Dynamics, Economics and Policy (CDDEP), Resistance Map :
http://www.cddep.org/map/
- Organisation mondiale de la santé (OMS) :
http://www.who.int/drugresistance/en/
Source : Haut Conseil de la santé publique, France. Prévention de la Transmission croisée des Bactéries
Hautement Résistantes aux antibiotiques émergentes. Juillet 2013
12
Références
1. European Centre for disease prevention and control. Risk assessment on the spread of
carbapenemase-producing Enterobacteriaceae through patient transfer between healthcare
facilities with special emphasis on cross-border transfer. Sept 2011.
http://ecdc.europa.eu/en/publications/Publications/110913_Risk_assessment_resistant_CPE.pdf
2. Conseil supérieur de la Santé, Belgique. Mesures à prendre suite à l’émergence des
entérobactéries de carbapénèmases en Belgique. 7 dec 2011.
http://www.health.belgium.be/internet2Prd/groups/public/@public/@shc/documents/ie2diver
s/19074512.pdf
3. Haut Conseil de la santé Publique. Commission spécialisée Sécurité des patients : infections
nosocomiales et autres évènements indésirables liés aux soins et aux pratiques. Maîtrise de la
diffusion des bactéries multirésistantes aux antibiotiques importées en France par des patients
rapatriés ou ayant des antécédents d’hospitalisation à l’étranger. Nov 2010.
4. CIRCULAIRE N°DGS/RI/DGOS/PF/2010/413 du 6 décembre 2010 relative à la mise en
œuvre de mesure de contrôles des cas importés d’entérobactéries productrices de
carbapénèmases.
5. INSTRUCTION N° DGS/DUS/RI/2011/224 du 26 août 2011 relative aux mesures de
contrôle des entérobactéries productrices de carbapénèmases.
6. Vaux S, Carbonne A, Thiolet JM, Jarlier V, Coignard B, RAISIN and Expert Laboratories
Groups. Emergence of carbapenemase-producing Enterobacteriaceae in France, 2004 to
2011.Euro
Surveill.
2011;16(22):pii=19880.
Available
from:
http://www.eurosurveillance.org/ViewArticle.aspx?ArticleId=19880
7. Von Baum H, Dettenkofer M, Heeg P, Schröppel K, Wendt C. Konsensusempfehlung
Baden-Württemberg: Umgang mit Patienten mit hochresistenten Enterobakterien inklusive
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