Relativité
Stefan Stankowski HES Bernoise / TI
4
II.3. Durée de vie des muons
Une des premières preuves (et une des plus évidentes) de la dilatation du temps fut donnée par la
mesure du nombre de muons dans l'atmosphère et au sol. Les muons sont des particules
élémentaires, environ 207 fois plus lourdes que les électrons. Ils sont produits dans l'atmosphère à
une altitude d'environ 60 km, par le rayonnement cosmique. Les quantités de mouvement échangées
lors des collisions sont très élevées ce qui fait que les muons s'envolent à une vitesse presque égale à
celle de la lumière. Ils partent dans toutes les directions, c.-à-d. aussi dans la direction de la surface
terrestre. Les muons sont des particules instables. On peut les produire au laboratoire, en utilisant des
accélérateurs, et ils se désintègrent alors en formant d'autres particules, avec une demi-vie de 1.5
micro-secondes. (C.-à-d. qu'au bout de 1.5 µs restent moitié du nombre initial de muons, au bout de 3
µs en restent ¼ etc.).
Pour la distance de 60 km les muons mettent (avec une vitesse presque égale à celle de la lumière) >
2 ⋅10
- 4
s . Ce sont 133 demi-vies, on s'attendra donc que < ( ½ )
133
< 10
- 40
du nombre initial arrivent
au sol. Expérimentalement, on trouve un nombre fort plus élevé.
La relativité restreinte explique ce fait naturellement: Les muons volant à 0.999 c , le facteur 1/γ devient
1 / γ = 0.045. Le temps de vol, t', apparaît réduit de ce facteur dans le repère des muons:
t' = 2 ⋅10
- 4
s ⋅ 0.045 = 9 µs = 6 demi-vies
On s'attend donc que le nombre de muons sera réduit à la surface terrestre d'un facteur
( ½ )
6
=
1
/
64
ce qui correspond aux mesures.
II.4 Simultanéité
La contraction des longueurs et la dilatation du temps impliquent aussi l’impossibilité d’une
simultanéité universelle : Si l’observateur au repos considère comme simultanés deux événements
(p.ex. l’émission d’impulsions lumineuses) ayant lieu en deux points différents de l’espace, A et B,
l’observateur en mouvement (selon l’axe A-B) les considérera comme non simultanés.
Considérons p.ex. une fusée de longueur au repos L
1
= 200m qui passe à côté d’une plate-forme de
longueur au repos L
2
= 100m, avec une vitesse v = 0.866 c. On a alors γ = 2. L’observateur sur la
plate-forme voit alors une fusée de longueur contractée L
1
’ = 100 m, donc de la même longueur que sa
plate-forme. Il y aura donc un certain instant où les deux extrémités de la fusée se trouvent
exactement à côté des deux extrémités de la plate-forme, simultanément. Par contre, l’observateur
dans la fusée verra la plate-forme passer à une vitesse v = 0.866 c, γ = 2, donc il verra une plate-forme
contractée, L
2
’ = 50 m, tandis que la longueur de la fusée sera de 200 m. Il sera donc impossible de
voir les extrémité de la fusée en coïncidence avec les extrémités de la plate-forme, la pointe de la
fusée passera l’une des extrémités de la plate-forme avant que la poupe passera l’autre extrémité.
III. Dynamique relativiste
Nous avons vu que l'accélération n'est pas invariante par rapport aux transformations de Lorentz. La
loi fondamentale de la physique, écrite dans la forme F = m a , ne pourra donc plus être la même
dans tous les référentiels en mouvement uniforme. Cependant, il faut rappeler que cette forme de la loi
physique n'est toutefois valable que dans le cas particulier des masses constantes. La formulation plus
générale de la loi fondamentale de la physique (2
e
loi de Newton) s'écrit:
F = dp / dt p = m v = quantité du mouvement
III.1. Quantité du mouvement relativiste
Dans cette dernière forme, on peut arranger les choses de manière que la loi fondamentale soit
invariante par rapport aux transformations de Lorentz, malgré la non-invariance de dv/dt: Il faut
postuler que la masse m d'une particule dépende de sa vitesse:
m = m
0
(1- v
2
/c
2
)
- ½
(m
0
= masse au repos)
Avec cette règle on obtient en fait que d(m v) / dt = d( m v') / dt' et donc que les forces restent égales
dans les référentiels en mouvement uniforme l'un par rapport à l'autre.
On constate de même qu’avec cette règle le théorème de la conservation de la quantité de
mouvement est valable (c.-à-d. que la quantité de mouvement totale d'un système ne varie pas
lorsqu'il n'existe pas de forces extérieures).