Evaluation échocardiographique de l’adaptation du ventricule gauche à une élévation de post-charge : comparaison à l’imagerie par résonance magnétique Nataliya Hrynchyshyn Université de Médicine, LVIV, Ukraine Hôpital Européen Georges Pompidou, PARIS [email protected] Nadjia Kachenoura3, Benoît Diebold2, Rabea Khedim 2, Marion Senesi3, Alban Redheuil2- 3, Elie Mousseaux2- 3, Ludivine Perdrix2 Université de Médicine, LVIV- Ukraine Hôpital Européen Georges Pompidou, PARIS 3 INSERM U678, Laboratoire de l’imagerie fonctionnelle, PARIS 1 2 Etudier en échocardiographie (ETT) et en imagerie par résonance magnétique (IRM) l’adaptation du ventricule gauche (VG) à une élévation de post-charge et analyser les conséquences sur la fonction systolique du ventricule gauche. 2) En IRM : l’index de remodelage VG en IRM défini par le rapport masse sur volume VG (MVG/ VTD(g / ml), la contrainte pariétale systolique tridimensionnelle (CTSm 3D, 10³ N / m²) combinant la géométrie du VG (3DVGfg) avec la post-charge artérielle. L’analyse statistique a été réalisée par le coefficient de corrélation de Pearson et t-test. Contexte Résultats La post-charge est étroitement liée à la pression aortique et aux résistances systémiques. Afin de maintenir une efficacité du couplage VG-aorte et une contrainte pariétale (CTSm) constante, le VG s’adapte à l’élévation de post-charge en modifiant sa géométrie. Toutefois, l’élévation prolongée de la postcharge peut dépasser la limite des mécanismes compensatoires du VG, les conséquences étant une augmentation du volume télé-systolique, une diminution du volume d’éjection systolique et de la fraction d’éjection. La FEVG est comparable dans les 2 groupes (I = 64%, II = 62%, p = 0,69). Des différences significatives ont été trouvées entre les deux groupes en terme de CTSm, 2D global strain, % et h / r (p <0,05). Par ailleurs, si aucune corrélation n’a été trouvée entre les paramètres ETT et IRM dans le groupe I, des corrélations significatives ont été trouvées dans le groupe II pour les comparaisons suivantes : 1 - 2D-FE et 2D global strain, %, (r = 0,63; p = 0,05) ; 2 - h/r et 2D global strain, %, (r = - 0,53, p = 0,05) 3 - h/r et MVG / VTD, (r = 0,87, p = 0,0005) ; 4 - 2D global strain, % et 3DVGfg (r = - 0,79, p = 0,005 ; fig.1), 5 - 2D global strain, % et CTSm 3D (r =- 0,8, p = 0,005 ; fig.2) ; 6 - CTSm et CTSm3D (r = 0,78, p = 0,0005). Objectif Méthodes Figure 1 - Corrélation entre 2D strain global et 3DVGfg (r=-0,79) en groupe II (RAC). Figure 2 - Corrélation entre 2D strain global et CTSm3D (r=0.8) en groupe II (RAC) Nous avons étudié un groupe de 49 patients : 35 sujets sains (groupe I), âgés entre 19 et 70 ans (38 ± 13 ans) et 14 patients avec sténose de la valve aortique (surface valvulaire = 0,75 ± 0,18 cm ²) (groupe II), âgés entre 45 et 92 ans (77 ± 9 ans). Nous avons calculé : 1) En échocardiographie : la contrainte pariétale (CTSm, 10³dyn/ cm²), le remodelage VG(h / r), et la fonction systolique du VG : fraction d’éjection du VG par la méthode Simpson biplan (2D-FE,%), 2D strain longitudinal global (2D global strain, %,) ; Conclusion L’élévation de la post-charge entraîne un remodelage du VG avec une bonne corrélation entre échocardiographie et IRM. Il existe une bonne corrélation entre la contrainte pariétale VG en IRM et l’altération de la fonction systolique en ETT évaluée par le 2D longitudinal globalstrain. Ces paramètres de dysfonction systolique longitudinale peuvent avoir un intérêt clinique dans la prise en charge des patients à FEVG préservée comme facteurs prédictifs d’insuffisance cardiaque. mars 2012 - N°27 • 33 Relation entre la déformation longitudinale ventriculaire gauche et le taux de peptides natriurétiques dans la sténose aortique : un moyen d’identifier de « faux asymptomatiques » ? Laurent MACRON C.H.U. Henri Mondor, CRETEIL [email protected] David Attias2, Pascal Lim1, David Messika-Zeitoun2, Alexandre Bensaid1, Julien NAHUM1, Jean-Luc Dubois-Randé1, Pascal Gueret1, Jean-Luc Monin1 1 2 C.H.U. Henri Mondor, CRETEIL C.H.U. Bichat, PARIS Plusieurs travaux ont montré la valeur pronostique péjorative d’une élévation du taux de peptides natriurétiques dans la sténose aortique asymptomatique. Par ailleurs, des travaux récents ont souligné la capacité de l’analyse de la déformation myocardique par la méthode du speckle tracking à mettre en évidence des altérations subtiles de la fonction systolique VG alors même que la FEVG demeure conservée. L’altération de la déformation longitudinale VG semblerait également présenter une valeur pronostique chez les patients asymptomatiques porteurs de sténose aortique. L’objectif de notre travail était donc d’étudier la relation entre le Strain Global Longitudinal et le taux de NT-proBNP dans une population de sténoses aortiques asymptomatiques à FEVG préservée. Cent vingt huit patients (74±12 ans, 59% d’hommes) consécutifs présentant une sténose aortique modérée à sévère (<1.5cm², 1.0±0.3cm²) avec FEVG préservée (>50%, 64±5%) ont été inclus de façon rétrospective. Les données du Strain Global Longitudinal par la méthode du Speckle Tracking ont été comparées la présence de symptômes et aux taux plasmatiques de NT-proBNP. Figure 1 Strain Global Longitudinal en fonction des symptômes et du taux de NT-proBNP. (NTproBNP- : <500pg/mL ; NTproBNP+ : >500pg/mL). 34 • mars 2012 - N°27 Le taux de NT-proBNP était en moyenne de 723±1097pg/mL et était plus élevé chez les sujets symptomatiques que chez les sujets asymptomatiques (1203±1350 vs. 325±484pg/mL respectivement, p<0.0001). Toutefois une élévation du taux de NT-proBNP (>500pg/ mL) était observée chez 18% n=14/79) des sujets asymptomatiques (Tableau 1). Chez ces sujets asymptomatiques, il n’existait pas de différence significative en terme de FEVG (65±5 vs. 63±4%), de Vmax (3.5±0.8 vs. 3.9±0.9m/s) et de surface aortique (1.1±0.4 vs 1.0±0.4cm²) entre ceux avec et sans élévation du NT-proBNP. En revanche, on observait une altération du Strain Global Longitudinal en cas d’élévation du NT-proBNP (-17±4 vs. -19±3%, p<0.05) similaire à celle rencontrée dans le groupe des sténoses aortiques serrées symptomatiques (-17±3% ; Fig. 1). Asymptomatique Asymptomatique NT proBNP <500 NT proBNP <500 pg/mL (n=56) pg/mL (n=12) Surface aortique (cm2) Gradient moyen (mmHg) V max (m.s-1) FEVG (%) Starin Global Longitudinal (%) p Symptomatique (n=49) p 1.0±0.3 1.0±0.4 0.45 0.8±0.1 0.07 33±16 40±23 0.24 60±19 < 0.001 3.6±0.8 65±5 3.9±0.9 64±4 0.25 0.37 4.8±0.7 62±5 < 0.001 0.14 -19±3 -17±4 <0.05 -17±3 = 0.95 Tableau 1 Principales caractéristiques échographiques des sténoses aortiques en fonction des symptômes et du taux de NT-proBNP. Conclusion En conclusion, l’altération de la déformation longitudinale ventriculaire gauche globale chez les sujets porteurs d’une sténose aortique asymptomatique est associée à une élévation du NT-proBNP. Cette altération pourrait permettre d’identifier des sujets considérés à tort comme asymptomatiques. mars 2012 - N°27 • 35 33 Nouveaux indices pour prédiction de la fraction d’éjection ventriculaire gauche après correction d’une régurgitation mitrale organique Sophie MASCLE C.H.U. RENNES [email protected] Erwan Donal1, Christophe Thebault1, David Veillard1, H. Hamonic1, Alain Leguerrier1, Hervé Corbineau1 1 C.H.U. RENNES Contexte Méthodes et résultats Le moment opportun de l’indication chirurgicale d’une insuffisance mitrale (IM) organique sévère asymptomatique reste actuellement l’objet de controverse. 88 patients (âge = 63.1 ± 13 ans, 59 hommes), peu symptomatiques avec IM organique sévère ont été inclus entre 2007 et 2010. Une échographie (repos et effort) était réalisée en préopératoire et entre 3 à 6 mois en postopératoire, identifiant 2 groupes de patients : groupe A (FEVG postopératoire ≥ 50%) et B (< 50%). Les patients du groupe B avaient un diamètre télé-systolique ventriculaire gauche (DTSVG) plus élevé (21.6 ± 2.6 mm/m² vs 19.2 ± 3.7 mm/m² ; p = 0.02), et un strain global longitudinal (SGLVG) plus altéré (-17 ± 2.8% vs -19.6 ± 3.6% ; p = 0.01), contrairement à la FEVG préopératoire. Un DTSVG ≥ 22mm/m² et un SGLVG < -18% étaient prédictifs d’une dysfonction ventriculaire gauche postopératoire. Les variations des paramètres de fonction contractile à l’effort n’étaient pas différentes le groupe A et B et n’étaient pas corrélées à la FEVG postopératoire. Objectifs Evaluer la pertinence des déformations myocardiques longitudinales en plus des paramètres échographiques standards préopératoires, et l’intérêt de l’échographie d’effort pour prédire la fonction systolique ventriculaire gauche postopératoire. Conclusion Outre le rôle pronostique du DTSVG déjà connu, nous démontrons pour la 1ère fois l’intérêt du strain global longitudinal comme facteur indépendant prédictif de dysfonction systolique ventriculaire gauche postopératoire. L’exploration à l’effort n’apporte rien à cette prédiction dans notre expérience. 36 • mars 2012 - N°27 Influence de la situation du shunt dans le syndrome d’Eisenmenger : une étude échocardiographique Pamela MOCERI C.H.U. Pasteur, NICE, C.H.U. Royal Brompton Hospital, LONDON - UK [email protected] Emmanouil Liodakis1, Michael Gatzoulis1, Wei Li1, Konstantinos Dimopoulos1 1 Royal Brompton Hospital, LONDON-UK Méthodes Nous avons étudié 181 patients : 29 présentaient un shunt pré-tricuspidien et 152 un shunt post-tricuspidien parmi lesquels le defect était une CIV (n=75), un CAV (n=57), un canal artériel (n=17), un truncus arteriosus (n=3) ou une fenêtre aorto-pulmonaire (n=1). Nous avons exclu les patients présentant une cardiopathie complexe (ventricule droit systémique, cœur univentriculaire…). Résultats Objectifs Le syndrome d’Eisenmenger est la forme la plus avancée d’HTAP liée aux cardiopathies congénitales. Plusieurs études ont suggéré que la position du defect est responsable de différences dans l’évolution naturelle et la physiologie circulatoire au sein du syndrome d’Eisenmenger. Nous avons ainsi voulu comparer les paramètres échocardiographiques au sein d’une population variée d’HTAP congénitales. La dilatation ventriculaire droite et atriale droite est significativement supérieure chez les patients avec shunt pré-tricuspide (p<0,001 et p=0,001 respectivement), bien que le ventricule droit soit également dilaté chez les patients avec shunt posttricuspidien (49,7% ont un diamètre d’admission > 42mm). La pression atriale droite est plus élevées chez les patients avec CIA (p=0,03). Il n’existe pas de différence significative du pic de l’IT et du temps d’accélération pulmonaire, alors que l’ITV souspulmonaire des patients avec shunt post-tricuspide est plus importante (p=0,05), témoignant d’un débit pulmonaire plus élevé. Le ventricule gauche des patients avec shunt pré-tricuspide est plus déformé que les autres, comme en témoigne l’index d’excentricité (p=0,01). La fonction systolique longitudinale ventriculaire droite est identique dans les 2 groupes : TAPSE p=0,23 et St p=0,6 alors que l’accélération myocardique en phase de contraction isovolumique et la fraction de raccourcissement en surface du VD sont significativement meilleures dans le groupe des defects post-tricuspidiens (respectivement p =0,01 et p<0,001), suggérant donc que la dysfonction ventriculaire droite est plus fréquente chez les patients avec shunt pré-tricuspide. Conclusion L’adaptation du ventricule droit diffère en fonction de l’étage du shunt responsable de l’HTAP, comme témoignent nos résultats échocardiographiques. Il est donc important de considérer qu’il existe une grande variabilité au sein d’une entité unique, le syndrome d’Eisenmenger. mars 2012 - N°27 • 37 35 Evaluation échocardiographique du coeur droit dans le syndrome d’Eisenmenger : une étude comparative avec les autres causes d’HTAP Pamela MOCERI C.H.U. Pasteur, NICE, C.H.U. Royal Brompton Hospital, LONDON - UK [email protected] Denis Doyen1, Pierre Cerboni1, Emilie Ferrari1, Wei Li 2 1 2 C.H.U. Pasteur, NICE Royal Brompton Hospital, London - UK Contexte Les patients atteints du syndrome d’Eisenmenger ont un meilleur pronostic que les patients présentant une HTAP idiopathique ou d’origine respiratoire. Cette meilleure survie est probablement le résultat de la préservation de la fonction VD, étant donné qu’il ne se remodèle pas à la naissance et reste hypertrophié et adapté à la surcharge en pression. Objectif Nous avons voulu comparer les paramètres échocardiographiques du cœur droit dans 2 populations différentes : des adultes présentant un syndrome d’Eisenmenger, ainsi que chez des patients atteints d’une HTAP non congénitale. de l’OD et du VD, bien qu’en moyenne supérieures aux normales, sont inférieures dans la population présentant un syndrome d’Eisenmenger (20cm2 vs 26 cm2, p=0,01 and 26cm2 vs 30cm2, p=0,02 pour la surface de l’OD et la surface télé-diastolique du VD). Concernant la fonction systolique du VD, le TAPSE est similaire dans les 2 groupes (19,1±5 vs 20,5±4,2 mm p=0,1), de même que le pic de l’onde S alors que la fraction de raccourcissement en surface du VD est significativement meilleure chez les patients congénitaux (38,8±10,9% vs 31±8,7% p=0,04). Méthodes et résultats Nous avons étudié 62 patients en Eisenmenger (10 CIA, 1 fenêtre aorto-pulmonaire, 8 canaux artériels, 25 CIV, 18 CAV complet) et 24 patients avec HTAP non congénitale (9 HTAP idiopathiques, 8 liées à une maladie thrombo-embolique chronique, 3 disproportionnées en rapport avec une fibrose pulmonaire, 1 d’origine porto-pulmonaire, 3 liées à l’infection par le HIV et 1 syndrome de VonRecklinghausen). Les patients en Eisenmenger sont plus jeunes (39±15 ans vs 67±13, p<0,0001) que les autres et moins souvent sous traitement vasodilatateur pulmonaire. Le gradient maximal sur le flux d’IT est plus important dans la population congénitale (+23mmHg, p<0,001), alors que les surfaces 38 • mars 2012 - N°27 Conclusion Etant donnée la meilleure survie des patients congénitaux avec HTAP par rapport aux autres, nous nous attendions à de meilleurs paramètres de fonction VD. Nous avons pourtant trouvé que la fonction longitudinale ventriculaire droite est similaire dans les 2 groupes, en revanche la fraction de raccourcissement en surface du VD est bien meilleure. Cette donnée peut-être expliquée par une contraction différente du ventricule droit “congénital” avec une part significative de la contraction radiale, à la différence du ventricule droit « normal » des autres HTAP. En effet, ces données suggèrent que le ventricule droit des HTAP congénitales se contracte plus à la manière d’un ventricule gauche, soumis depuis la période néonatale à des pressions systémiques. Analyse de la fonction diastolique ventriculaire gauche en IRM pour le diagnostic différentiel entre cardiomyopathie restrictive et péricardite constrictive Nicolas PIRIOU C.H.U. Laennec, NANTES [email protected] Karine Warin-Fresse1, Marion Caza1, Georges Fau1, Dominique Crochet1 1 C.H.U. NANTES Objectifs Résultats Cardiomyopathie restrictive (CMR) et péricardite constrictive (PC) sont caractérisées par une altération majeure de la compliance ventriculaire définie par le terme d’adiastolie. Le diagnostic différentiel entre CMR et PC en cas d’adiastolie demeure problématique. Nous avons étudié l’intérêt des paramètres IRM de relaxation ventriculaire gauche (VG), qui doit être altérée en cas de CMR, et préservée en cas de PC. PRD (R = 0,603 ; p = 0,03) et DDR (R = -0,482 ; p = 0,001) étaient corrélés à la Pcap. PRD (CMR : 849 +/- 586 vs PC : 1105 +/- 932) et TPRD (CMR : 32 +/30 vs PC : 23 +/- 11) n’étaient pas différents entre les 2 étiologies. En revanche, le paramètre DDR était significativement allongé chez les patients porteurs de CMR comparés aux patient ayant une PC (224 +/- 98 ms vs 124 +/- 74 ms, p = 0,04). La valeur médiane de DDR observée chez les 18 patients (185 ms) permettait a posteriori de porter le diagnostic de CMR avec une valeur prédictive positive de 87,5 % en cas de DDR > 185 ms (Fig. 1). Matériels et méthodes Nous avons analysé rétrospectivement les IRM cardiaques de dix-huit patients présentant une adiastolie prouvée par cathétérisme cardiaque droit. Dix patients atteints de CMR et 8 de PC ont été explorés. Les paramètres de remplissage VG étaient déterminés sur des séquences SSFP petit axe pour calculer les volumes VG. Les paramètres analysés étaient : pic de remplissage diastolique (PRD, ml/s), délai entre la télésystole et PRD (TPRD, ms) et durée de diastole nécessaire pour atteindre 80 % du volume d’éjection VG (DDR, ms). Leur corrélation avec la pression capillaire pulmonaire (Pcap) et l’étiologie CMR ou PC était analysée. Figure 1 Conclusion La mesure du DDR VG en IRM semble intéressante pour différencier une PC d’une CMR en cas d’adiastolie. Son allongement dans la CMR traduit un trouble de relaxation au premier plan dans cette pathologie, alors que celle-ci est préservée ou peu altérée dans la PC où le trouble de compliance est lié à la contrainte extrinsèque du péricarde. mars 2012 - N°27 • 39 Reclassification des bicupidies aortiques congénitales par l’échographie transthoracique 3d dans une population pédiatrique Marie SADRON C.H.U. Rangueil, TOULOUSE [email protected] Pierre-Emmanuel Seguela1, Brice Arnaudis1, Yves Dulac1, Thomas Cognet1, Philippe Acar1 1 C.H.U. Rangueil, TOULOUSE Objectif Résultats La Bicuspidie Aortique (BA) est la malformation cardiaque congénitale la plus fréquente. Elle augmente le risque de dysfonction valvulaire et d’intervention pendant l’enfance. Selon le soustype de Bicuspidie Aortique, le pronostic et le traitement peuvent différer. Cette étude a pour objectif d’évaluer la faisabilité, la reproductibilité et la précision de l’échographie 3D (ETT3D) en terme de diagnostic positif et du sous type de Bicuspidie Aortique. L’âge médian est de 5 ans [1,4-11,3]. Les concordances inter et intra observateurs sont excellentes avec un k à 0,93 pour chacune. Le temps moyen d’acquisition est de 2,3 minutes. L’ETT3D invalide le diagnostic chez 11,1% [5,0-20,7] des patients suspects de Bicuspidie Aortique en ETT2D. Seulement 44,4% des patients avec un nombre de cusps incertain en ETT2D se voient diagnostiquer une Bicuspidie Aortique en ETT3D. Pour 34,4% [22,9-47,3] des patients, l’ETT3D permet une meilleure visualisation de la morphologie des feuillets et de la position du raphé, induisant une reclassification du sous type de Bicuspidie Aortique, avec classiquement l’apparition d’un raphé non visualisé en ETT2D. Ainsi, la corrélation des sous types entre ETT2D et 3D est modérée (k=0,57). Méthodes 72 enfants consécutifs avec suspicion de Bicuspidie Aortique en ETT2D ont été inclus dans une étude prospective monocentrique. Des acquisitions de la Bicuspidie Aortique en ETT 2D puis 3D ont été réalisées par le même opérateur, puis analysées séparément par 2 cardiopédiatres séniors. La concordance inter et intra observateur a été évaluée dans le sous groupe des 18 premiers patients. L’ETT2D et 3D ont été comparées en terme de description spatiale des cusps et raphés. L’association à des anévrysmes aortiques, coarctation, insuffisance ou rétrécissement aortique ont été notés. Conclusion L’ETT3D est une technique simple, rapide et fiable pour le diagnostic et la description précise de la Bicuspidie Aortique chez les enfants. Cette technique semble particulièrement intéressante dans l’évaluation pronostique ou pour guider le chirurgien. 40 • mars 2012 - N°27 Etude par 2D speckle tracking des mécanismes d’adaptation du ventricule droit à l’effort chez le sujet sain Damien VOILLIOT C.H.U. Brabois, NANCY [email protected] Olivier Huttin1, Jérôme Schwartz1, Pierre-Yves Zinzius1, Charles Christophe1, Jean-Marc Sellal1, Etienne Aliot1, Yves Juillière1, Christine Selton-Suty1 1 C.H.U. NANCY Historique Pendant de nombreuses années le VD a été une cavité oubliée. On note néanmoins un regain d’intérêt actuel et plusieurs études ont prouvé son impact en clinique dans différents domaines (insuffisance cardiaque, HTAP, évaluation du cœur d’athlète …). L’imagerie par 2Dspeckle tracking est déjà utilisée pour l’évaluation de la fonction ventriculaire droite au repos ; cependant son application à l’étude du VD à l’effort n’a pas encore été étudiée. But de l’étude Cette étude a pour but d’étudier l’adaptation du VD à l’effort chez le sujet sain en utilisant l’imagerie 2D-speckle tracking et les paramètres usuels d’évaluation de la fonction VD. Méthodes Nous avons réalisé une échographie de stress chez 30 sujets sains volontaires (moyenne d’âge : 24+/-2 ans) durant un effort soutenu avec des paliers de 30 watts toutes les 3 minutes (GE Vivid E9) avec enregistrement des paramètres échos au repos, à 50 %, 60 % et 70 % de la FMT et en récupération. En complément des vues classiques sur le VG, nous avons enregistré les vues apicales 4 cavités et 2 cavités centrées sur le VD avec une fréquence élevée d’images par seconde (entre 90 et 120 ips). De plus, nous avons enregistré en DTI pulsé les vitesses de déplacement de la paroi latérale du VD. A partir des enregistrements, nous avons mesuré le TAPSE (mm), la fraction de raccourcissement en surface (FRS VD, %), la vélocité maximale de l’onde S (S max, cm/s). et la valeur du strain du VD (є, %) au niveau des segments basal (bas), médian (med) et apical (ap) de la paroi latérale (lat) et inférieure (inf). Nous avons calculé un strain global du VD en moyennant ces 6 segments. Nous avons comparé les valeurs de ces paramètres aux différents paliers. Résultats La charge maximale de travail a été de 180 à 210 watts pour chaque participant. L’analyse des données de strain a pu être réalisée pour tous les patients jusqu’à 60 % de la FMT, et pour 27 patients à 70 % de la FMT. Au repos et en récupération, les valeurs étaient similaires sauf pour la FC et le S max. A chaque palier, la FRS VD, le TAPSE et le S max étaient significativement plus élevés qu’au repos. A l’inverse, les valeurs du strain ont diminué significativement à 60 % et à 70 % de la FMT, avec un retour aux valeurs de base en récupération. mars 2012 - N°27 • 41 Repos 50% de la FMT 60% de la FMT RV FAC (%) 46.21 ±6.84 47.31 ±8.16 53.29 ±7.72 70% de la FMT 57.63 ±9.27 TAPSE (mm) 24.18 ±3.97 27.02 ±3.82 29.71 ±5.07 31.06 ±5.08 24.91 ±5.53 <0.001 <0.001 <0.001 ns S max (cm/s) 15.59 ±2.49 18.5 ±3.2 21.21 ±2.98 23.00 ±2.70 17.19 ±3.80 <0.001 <0.001 <0.001 0.006 RV global long є (%) -28.17 ±3.45 -27.79 ±4.21 -26.19 ±3.67 -23.96 ±3.27 -27.58 ±4.08 ns 0.003 <0.001 ns RV lat long є (%) -30.35 ±3.75 -29.90 ±3.86 -28.04 ±3.30 -25.37 ±4.18 -29.66 ±4.34 ns 0.001 0.001 ns RV inf long є (%) -25.98 ±4.17 -25.69 ±5.31 -24.80 ±5.20 -22.68 ±3.65 -25.51 ±5.09 ns ns 0.005 ns Récup. p1 50.52 ±9.33 ns p2 p3 <0.001 <0.001 p4 0.009 Tableau 1 Evolution des paramètres échographiques durant l’effort. p1 = repos versus 50%, p2 = repos versus 60%, p3 = repos versus 70%, p4 = repos versus récupération. Strain de la paroi latérale du VD Strain de la paroi inférieure du VD Conclusion Malgré une augmentation des paramètres classiques d’évaluation du VD, les valeurs du strain longitudinal du VD diminuent durant l’effort chez le sujet sain. Nous pensons que cette relative diminution du strain longitudinal du VD est probablement compensée par une augmentation de la déformation dans les autres plans de l’espace (circonférentiel). En effet, les fibres myocardiques s’orientent dans deux directions au niveau du VD, longitudinale et circonférentielle. Les fibres circonférentielles prédominent au niveau de l’infundibulum pulmonaire. Or, il a été montré expérimentalement que la réponse inotropique à la stimulation sympathique est plus forte au niveau de la chambre de chasse qu’au niveau de la chambre d’admission. Ces données corrèlent notre hypothèse d’une activation préférentielle des fibres circonférentielles de l’infundibulum pulmonaire à l’effort et donc d’une augmentation du strain circonférentiel contemporaine d’une diminution du strain longitudinal. Cela constituerait le mécanisme principal d’adaptation du VD à l’effort. Malheureusement, l’analyse des paramètres de déformation circonférentielle et radiale du VD n’est pas encore bien clarifiée et nous n’avons pas pu confirmer cette hypothèse à partir des enregistrements réalisés. 42 • mars 2012 - N°27 Amélioration de la fonction ventriculaire droite chez des patients traités par vasodilatateurs pour une hypertension pulmonaire. Une étude prospective utilisant le 2D strain Quentin LANDOLFF C.H.U. Charles Nicolle, ROUEN [email protected] Fabrice Bauer1, Baptiste Kurtz1, Stéphane Dominique1, Catherine Viacroze1, Charlotte Vallet1, Isabelle Durand1, Hélène Eltchaninoff1 1 C.H.U. Charles Nicolle, ROUEN Introduction Le traitement de l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) améliore la classe fonctionnelle et l’hémodynamique des patients atteints d’HTAP. L’effet de ce traitement sur la fonction ventriculaire droite n’a pas été démontré. Matériel et méthodes 23 patients symptomatiques atteints d’HTAP ont été traités par inhibiteurs de la 5-phosphodiestérase (26%), par antagonistes des récepteurs de l’endothéline (32%), ou par association des 2 (42%). Les paramètres échographiques ont été mesurés avant et après 4-6 mois de traitement : la surface des cavités droites en planimétrie, le pic de vélocité de l’onde S à l’anneau tricuspide en Doppler tissulaire, l’excursion systolique du plan de l’anneau tricuspide (TAPSE), le pic de déformation longitudinale du ventricule droit en systole par 2D strain, la vitesse maximale de l’insuffisance tricuspide, ainsi que la fonction ventriculaire gauche de façon conventionnelle. Un cathétérisme cardiaque droit a été réalisé simultanément. Résultats Il y avait 8 hommes. La moyenne d’âge était de 53 ± 19ans. Tous les patients étaient en classe 3 de la NYHA. La pression artérielle pulmonaire moyenne était de 38 ± 12mmHg. Les résultats échographiques montrent après 4-6 mois de traitement une réduction de la surface des cavités droites, suivie d’une diminution de la pression pulmonaire (flux d’insuffisance tricuspide), d’une augmentation de la contraction longitudinale de la paroi libre du ventricule droit. Le pic de vélocité de l’onde S à l’anneau tricuspide en Doppler tissulaire et le TAPSE étaient inchangés. Conclusion Ces résultats suggèrent une diminution de la pression pulmonaire et une amélioration de la fonction ventriculaire droite chez les patients atteints d’une hypertension artérielle pulmonaire recevant un traitement oral vasodilatateur. mars 2012 - N°27 • 43 Etude comparative de la fonction ventriculaire gauche en Speckle tracking 3D et en IRM cardiaque Camille BREMONT C.H.U. Henri Mondor, CRETEIL [email protected] C. Bremont1, L. Macron1, D. Hayat1, J. Nahum1, A. Bensaid1, JL. Dubois-Rande1, P. Gueret1, P. Lim1 (1) AP-HP - University Hospital Henri Mondor, Department of Cardiology, Creteil, France Objectif Résultats Le speckle tracking 3D par échocardiographie 3D en temps réel (3DST) a été récemment proposé comme outil permettant d’améliorer l’évaluation de la fonction myocardique ventriculaire gauche. Afin d’étudier la précision de cet outil, nous avons analysé de façon comparative les données de fonction ventriculaire gauche issues du speckle tracking 3D à celles obtenues en IRM cardiaque. Nous avons pu observer une étroite corrélation entre 3DST et IRM pour les volumes télé diastoliques (131±61mL, r²=0.7), télé systoliques (71±57ml, r²=0.8), et la FEVG (r²=0.7, mean=50±14%). Aucune différence significative n’a été observée pour la mesure de la FEVG entre 3DST et IRM (50.6±16% vs. 50.5±14%, p=0.96). Par ailleurs, tous les indices de déformation myocardique en 3DST étaient corrélés à la FEVG par IRM [r=0.6 pour le strain longitudinal, r=0.7 pour le radial, et r=0.8 pour le circonférentiel]. Méthodes 37 patients (âge=56±14, hommes=25) qui ont été adressés pour évaluation de la fonction ventriculaire gauche en IRM, ont bénéficié le même jour d’une échocardiographie en 3D temps réel. Les volumes, la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) et les paramètres de déformation (strain) myocardique (longitudinale, radiale, et circonférentielle) ont été obtenus par un logiciel de speckle tracking 3D basé sur des acquisitions en mode « multi-beat ». Conclusion Le speckle tracking 3D en temps réel représente un outil fiable de mesure des volumes et de la fraction d’éjection ventriculaires gauches comparé à l’IRM cardiaque: et permet une analyse exhaustive des paramètres de déformation myocardique. 44 • mars 2012 - N°27 L’asynchronisme intra-ventriculaire est supérieur au strain longitudinal global pour la différenciation entre hypertrophie ventriculaire gauche physiologique et pathologique : étude en speckle tracking 2D et 3D Camille BREMONT C.H.U. Henri Mondor, CRETEIL [email protected] Enrique Alonso1, Alexandre Bensaid1, Olfa Zaghden1, Julien Nahum1, Jean-Luc Dubois-Rande1, Pascal Gueret1, Pascal Lim1 1 C.H.U. Henri Mondor, CRETEIL Objectif Résultats La distinction entre hypertrophie ventriculaire gauche (HVG) physiologique et pathologique peut parfois s’avérer difficile chez les athlètes porteurs d’une HVG septale modérée (de 13 à 15mm). Nous avons donc étudié la possibilité de résoudre ce problème au moyen d’indices de déformation myocardique issus du speckle tracking 2D et 3D. L’épaisseur septale moyenne était de 19±5mm chez les CMH (>15mm [n=40], entre 13 et 15mm [n=9]) ; de 12±2mm chez les athlètes (de 13 à 15mm [n=25], <13mm [n=49]) ; et de 10±4mm chez les témoins (p<0.0001). Le pic de strain longitudinal en 2D et 3D était significativement plus faible en valeur absolue chez les CMH comparé aux témoins et aux athlètes (respectivement 13,4±3% vs. -19,3±2% et -18,5±2%). Méthodes Cette étude prospective a permis d’inclure 103 sujets qui ont tous bénéficié d’une échocardiographie complète avec acquisition de séquences en 3D temps réel : 49 porteurs d’une cardiomyopathie hypertrophique (CMH) avec fraction d’éjection préservée (âge=57±14, FEVG=61±6%); 74 sportifs de haut niveau (âge=26±5, FEVG=58±4%) ; et 32 sujets témoins (âge=35±12, FEVG=63±3%). Le pic de strain global était calculé en speckle tracking 2D (composante longitudinale) et 3D (composantes longitudinale, radiale, circonférentielle, et surfacique). L’asynchronisme intra-ventriculaire gauche était obtenu en 2D speckle tracking, par le calcul de la déviation standard des temps au pic de strain longitudinal entre les segments myocardiques (12SD). Chez les sujets porteurs d’une HVG septale modérée (13-15mm), seuls le pic de strain global longitudinal en 2D et 3D (-18±2% vs.-15±3%, p=0.03) et l’asynchronisme intra ventriculaire en 2D speckle tracking (70±31ms vs. 40±9ms, p=0.004) permettaient de différencier CMH et athlète. Cependant l’asynchronisme intra ventriculaire en speckle tracking (AUC=0.87 pour le 12SD) apparaissait supérieur au pic de strain longitudinal pour identifier une HVG modérée (1315mm) pathologique (AUC=0.75 en 2D et AUC=0.79 en 3D). La sensibilité et la spécificité étaient respectivement de 89% et 73% pour identifier une HVG pathologique quand l’asynchronisme était supérieur à 45ms. Conclusion L’asynchronisme intra ventriculaire gauche en speckle tracking permet de différencier de manière plus précise HVG physiologique modérée du cœur d’athlète d’une HVG pathologique de CMH. mars 2012 - N°27 • 45