@vmbleconomie 4 décembre 2014
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Croissance économique vigoureuse, prix du pétrole en baisse et précarité de la situation
des ménages : Une équation difficile à résoudre pour la banque centrale
La première leçon à retenir de la déclaration d’aujourd’hui concerne la vue d’ensemble des responsables de la Banque du Canada
sur l’inflation au pays. Contrairement à d’autres participants au marché qui se concentrent uniquement sur l’IPC global et l’IPC de
référence, la Banque du Canada surveille l’inflation sous-jacente au moyen d’un vaste éventail de mesures.
Plus précisément, les mesures relatives à la composante commune (qui fait ressortir les mouvements sectoriels), à la médiane
pondérée (composante présente dans 50 % du panier), MOYET (dont sont retranchées les variations de prix se situant à plus de
1,5 écart-type) et IPCP (qui réduit le poids des composantes plus volatiles) sont toutes inférieures à la cible de 2 %. Les résultats
révélés par ces quatre mesures diffèrent sensiblement de l’IPC global et de l’IPC de référence qui ont affiché une hausse marquée au
cours du dernier exercice. Ces mesures moins répandues de l’inflation tendancielle rassurent, du moins provisoirement, les
responsables de la Banque du Canada qui ne perçoivent pas l’augmentation de l’inflation des prix à la consommation comme
généralisée ou persistante. Cependant, il reste à voir pendant combien de temps les mesures sous-jacentes pourront se maintenir
sous la barre de 2 %.
Trois forces entrent en jeu ici. En premier lieu, l’économie réelle sous-jacente continue à prendre de la vigueur. La Banque du Canada
reconnaît à juste titre l’effet favorable de la solide expansion observée chez nos voisins du Sud. On connaît l’effet de domino qui
s’ensuit : le raffermissement des exportations favorise les investissements des entreprises et les emplois au niveau national, une
combinaison de facteurs reconnue pour pousser l’inflation à la hausse.
En deuxième lieu, la récente chute des cours mondiaux du pétrole pourrait avoir de lourdes conséquences pour l’économie
canadienne et l’évolution de l’inflation. À notre avis, la production excédentaire et le niveau élevé des stocks d’hydrocarbures dans les
pays industrialisés ne laissent pas présager un relèvement des prix à court terme. Au fil du temps, les perspectives s’amélioreront
dans le secteur pétrolier si la stratégie de l’OPEC qui vise à freiner l’exploitation du pétrole de schiste aux États-Unis porte ses fruits
et que la demande se tonifie. Cela dit, la baisse des prix du brut a probablement contribué à maintenir l’équilibre des risques « à
l’intérieur de la zone pour laquelle l’orientation actuelle de la politique monétaire est appropriée ». Sans cette baisse, les risques liés à
l’inflation se seraient sans doute intensifiés, obligeant la Banque du Canada à préparer les marchés financiers en vue de hausses de
taux beaucoup plus tôt en 2015.
En troisième lieu, la précarité des ménages constitue un autre risque bien réel. La Banque du Canada a sonné l’alarme hier matin, en
reconnaissant que les déséquilibres dans le secteur des ménages représentaient un risque important pour la stabilité financière. Nous
croyons que ce facteur pourrait réduire la capacité de la Banque du Canada d’augmenter les taux. Il faudra voir si les économies
réalisées sur l’essence seront dépensées ailleurs ou affectées au désendettement.
En résumé, la Banque du Canada a cessé d’appliquer sa stratégie en matière de prévisions relatives à la politique monétaire en
octobre dernier. Cette décision s’est révélée judicieuse dans les circonstances, puisque les facteurs qui influent tant négativement
que positivement sur la croissance et l’inflation se sont amplifiés. Il semble toutefois moins certain que le degré actuel de détente
monétaire continuera de servir les intérêts de la banque centrale à court terme. Compte tenu de la montée en puissance de
l’économie américaine et du déroulement prévu des événements au Canada, les participants au marché devraient comprendre que la
tendance des taux de financement à un jour est à la hausse. Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada continue à faire
preuve de prudence et augmente les taux de manière graduelle une fois que la Fed aura relevé son taux directeur, vers le milieu de
2015. Selon nous, le taux de financement à un jour cible devrait donc atteindre 1,25 % d’ici la fin de 2015.
Sébastien Lavoie | Économiste en chef adjoint,
Responsable de la Recherche économique