SECURITE ALIMENTAIRE ET PRIX DES
MATIERES PREMIERES
Delphine Houba
Décembre
2010
Editrice responsable : A. Poutrain – 13, Boulevard de l’Empereur – 1000 Bruxelles
Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - iev@iev.be
1
Introduction ............................................................................................ 2
A. Concept et définition ...................................................................... 2
B. La faim dans le monde .................................................................... 3
C. Structure économique des pays du Sud et dépendance aux
matières premières ................................................................................. 5
1. La colonisation ......................................................................... 5
2. Les années ’40 – ‘50 ................................................................. 5
3. Les années ’60 – ‘80 ................................................................. 5
4. Des années ’90 à aujourd’hui ..................................................... 7
5. Illustration des déséquilibres alimentaires dans le monde .............. 9
D. Prix des matières premières et spéculation .................................. 13
1. Les prix des matières premières d’hier et d’aujourd’hui ............... 13
2. La spéculation et son impact sur le prix des matières premières ... 14
E. Conclusions .................................................................................. 16
Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - iev@iev.be
2
Introduction
1
Après avoir négligé pendant plus de 20 ans le secteur agricole, la Banque
mondiale a publié, le 7 septembre 2010, un rapport portant sur l’encadrement
des terres agricoles
2
. Celles-ci suscitent un intérêt croissant de la part de
puissants investisseurs, souvent étrangers au pays, menaçant la capacité de
certaines populations à s’alimenter.
Deux raisons poussent à se pencher, aujourd’hui, sur la question de la faim dans
le monde. D’abord, les émeutes de la faim, qui ont marqué la période 2007-
2008. Ensuite, lors de la crise financière de 2008, l’action cynique des marchés
financiers sur le marché des matières premières alimentaires. Certains
opérateurs financiers, après avoir spéculé sur la dette des Etats se sont tournés
vers les marchés des matières premières.
Cette note propose de faire le point sur le rôle de la spéculation dans la
fluctuation des prix des matières premières alimentaires.
Plus précisément, il s’agir de répondre aux trois questions suivantes :
Quelle est la situation actuelle en matière de faim dans le monde ?
Quelle sont les raisons de la dépendance aux matières
premières des pays du Sud ?
Quelle est l’évolution des prix des matières premières alimentaires
et, plus particulièrement, quel est le rôle de la spéculation dans ce
contexte ?
A. Concept et définition
Mais avant d’entrer au cœur du sujet, deux concepts méritent notre attention : la
sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire.
La sécurité alimentaire est un concept qui renvoie autant à la quantité qu’à la
qualité des biens et produits alimentaires. Ce concept, tel que défini lors du
Sommet mondial de l’Alimentation des 13-17 novembre 1996
3
, recouvre quatre
dimensions indissociables, à savoir la disponibili des biens alimentaires sur le
marché, l’accès à ces biens (autant en termes de pouvoir d’achat que
d’infrastructures), la stabilité de l’environnement au sens large (politique,
climatique, etc.) et, enfin, l’hygiène.
Une autre notion fait davantage référence à la responsabiliétatique ; celle de
souveraineté alimentaire. Cette dernière, prolongeant le concept de sécurité
alimentaire, a été développée en 1996 par des associations paysannes du monde
1
Cet « Etat de la question » sur la sécurité alimentaire et le prix des matières premières est
principalement basé sur les travaux d’Arnaud Zacharie, Secrétaire Général du CNCD (Centre
National de Coopération au Développement), et d’Olivier De Schutter, Rapporteur spécial des
Nations Unies pour le Droit à l’Alimentation.
2
The World Bank, Rising global Interest in Farmland – Can it yield sustainable and equitable
benefits ?, September 7, 2010.
3
http://www.fao.org/docrep/003/w3548f/w3548f00.htm
Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - iev@iev.be
3
entier (Déclaration de Via Campesina
4
), leur objectif étant de rappeler qu’il
revient aux Etats de décider souverainement de leurs politiques agricoles et
alimentaires.
B. La faim dans le monde
Pour rappel, l’article 25 de la Déclaration universelle des Droits de
l’Homme (1948) stipule que « toute personne a droit à un niveau de vie
suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment
pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour
les services sociaux nécessaires […] ».
On estime actuellement à près de 925 millions le nombre de personnes
souffrant de la faim dans le monde
5
. Les calories dont disposent ces
personnes quotidiennement ne leur permettent de mener une vie digne. Et les
projections dans les années futures sont loin d’être rassurantes, étant donné
qu’en 2050, il faudra nourrir plus de 9 milliards d’individus, contre 6,7 milliards
aujourd’hui.
La problématique de la faim dans le monde englobe divers phénomènes, tels que
la privation de nourriture (sous-nutrition), les besoins en nourriture (malnutrition
et carences), la consommation, la production et le commerce alimentaire, l’accès
à la nourriture, l’aide alimentaire et la nutrition des enfants.
Actuellement, les personnes qui souffrent le plus de la faim habitent dans
l’hémisphère Sud et sont principalement localisées sur le continent africain. Il
s’agit surtout de petits cultivateurs, de paysans pour qui cultiver la terre ne
suffit pas à subsister.
Source : FAO
6
4
http://www.viacampesina.org/fr/index.php?option=com_content&view=article&id=227:declaration-
de-tlaxcala-concernant-la-via-campesina&catid=32:2-tlaxcala&Itemid=48
5
http://www.fao.org/news/story/fr/item/45232/icode/
6
http://www.fao.org/hunger/hunger-home/fr/
Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - iev@iev.be
4
Les deux principales organisations internationales au sein du système des
Nations Unies chargées de traiter du problème de la faim dans le monde sont la
FAO et le PAM.
La FAO
7
, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
(1945), est la « tête pensante » de la politique alimentaire des Nations Unies.
Elle centralise toute une série de données sur les Etats, tant du Nord que du Sud,
et sert de lieu de rencontre entre les Etats (échange d’expertises, circulation de
l’information. Cette organisation préexistait à la Déclaration Universelle des
Droits de l’Homme.
Le PAM
8
, Programme Alimentaire Mondial (1962), est l’agence humanitaire qui
agit sur le terrain, principalement en distribuant de la nourriture à la suite de
catastrophes naturelles, de guerres ou de conflits. Le principal défi est d’ensuite
créer les conditions favorables permettant à un pays d’assurer par ses propres
moyens la sécurité alimentaire sur son territoire. Le PAM compte 36 Etats
membres et dispose d’un budget de 4,2 milliards $ (récolté sur la base d’une
contribution volontaire). En 2009, le PAM a nourri plus de 100 millions de
personnes dans 75 pays par le biais de la distribution de 4,6 millions de tonnes
de nourriture.
En 2000, les Etats membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU) se sont
engagés à atteindre, pour l’horizon 2015, les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD). Il s’agit de 8 objectifs visant à améliorer l’existence des
populations démunies à travers la planète
9
dont le premier consiste à réduire
l’extrême pauvreté et la faim.
Pour atteindre cet objectif, l’ONU a lancé des initiatives visant à assurer le plein
emploi et à promouvoir le travail décent afin de réduire de moitié, entre 1990
(première année pour laquelle on dispose de chiffres concernant l’extrême
pauvreté) et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à
1$ par jour, et donc, indirectement, la proportion de la population mondiale qui
souffre de la faim.
Ces initiatives sont certes louables quant à leur objectif mais un regard critique
s’impose au sujet du contenu de ces politiques.
Comme annoncé sans équivoque dans le rapport intitulé « La FAO au travail,
2009-2010 », il va falloir « produire davantage pour nourrir 9 milliards
d’individus ». Il « faudra redoubler d’efforts pour trouver de nouveaux moyens,
plus efficaces et intensifs, de produire notre nourriture »
10
. Or, l’idée qu’il faut
produire plus et intensivement est loin d’être partagée par tout le
monde. Une autre thèse consiste à plaider pour un développement équitable et
7
http://www.fao.org
8
http://fr.wfp.org/
9
Les 8 OMD sont : (1) réduite l’extrême pauvreté et la faim, (2) assurer l’éducation primaire pour
tous, (3) promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, (4) réduire la mortalité
infantile, (5) améliorer la santé maternelle, (6) combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres
maladies, (7) préserver l’environnement et (8) mettre en place un partenariat mondial pour le
développement.
10
http://www.fao.org/docrep/013/am023f/am023f00.pdf
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