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un cycle naturel de la terre, que la hausse de température serait provoquée par
le soleil, ou encore qu’il s’agirait uniquement d’une machination de scientifiques
catastrophistes cherchant à justifier leurs propres recherches, comme le
suggèrerait une série d’e-mails dévoilés fin 2009
5
.
Ces incertitudes ne remettent pas non plus en cause le changement climatique et
son origine humaine. Cela met toutefois en évidence que les climatologues n’ont
pas clôturé leur réflexion en la matière et qu’ils restent ouverts à la critique
scientifique. Le débat scientifique reste d’ailleurs intense. Ainsi, « ISI Web of
Science [1
ère
plateforme de recherche sur internet en termes de sciences et de
sciences sociales] enregistre en 2010 plus de 16.300 publications référencées
avec le mot-clé « climat », soit environ deux fois plus qu’en 2005 (8.500 articles)
et cinq fois plus qu’en 2000 (5.300 articles)
6
».
Ce consensus scientifique transparaît également à travers les travaux du GIEC
(Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) mis en place en
1988 par l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations
Unies pour l’environnement. Le GIEC contribue à la réalisation de la Convention-
cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. A intervalles réguliers,
il dresse la synthèse des connaissances scientifiques sur le sujet. Il n’effectue pas
de recherche par lui-même mais établit un socle de connaissance commun. Le
GIEC respecte les méthodes classiques d’élaboration du savoir scientifique via la
relecture critique des textes par la communauté scientifique (ce qu’on appelle le
« peer-review » ou la vérification par les pairs)
7
.
Comme on l’a déjà évoqué, le consensus scientifique général n’a néanmoins pas
empêché le développement du scepticisme climatique. Au préalable, il faut
préciser que ce terme unique recouvre différentes formes. Il peut s’agir soit de
remettre en cause le réchauffement climatique en lui-même, soit de nier la
responsabilité humaine en la matière, soit de minimiser la gravité des
conséquences du réchauffement. Par facilité, nous utiliserons le terme climato-
scepticisme de façon indifférenciée.
Ce phénomène multiforme a pris de l’ampleur et interfère avec le discours
scientifique. Vu que la recherche scientifique est basée sur le doute et que la
connaissance peut toujours contenir une part d’incertitude, les climato-
sceptiques utilisent cette incertitude pour remettre en cause la totalité des
résultats scientifiques – bien que ceux-ci restent fiables. Les climato-sceptiques
se servent en fait des codes du discours scientifique (le doute et le
questionnement) pour donner l’apparence de la science à leur message et
décrédibiliser les résultats scientifiques
8
.
La technique consiste en fait à lancer des controverses pour maintenir la
confusion autour des études climatiques et ainsi délégitimer leurs conclusions.
Cette stratégie a déjà été utilisée par le passé, en particulier aux États-Unis,
5
Voir notamment à ce propos le site http://www.skepticalscience.com qui liste et démonte ces diverses fausses
affirmations.
6
MASSON-DELMOTTE, Valérie, op. cit., p. 41.
7
Intergovernmental Panel on Climate Change, http://www.ipcc.ch/index.htm
8
HENRY, Claude, TUBIANA, Laurence, « Préface », dans ZACCAI, Edwin et alii (dir.), Controverses climatiques,
sciences et politique, Paris, Presses de Sciences Po, 2012, pp. 18-19.