DiabetesVoice
Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 39
Andrew Renehan
Andrew Renehan est professeur d'études
et de chirurgie du cancer su sein de
l'Institute of Cancer Sciences de l'Université
de Manchester, au Royaume-Uni.
Références
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récentes analyses actualisées de l'étude de
cohorte du KPNC sur le pioglitazone et le
cancer de la vessie montrent que le risque
disparaît pour l'essentiel lorsqu'un ajuste-
ment pour l'albuminurie est réalisé. D'après
ces nouvelles analyses, le lien établi avec le
cancer de la vessie serait donc dû à un biais
de détection. Des études complémentaires
sont par conséquent clairement requises
pour trancher cette question.
Hypoglycémiants à base d'incrétine
Les hypoglycémiants à base d'incrétine ont
été introduits sur le marché américain en
2005 et ont démontré leur efficacité, que ce
soit en tant qu'agonistes des récepteurs du
GLP-1 (glucagon-like peptide 1) ou qu'in-
hibiteurs de la DPP-4 (dipeptidyl peptidase
4). Des craintes quant aux conséquences
à long terme de l'utilisation de ces traite-
ments en termes de cancer ont toutefois
surgi ces dernières années. Les problèmes
invoqués concernent la capacité de ces
deux classes de médicaments à favoriser
une pancréatite aiguë, puis à induire des
modifications histologiques évoquant une
pancréatite chronique subclinique avec lé-
sions précancéreuses associées (prolifération
canalaire, par exemple), voire, à long terme,
un cancer du pancréas.10 Il pourrait par ai-
lleurs y avoir un risque accru de cancer de la
thyroïde. Ces données sont particulièrement
difficiles à interpréter, et ce pour plusieurs
raisons. D'une part, l'utilisation à long ter-
me d'hypoglycémiants à base d'incrétine
est limitée et, d'autre part, on ignore avec
certitude si les données des modèles animaux
précliniques se traduisent directement par le
développement d'un cancer chez l'homme et
s'il y a eu un ajustement et une modélisation
adéquats afin de prendre en compte les biais
et la confusion expliqués dans les premiers
paragraphes de cet article.
Conclusion
Que signifient donc ces diverses observations
pour la pratique clinique au quotidien ? En ce
qui concerne l'utilisation d'analogues d'insu-
line à action longue, les données sont rassu-
rantes : s'il y a des raisons théoriques (sur la
base d'études en laboratoire) de penser que
ces analogues peuvent accroître le risque de
cancer, cette hausse est toutefois négligeable,
voire nulle, chez les patients. Pour ce qui est
de la metformine, il convient d'encourager
la poursuite de l'étude en laboratoire de ce
médicament en tant qu'agent anticancéreux.
Dans la pratique clinique, la prescription ad
hoc de metformine chez des patients sou-
ffrant d'un cancer mais pas de diabète ne
peut être justifiée ; son utilisation doit être
limitée à des essais prospectifs enregistrés.
En cas de prescription de pioglitazone, le
clinicien doit être attentif aux patients ayant
des antécédents de cancer de la vessie ou
une prédisposition à celui-ci. Pour ce qui est
des hypoglycémiants à base d'incrétine, les
données probantes sont actuellement trop
immatures pour avoir un impact significatif
sur la pratique clinique.
Pratique clinique