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investissements sont rentables au sens de l’analyse socio-économique « coûts-bénéfices ».
Plus généralement, le développement de l’évaluation du coût des dommages, ou,
symétriquement, celle de la valeur des services environnementaux, a constitué, ces quinze
dernières années, un champ de recherches et d’études extrêmement fécond, qui permet
aujourd’hui de disposer de références -certes perfectibles et à utiliser en étant conscient de
leurs incertitudes- pour évaluer les politiques ou projets d’investissements, par rapport aux
enjeux d’environnement, de risques, et de long terme qui sous-tendent la notion de
développement durable (Bureau, 2012). La rentabilité économique générale des
investissements verts peut ainsi être documentée, mais si elle pose encore de redoutables
problèmes d’évaluation (Gollier, 2013).
Mais, pour apprécier la place à accorder, aujourd’hui, aux investissements verts dans les
équilibres macroéconomiques, il convient de discuter plus précisément le « timing » de cet
effort, et de justifier plus avant l’importance de la « bosse » qui devrait être financée à court-
terme. A cet égard, les questions plus précises que soulèvent les « macro-économistes »
concernent :
- l’ampleur alléguée des mesures « sans-regret » ou des investissements à réaliser
immédiatement, qu’ils interprètent comme un diagnostic implicite d’une inefficacité
apparente des marchés extrême,
- la rentabilité « immédiate » de ces projets. Certes, il est reconnu qu’il convient
d’intégrer les raisonnements en valeur d’option à la « Arrow-Fisher-Henry »
(Baumstark et Gollier, 2009) ou les contraintes résultant des courbes d’apprentissage,
qui justifient une action précoce et expliquent aussi que les dates optimales de
réalisation des projets « vert » soient peu sensibles à la conjoncture macroéconomique.
Pour autant, celles-ci restent dépendantes des trajectoires de prix, notamment des
ressources naturelles, ou du carbone, si bien que la question de la programmation des
investissements par ordre de mérite, et celle de leurs dates optimales de réalisation
demeurent pertinentes,
- l’affectation des instruments, au regard de la typologie classique de Musgrave, qui
sépare nettement les fonctions de stabilisation et de redistribution, de celles
d’allocation des ressources. Dans cette perspective, il est mis en avant, qu’une fois
établis les prix écologiques nécessaires pour assurer l’internalisation des différentes
raretés des ressources naturelles, la conduite de la politique macroéconomique se
poserait dans les termes « usuels », sous-entendu, sans qu’il y ait lieu de prendre en
compte à ce niveau les considérations allocatives. Toutefois, ceci suppose que les
instruments redistributifs d’accompagnement soient en place, et que les conditions de
financement des investissements verts soient parfaitement efficaces.
Ces questions se situent à un niveau intermédiaire, entre, en amont, l’analyse des contraintes
de soutenabilité, et, en aval, celle des problèmes de financement des investissements verts.
Elles interrogent l’articulation entre les politiques spécifiques de transition écologique
(normes, incitations, orientation du progrès technique) et les autres politiques, ou, dit
autrement, les risques que les imperfections d’autres marchés ou d’autres politiques, fassent
obstacle à la pleine efficacité de celles-ci. Pour cela, il faut en premier lieu identifier ces
interactions potentielles : par exemple, les problèmes de financement seront d’autant plus
aigus que les investissements « verts » seront lourds et « s’ajouteront » aux autres besoins
d’investissement. Comme ce fût le cas au début des années 90 avec les débats sur les besoins