Session 1 - Club ExoEndo 2004 Distribution Subcellulaire des Récepteurs du Glutamate de type Kaïnate Jaskolski.F, Coussen.F, Normand.E, Mulle.C, UMR 5091. Physiologie Cellulaire de la Synapse, CNRS, UMR 5091. La répartition cellulaire des récepteurs du glutamate conditionne leur rôle physiologique comme médiateur ou régulateur de la transmission synaptique. Il existe trois familles de récepteurs ionotropiques du glutamate, les récepteurs AMPA, NMDA et Kaïnate (KARs). Les KARs sont des hétérotétramères composés d'une combinaison des sous-unités GluR5, GluR6, GluR7, KA1 et KA2. Ces sous-unités sont des protéines transmembranaires pour lesquelles il existe différents variants d'épissage. Nous avons étudié la distribution subcellulaire des variants d'épissage C-terminaux des sous-unités GluR5 et GluR6 (GluR5a, GluR5b, GluR5c, GluR6a, GluR6b). Le domaine C-terminal des sous-unités des KARs est intracellulaire et constitue potentiellement un site de régulation pour le trafic cellulaire de ces protéines. L’utilisation de sous-unités recombinantes étiquetées en N-terminal et transfectées dans des neurones d’hippocampe de souris en culture (de génotype sauvage ou déficientes GluR5-/xGluR6-/-) nous a permis d’étudier l’adressage membranaire des KARs. Les différents variants d’épissage des sous-unités GluR5 et GluR6 ne sont pas exprimés dans les mêmes proportions à la surface des cellules. Les sous-unités GluR5a, GluR5b, GluR5c et GluR6b sont faiblement détectées à la surface des cellules et sont retenues dans le réticulum endoplasmique (RE). La sous-unités GluR5c porte un site de rétention dans le RE de type RXR. Par contre, GluR6a possède un site d’export du RE dans son domaine C-terminal que nous avons identifié 871-CQRRLKHKP-879. Enfin, l’hétéromérisation de GluR6a avec une sous-unité retenue dans le RE favorise la sortie de l’hétéromère du RE vers la membrane plasmique. Ainsi, l’épissage alternatif et la composition en sous-unité sont des facteurs déterminants pour la distribution subcellulaire des KARs. Session 1 - Club ExoEndo 2004 Deux mécanismes indépendants sont impliqués dans la compartimentation de protéines au segment initial de l’axone Anissa MOUSSIF, Marie-Pierre FACHE, Fanny FERNANDES, Pierre GIRAUD, Juan José GARRIDO# et Bénédicte DARGENT. Inserm U641, Institut Jean Roche, Université De la Méditerranée, Faculté de Médecine Secteur Nord, Boulevard Pierre Dramard, 13916 Marseille cedex 20, France. # Centro de Biologica Molecular « Severo Ochoa », Universidad Autonoma de Madrid, 28049 Cantoblanco, Spain. A la jonction entre le domaine somato-dendritique et le domaine axonal, le segment initial de l’axone (SIA) joue un rôle déterminant dans la physiologie du neurone. Son organisation moléculaire en fait le site privilégié de génération du potentiel d’action mais aussi une barrière de diffusion, support de la polarité neuronale. Ce sous-domaine axonal se caractérise par la présence du complexe protéique ankyrine G/βIV spectrine associé au cytosquelette et par l’accumulation de glycoprotéines membranaires telles que les protéines d’adhérence de la famille L1 et les canaux sodium voltage-dépendants. Pour identifier les déterminants d’adressage et d’organisation des canaux sodium au SIA, nous avons développé une approche basée sur l’analyse de l’expression de chimères transfectées dans des neurones d’hippocampe. Les différentes régions cytoplasmiques de la sous-unité Nav1.2 formant le pore du canal, ont été fusionnées au récepteur CD4 délété de sa région intracellulaire. Nous avons montré qu’un motif de 27 acides aminés (acides aminés 1102-1128, motif AIS) localisé dans la région cytoplasmique liant les domaines II et III du canal (CD4-Nav1.2-II-III) détermine sa compartimentation au SIA (1). Neuf de ces acides aminés dont un résidu glutamate (E1111), composent le motif consensus d’interaction de la sous-unité Nav1 des canaux sodiques avec l’ankyrine G (2). Nous montrons dans cette étude que l’accumulation et l’ancrage de CD4-Nav1.2-II-III dans le SIA repose sur ce résidu. Pour analyser les voies du trafic intracellulaire de CD4-Nav1.2-II-III conduisant à son enrichissement et à sa rétention dans la membrane du SIA nous avons étudié sa cinétique d’insertion. Les résultats obtenus montrent que la protéine nouvellement synthétisée est préférentiellement incorporée dans le domaine somato-dendritique et dans le segment initial de l’axone. Son apparition dans la région plus distale de l’axone a lieu ultérieurement. L’application d’un test d’immunoendocytose a montré que la protéine est ensuite éliminée par endocytose de la membrane plasmique à l’exclusion du SIA. L’internalisation de CD4Nav1.2-II-III est gouvernée par un second motif de 19 acides aminés (acides aminés 10101030) distinct et indépendant du motif AIS. Ces observations nous conduisent à proposer le modèle suivant (3). Après une insertion préférentielle dans la membrane du domaine somato-dendritique, CD4-Nav1.2-II-III diffuserait par la suite vers le compartiment axonal. La protéine serait alors piégée et ancrée au SIA via une interaction avec l’ankyrine G. Pour finir, son endocytose permettrait son élimination de la membrane des autres compartiments du neurone. Nous n’excluons pas pour autant d’autres voies possibles de trafic comme un acheminement direct des protéines au segment initial de l’axone. 1-Garrido, J.J., Giraud, P., Carlier, E., Fernandes, F., Moussif, A., Fache, MP., Debanne, D.and Dargent, B. Identification of a targeting motif involved in sodium channel clustering at the axonal initial segment Science 2003; 30, 2091-2094. 2-Lemaillet, G., Walker, B. And Lambert S. Identification of a conserved ankyrin binding motif in the family of sodium channel 3-.Moussif, A. and Fache, MP., Fernandes, F., Giraud, P., Garrido, J.J.and Dargent, B.Endocytotic elimination and domain –selective tethering confer protein segregation at the axonal initial segment, (article soumis) Session 1 - Club ExoEndo 2004 IMPLICATION DE LA NEUROTRANSMISSION EXCITATRICE DANS LA DYNAMIQUE MEMBRANAIRE DU RECEPTEUR DE LA GLYCINE Sabine Lévi. Ecole normale Supérieure, 46 rue d’Ulm, 75005 Paris. Les récepteurs aux neurotransmetteurs sont enrichis dans la membrane postsynaptique, face aux terminaisons contenant le neurotransmetteur correspondant. Tel est le cas du récepteur inhibiteur de la glycine (RGly) qui prédomine dans la moelle épinière et le tronc cérébral. Les récepteurs sont ancrés au cytosquelette sous-synaptique par l’intermédiaire d’un échafaudage moléculaire. Des modifications structurales de l’élément postsynaptique sont impliquées dans les processus de plasticité développementale et d’apprentissage. La dynamique de diffusion latérale des récepteurs permet de rendre compte de l’organisation de la membrane postsynaptique. Nous avons utilisé des sondes fluorescentes inorganiques nanomètriques, les quantums dots semiconducteurs, pour suivre la diffusion membranaire du RGly en molécule unique sur des neurones spinaux vivants (Science 302, 2003, pg 442-445). Plusieurs domaines membranaires de diffusion ont été caractérisés en relation avec la localisation synaptique, périsynaptique ou extrasynaptique des récepteurs. L’entrée de récepteurs dans la fente synaptique par diffusion a été observée et confirmée en microscopie électronique. Lors d’échanges synaptiques, le RGly alternait rapidement entre des états de diffusion libre et confinée démontrant l’importance du mécanisme de diffusion-capture dans l’accumulation postsynaptique des récepteurs. Le rôle du cytosquelette et de l’activité dans la mobilité du RGly a été analysée. Nous avons observé que la dynamique membranaire du RGly est accélérée à la suite d’une dépolymérisation des microtubules et de l’actine par le nocodazole et la latrunculine, respectivement. Le cytosquelette limite donc les déplacements du récepteur. Le blocage de la libération évoquée en neurotransmetteur par la tétrodotoxine augmente la diffusion du RGly. La transmission inhibitrice glycinergique n’est pas impliquée dans cette diffusion. En revanche, la diffusion du RGly est augmentée à la suite d’un blocage de la transmission excitatrice glutamatergique. Nous avons montré que cet effet est médié par une élévation de la concentration en calcium intracellulaire. En effet, une élévation transitoire du calcium intracellulaire à la suite de l’activation du RNMDA déclenche une cascade signalétique qui induit des réarrangements du cytoquelette (ref dans Nature Rev. Neuroscience 5, 2004, pg 45-54). Nos résultats indiquent que la neurotransmission excitatrice controle la dynamique du RGly via la polymérisation du cytosquelette sous-membranaire. Session 1 - Club ExoEndo 2004 MODULATION PAR DES FACTEURS NEUROTROPHIQUES D’UN TRAFIC MEMBRANAIRE PRE-SYNAPTIQUE VISUALISÉ IN VIVO À LA JONCTION NEUROMUSCULAIRE PAR L’UTILISATION DE TRACEURS DÉRIVÉS DE LA NEUROTOXINE TÉTANIQUE. Sylvie ROUX(1,2) ; Cécile SAINT CLOMENT(1) ; Emmanuelle GIRARD(2) ; Thomas CURIE(1) ; Julien BARBIER(2) ; Cesare COLOSSANTE(3) ; Francisco-Javier MIANAMENA(4) ; Jordi MOLGO(2) & Philippe BRULET(1). (1) Unité d’Embryologie Moléculaire, URA CNRS 2578 Institut Pasteur Paris, France (2) Laboratoire de Neurobiologie Cellulaire et Moléculaire UPR CNRS 9040 Gif-sur-Yvette, France. (3) Facultad de Medicina, Universidad de Los Andes, Merida, Venezuela (4) Laboratorio de Genetica Bioquimica y Grupos Sanguineos, Facultad de Veterinaria Zaragoza, Spain. Pour comprendre et analyser l’organisation synaptique et le fonctionnement de réseaux neuronaux, nous avons utilisé des traceurs dérivés de la neurotoxine tétanique. Par injection intramusculaire d’une protéine de fusion entre le fragment C-terminal atoxique de la toxine tétanique ou fragment TTC et un gène rapporteur comme la Green Fluorescent Protein (GFPTTC) ou lacZ (ßGal-TTC), on visualise in vivo un trafic membranaire spécifique à la jonction neuromusculaire. Après l’injection, la protéine de fusion se concentre rapidement au niveau de la jonction neuromusculaire active. Elle est internalisée au niveau neuronal puis acheminée par transport rétrograde jusqu’aux dendrites puis à un neurone en connexion. L’activité nerveuse pré-synaptique agit sur ce trafic probablement via l’intermédiaire de la sécrétion et/ou l’action de différentes molécules. Nous avons donc étudié l’influence de différents facteurs neurotrophiques et en particulier des neurotrophines. Ainsi, l’injection de BDNF, mais également de NT-4 et de GDNF, augmente la concentration du traceur à la jonction neuromusculaire ainsi que son internalisation neuronale, probablement par des microdomaines lipidiques. Par comparaison avec les marquages obtenus par injection du fragment B de la toxine du choléra, un marqueur spécifique des radeaux lipidiques, on a pu mettre en évidence une dynamique différente de concentration entre ces deux traceurs. Comme le marqueur GFP-TTC utilise pour son internalisation et son trafic des mécanismes cellulaires constitutifs, on visualise donc avec ce traceur un trafic membranaire physiologique probablement impliqué dans le fonctionnement synaptique. Session 1 - Club ExoEndo 2004 La mémoire cellulaire neuronale, pré- ou post-synaptique ? Humeau Yann. Centre de Neurochimie, 5 rue Blaise Pascal, 67084 Strasbourg. La plasticité des connexions synaptiques au sein du système nerveux central est à l’origine des phénomènes d’apprentissage et de mémorisation. La traduction moderne du principe énoncé par Hebb dans les années 50 est synaptique : l’activité simultanée des éléments pré- et post-synaptiques entraîne des modifications de la physiologie synaptique avec comme conséquences un changement i) de la force synaptique a ce niveau et ii) des propriétés d’intégration du neurone post-synaptique. Les données historiques obtenues dans l’aire CA1 de l’hippocampe ont mené à une vision purement post-synaptique de la plasticité à long terme avec un rôle central des récepteurs glutamatergiques (AMPA et NMDA). Cependant, des études récentes menées dans diverses structures cérébrales soulignent également la plasticité de la libération de neurotransmetteurs par l’élément présynaptique. Je décrirais ici les études que nous menons sur les neurones de projection de l’amygdale latérale (LA) qui intègrent des inputs excitateurs thalamiques et corticaux, porteurs d’informations sensorielles essentielles à la fonction du noyau amygdalien. Nous avons pu mettre en évidence l’existence d’une forme de plasticité à long terme associative résultant de l’activité conjointe des inputs excitateurs sans intervention des neurones post-synaptiques ou d’autres acteurs cellulaires locaux. Cette forme de LTP (Long Term Potentiation) associative et hétérosynaptique ajoute un niveau de complexité supplémentaire au principe de Hebb, et d’une façon plus générale, ces formes de plasticité présynaptiques (liées à des changements de la probabilité de libération) posent une question de biologie cellulaire plus générale : Quels sont les mécanismes cellulaires permettant de moduler sur le long terme l’activité exocytotique des terminaisons synaptiques ? Humeau Y, Shaban H, Bissiere S, Lüthi A.(2003) Presynaptic induction of heterosynaptic associative plasticity in the mammalian brain. Nature. 426:841-5.