décision pour le sortir de cette école mais le placer ailleurs en reprenant les choses
autrement. Poser non pas comme un passage à l’acte mais comme une décision posée.
Il est indispensable pour travailler avec eux de penser la question de la souffrance, de
l’angoisse. Comment se manifestent les angoisses autour de l’adaptation, des apprentissages ?
Ce qui définit l’humain c’est l’angoisse. Notre relation d’interdépendance fonctionne avec cette
angoisse comme intérêt pour l’autre. Lorsque l’on ne s’angoisse plus, qu’on n’est plus dans la
relation à l’autre on rentre dans les troubles du comportement: sans limites, sans défenses, sans
relation. Valoriser les angoisses et les notions des peurs pour protéger, pouvoir agir pour se
défendre et s’ajuster. Ici ils sont traverser par leurs angoisses, ils ne les contiennent pas. Ils
explosent car exposés en permanence. Ils sont objets de leurs angoisses. Ils disent ne pas avoir
peur. La rencontre du différent, de l’inconnu, de ce qui n’est pas maitrisé est source d’angoisse.
Ne pas maitriser. Apprendre à attendre, à être frustré, à différer, à ne pas être dans la toute
puissance. Castration symbolique du « je ne sais pas tout, je ne peux pas tout ». Etape des
enfants de 3 ans. Traumatismes de l’humain = être séparé (sortir de l’individualisation de l’autre
de la première année, sevrage), maitrise de l’action (ne pas faire mal, se faire mal, détruire),
sexualisation (se construire une identité sexuée, se confronter à l’altérité), rentrer dans le
langage (signifie que l’on n’est plus dans le corps à corps, on a accepté la séparation, de sortir de
la toute puissance). Accepter d’être interdépendant. Etre autonome c’est accepter d’être
interdépendant (ni seul ni dépendant).
Les enfants ayant des troubles du comportement attaquent la relation et les liens alors que
c’est ce qu’ils attendent le plus, ce dont ils ont le plus besoin. Dans la relation avec nous ils
interpellent la relation adulte-enfant que l’on voudrait avoir, l’enfant imaginaire et l’élève
imaginaire que l’on voudrait avoir, l’enseignant imaginaire que l’on voudrait être. Ces enfants ont
besoin de s’appuyer sur de « l’autre », du « presque moi » et peuvent fonctionner par mimétisme.
On peut alors utiliser le groupe.
Ils arrivent par leurs actions à mettre en conflit les équipes autour d’eux, de leur
problématique. Philippe Jeammet : « ces enfants sont dépendants de leur environnement ». Dans
la mesure où ils n’ont pas construit leur renforcement interne ils sont dépendants du cadre. Ils
ont besoin d’un étayage. Ils sont sensibles aux changements. Tout ce qui bouleverse remet en
cause la sécurité. Tout se passe dans les temps de changement. Changer de cadre leur fait
perdre leur unité. Leur logique de besoin c’est la permanence, l’étayage donc ne pas leur enlever
cet étayage. Besoin d’être sécurisé par l’extérieur pour palier le manque de sécurité interne.
Incapacité à construire pour eux : peuvent donner l’illusion qu’ils apprennent mais ne retiennent
rien comme si il n’y avait pas de contenant. Les moments de récré, de relation à l’autre sont des
temps de désorganisation. Le choc est leur mode de rencontre de l’autre car ils n’ont pas la
distance relationnelle. Enfants qui ont besoin d’être bordés, limités.
Il y a bien souvent un transfert affectif qui peut se passer lorsqu’ils sont encore dans une
capacité de demande de lien. Il faut accepter d’aller chercher derrière leurs modalités
tordues. Etre attentif à ce qu’ils réveillent en nous. A notre volonté d’être spécialisé, d’être
soignant, de réparer. Ils ne veulent pas être réparés, ils se structurent du côté du détruit et
du mauvais. Ils touchent en nous des paradoxes extrêmement forts. Ils ne veulent pas que l’on
vienne réparer ce qu’ils ont détruit mais en même temps ils n’attendent que ça. En nous cela
interroge notre refus de la destructivité. Ils tiennent à leur mal être.