Moulins Allier Auvergne
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Conception : Atalante-Paris /Les Fausses confi dences /Costume d’après Renato Bianchi /Comédie-Française /1996.
© CNCS / Photo Pascal François.
Exposition
du 11 juin au
31 décembre
2011
Cahier Bibliographique
L’art du costume à la Comédie-Française Exposition du 11 juin au 31 décembre 2011
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Depuis plus de trois siècles, la Comédie-Française est l’insti-
tution la plus emblématique du théâtre français. Son histoire,
ses statuts, son mode de fonctionnement, sa mission artis-
tique constituent une structure unique en France.
Adulée ou vilipendée, victime de ses paradoxes et de ses
contradictions, divisée entre le maintien d’une hypothétique
traditionnelle et la nécessité d’un renouveau, cette vénérable
Maison reste une référence ou un repère, que l’on se compte
ou non parmi ses spectateurs.
La Maison Molière
Si l’acte de fondation de la Comédie-Française date
de mars 1804, et fut ofcialisé par Napoléon depuis
Moscou par le décret du 15 octobre 1812, sa création
se situe sous le règne du Roi-Soleil.
En 1680, Louis XIV, épris de spectacles mais
aussi désireux de renforcer les liens entre la
culture et l’État, enjoint aux deux dernières
troupes parisiennes de comédiens français –
celle de l’hôtel de Bourgogne ayant pour chef La
Thorillière et celle de l’hôtel Guénégaud, com-
posée des comédiens de Molière, de se réunir.
En 1687, les comédiens doivent quitter l’Hô-
tel Guénégaud. Ils s’installent deux ans plus
tard au 14 de la rue des Fossés-Saint-Germain
(aujourd’hui rue de l’Ancienne- Comédie), dans
une salle conçue par l’architecte François d’Or-
bay, qu’ils quitteront en 1770, pour se produire
provisoirement à la salle des Machines du palais
des Tuileries.
En 1782, la troupe inaugure son nouveau
théâtre faubourg Saint-Germain, construit par
les architectes Peyre et Wailly (l’actuel Odéon)
avec une salle dite « à l’italienne » d’une capa-
cité de 1 913 spectateurs. Après avoir traversé
les remous de la Révolution et connu de nom-
breux périls, la Comédie-Française s’installe en
1790 rue Richelieu, dans le bâtiment construit
par l’architecte Victor Louis, qu’elle utilise tou-
jours aujourd’hui.
Plusieurs fois transformée, de 1840 à 1893, pour
s’adapter aux évolutions techniques et améliorer
les conditions d’accueil des spectateurs, la « Salle
Les Précieuses ridicules de Molière /
Costume d’après Bercut porté
par Thierry Hancisse / Comédie-
Française / 1993.
© CNCS / Pascal François.
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Richelieu » sera reconstruite après
l’incendie du 8 mars 1900 par
l’architecte Julien Gadet. Tout en
restant dèle aux conceptions de
Victor Louis, Gadet améliore la
sécurité du bâtiment et le confort
du public, notamment avec une
réduction du nombre de specta-
teurs. Une tendance qui s’accen-
tuera dans le temps pour se sta-
biliser aujourd’hui à 892 places.
Avec ses tons rouge et or, ses
éléments décoratifs, sa coupole,
les atlantes des loges d’avant-
scène, la salle afche une monu-
mentalité et une configuration
qui revendiquent leur filiation
marquée avec un certain type
de théâtre. La disposition du
parterre et baignoires, de la cor-
beille, des balcons et galeries, et
la dichotomie marquée entre la
salle et la scène s’inspirent de
l’ordre italien. L’espace scénique
bénécie depuis 1994 d’un équi-
pement de haute technicité, avec
une machinerie hydraulique aux
commandes informatisées, qui lui
permet de répondre au mieux –
compte tenu du volume et des
contraintes du bâtiment – à son
mode de fonctionnement.
En 1850, un nouveau décret
place la Comédie-Française sous
la direction d’un administrateur
nommé par l’État, et, en 1946,
deux décrets successifs xent l’or-
Une troupe permanente
Autre caractéristique de cette Maison, sa troupe
permanente composée de pensionnaires, recrutés
par l’administrateur général pour un contrat à durée
indéterminée, avec une période d’essai de deux
ans, et de sociétaires cooptés par leurs pairs parmi
les pensionnaires.
Au l du temps, certains de ses
membres ont contribué à for-
ger le prestige de la Comédie-
Française. Parmi ceux-ci, on
peut citer François Joseph
Talma, Sarah Bernhardt, Rachel,
Mounet-Sully, Jean-Louis
Barrault, Béatrix Dussane, ou
encore, dans la seconde moitié
du XXème siècle, Jacques Charon
et Robert Hirsch. La Comédie-
Française doit répondre à l’al-
ternance des œuvres présentées,
propre à son fonctionnement.
Ce mode de programmation,
unique dans le théâtre français,
dicte des règles strictes tant aux
comédiens qu’aux techniciens :
il n’est pas rare de voir cinq
spectacles présentés alternative-
ment, durant la même semaine,
Salle Richelieu.
C’est avec cette organisation
structurelle, que les adminis-
trateurs – nommés par le prési-
dent de la République – doivent
répondre aujourd’hui à sa voca-
ganisation de l’institution, préci-
sant les rôles de l’administrateur
général, des comités d’administra-
tion et de lecture, puis du régime
financier. Des statuts mainte-
nus pour l’essentiel à travers les
années, mais qui ont été moder-
nisés à plusieurs reprises, notam-
ment en 1975 sous l’administra-
tion de Pierre Dux puis, sous celle
de Jean-Pierre Miquel en 1995
qui obtient pour la Comédie-
Française un statut d’établisse-
ment public à caractère indus-
triel et commercial – à l’exemple
des autres théâtres nationaux –
placé sous la tutelle du ministère
de la Culture. Une option qui,
sans toucher à la spécicité du
théâtre, permet de s’adapter à des
activités qui créent des recettes
commerciales en complément du
nancement accordé par l’État
(environ 70 à 80 % du budget).
Six personnages en quête d’auteur / Costume
porté par Nathalie Nerval / Comédie-
Française / 1978.
© CNCS / Pascal François.
Le Dindon / Comédie de Georges Feydeau /
Costumes et décors de Suzanne Lalique/ 1951.
© CNCS / Pascal François.
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tion fondée sur la diffusion du répertoire, qui va des classiques aux
grands auteurs français et étrangers du XXème siècle. La longue liste
de plus de trois mille titres qui composent ce dernier aborde tous les
genres et toutes les époques. Progressivement, une place a été faite à la
dramaturgie contemporaine. Ainsi, ces dernières années, « l’entrée au
répertoire » a été accordée à des auteurs aussi différents que Marguerite
Duras, Marie N’Diaye, Thomas Bernhard, Valère Novarina ou Bernard-
Marie Koltès. Ce désir d’ouverture s’est accompagné de programma-
tions diversiées (redécouvertes d’auteurs anciens, formes légères ou
brèves) qui ont nécessité de nouveaux espaces de représentation. C’est
pourquoi la Comédie-Française s’est engagée dans la conquête de lieux
complémentaires.
En 1993, elle obtient l’attribution du théâtre du Vieux-Colombier entiè-
rement rénové (330 places), puis, en 1996, la réalisation du Studio-
Théâtre (136 places) au cœur du Carrousel du Louvre. Deux atouts
supplémentaires pour élargir son répertoire et sa programmation.
La nomination surprise, le 4 août 2006, de Muriel Mayette (sociétaire
depuis 1998) comme administrateur général (pour une durée de cinq
ans) de cette institution passe par une redénition annoncée des orien-
tations. Avec une volonté « de remettre la Troupe et ses artisans au cœur
de la Maison », de veiller à son rayonnement avec des ouvertures en
direction du public, « de redonner du soufe aux tournées européennes
et internationales », ou encore d’effectuer une remise en cause.
« Car la Comédie-Française est à la fois unique et multiple, et cette
particularité lui impose une vocation propre : du fait même du poids
de sa tradition et de sa mission patrimoniale, elle peut aussi se trans-
former en un laboratoire ». La concrétisation de ces objectifs sera-t-elle
sufsante pour engager une nouvelle dynamique et inscrire dans le
IIIe millénaire la Comédie-Française au rang des institutions théâtrales
phares en Europe ?
La société des Comédiens-Français, constituée en 1680, comprend
aujourd’hui plus de 500 noms. Sous sa forme chronologique, elle
déroule, depuis les premiers comédiens réunis dans la « troupe unique
du roi » Louis XIV, compagnons de Molière ou membres de la troupe
rivale de l’Hôtel de Bourgogne, une succession étonnante de person-
nalités. Actuellement, la troupe compte 20 pensionnaires, ainsi que 37
sociétaires et 24 sociétaires honoraires.
Pensionnaire
Acteur engagé par l’Administrateur général. Il fait partie de la troupe
de la Comédie-Française. Après au moins un an de présence, il pourra
être proposé au sociétariat par le Comité d’administration.
Sociétaire
Membre de la troupe de la Comédie-Française, appartenant à la société
des Comédiens-Français. Les sociétaires sont choisis parmi les pen-
sionnaires ayant au moins une année d’engagement, après accord du
Comité d’administration et des sociétaires réunis en assemblée géné-
rale. Le pensionnaire est nommé sociétaire par arrêté du ministre de
la Culture, sur proposition de l’Administrateur général.
Sociétaire honoraire
À sa retraite, un sociétaire ayant vingt ans d’ancienneté à la Comédie-
Française peut être nommé, sur proposition de l’Administrateur général
et après avis du Comité d’administration, sociétaire
Le Jeu de l’amour et du hasard /
Comédie de Marivaux / Costumes
et décors de Claude Verlinde /
1988. © CNCS / Pascal François.
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honoraire. Cette qualité symbolise la reconnaissance de la Comédie-
Française pour sa carrière artistique et lui permet de jouer occasion-
nellement dans la troupe.
Le Doyen
Le Doyen est le (ou la) sociétaire le plus ancien en exercice depuis
son accession au sociétariat. Il est chargé de veiller au maintien des
principes et usages sur lesquels est fondée la société des Comédiens-
Français. Il anime l’ensemble de la troupe, et assure l’intérim de la
direction du théâtre en cas d’empêchement de l’Administrateur général.
Le répertoire
En 1680, le monopole accordé par le roi, aux seuls Comédiens-Français,
de jouer les pièces en langue française à Paris et dans ses faubourgs crée
un fonds de répertoire qui rassemble toute la littérature dramatique
existante. Puis le répertoire s’enrichit au jour le jour avec les nouvelles
pièces jouées à la Comédie-Française.
Aujourd’hui, il est constitué de l’ensemble des pièces jouées par les
Comédiens-Français sur leur scène principale,
c’est-à-dire la Salle Richelieu.
Toute œuvre, de quelque époque qu’elle soit,
peut être inscrite au répertoire de la Comédie-
Française par le comité de lecture, sur proposition
de l’Administrateur général. Elle n’entre ensuite
au répertoire que lorsqu’elle est jouée à la Salle
Richelieu. Les pièces jouées par les Comédiens-
Français en dehors de cette salle, notamment au
Théâtre du Vieux-Colombier et au Studio-Théâtre
ne sont pas concernées.
Biographies
Bell, Marie (1900-1985)
Née le 23 décembre 1900, à Bègles, Marie-Jeanne-Lucie Bellon-
Downey future Marie Bell – ne semblait d’abord devoir s’intéres-
ser qu’à la danse. Petit rat au Grand Théâtre de Bordeaux, c’est en
Angleterre qu’elle fait, à treize ans, ses vrais débuts. C’est là aussi
qu’elle rencontre son oracle en la personne de Colonna Romano,
tragédienne de la Comédie-Française, qui lui conseille de se présenter
au Conservatoire. Elle le fait, est reçue, et obtient en 1921 un premier
prix ainsi qu’un engagement dans la maison de Molière où elle y res-
tera trente-deux ans.
Trente-deux ans pendant lesquels elle aborde tous les grands rôles, de
Célimène, qu’elle reprend juste après Cécile Sorel, à la Prouhèze du
Soulier de satin qu’elle crée sous la houlette de Jean-Louis Barrault en
1943, avec Madeleine Renaud dans le rôle de Dona Musique, en pas-
sant par la Blanche des Corbeaux de Becque (qui lui ouvrit les portes du
sociétariat dès 1928) ou la Roxane du Cyrano de Bergerac de Rostand,
qui faisait alors son entrée dans le répertoire.
Richard III de Shakespeare / Costumes
d’après Abdelkader Farrah porté par
Michel Aumont / 1972.
© CNCS / Pascal François.
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