2
l'homme. Cet hébreu de la Sainteté, Lechone HaKodesh, est la langue dans laquelle la Torah a
été donnée à Moïse sur le Mont Sinaï. C’est pourquoi la Torah est considérée comme un texte
de la Sainteté, un écrit saint, Kitve HaKodesh.
En effet, si l'on croit que chaque mot a été dicté à Moïse par Dieu on comprend pourquoi les
exégètes se sont penchés sur chaque syllabe, y compris sur chaque lettre, y compris sur les
couronnes qui illustraient les lettres de l'alphabet hébraïque. On considère que ce texte n'est
pas écrit par hasard, pour des raisons de style ou d'époque, mais qu'il est la traduction de la
parole divine, avec des allusions, avec des leçons reçues au Sinaï oralement, et que donc
l'exégèse se justifie.
L’araméen : langue sainteté
Dans la Bible, l'hébreu n'est pas la seule langue je vous en ai parlé tout à l'heure. Il y a aussi
l'araméen. L'araméen va apparaître dans les livres tardifs des Prophètes qui se trouvaient en
Babylonie après l'exil de Babylone, le premier exil de 586 après la destruction du premier
Temple. Je pense évidemment à Daniel et au livre d'Ezra, mais Ezra et Daniel, Ezra et
Néhémie ne formaient qu'un seul livre dans l'Antiquité.
En tout cas, Ezra, Néhémie et Daniel sont écrits par des gens nés en Babylonie dont l'araméen
est aussi langue maternelle et donc une partie du livre de Daniel est écrite en hébreu, l'autre
en araméen. Ces langues sont considérées comme langues de la Bible, donc aussi langues
sacrées, et le Talmud se donne énormément de mal pour expliquer que tant l'hébreu que
l'araméen sont des langues différentes des autres. Alors on nous dit que les anges ne
comprennent que l'hébreu et que, souvent, lorsque le peuple d'Israël veut s'adresser à Dieu en
implorant son pardon, sa clémence, sa compassion - alors que les anges ont comme mission
d'appliquer la rigueur - Israël parle en araméen parce que les anges ne le comprennent pas.
Il y a énormément d'explications qui montrent que tout de même l'araméen a un emploi assez
spécifique dans la tradition juive. Si on revient aux textes de la Bible, Alliance de Jacob et
Laban (Genèse, Chapitre 3) : pratiquement à la fin, lorsque Jacob et Laban établissent entre
eux une alliance et, en signe d'alliance, ils édifient un monticule de pierres. Ce monticule de
pierres, Laban va l'appeler en araméen *Yegar Saadouta (le monticule de pierres nommé par
Laban) alors que Jacob va l’appeler *Gal HaEd (le monticule de pierres nommé par Jacob).
Gal c'est un monceau, galgal c'est rouler : ce sont deux consonnes redoublées galgal. Gal :
les deux consonnes forment le noyau de la racine. Gal c'est donc un monticule et Ha Ed c'est
le mot témoin, témoignage. D'ailleurs, les tables d'Alliance, les Tables de la loi s'appelleront
aussi Loukhot Ha Edout (Tables de la loi, du témoignage). Vous voyez, ce nom est donné en
hébreu par Jacob, chapitre 31 verset 48, alors que donc Laban, au verset 47, l'appelle Sahar
Yehadouta.
Ce qui est très intéressant, c'est que dans les commentaires, on trouve dans le Targoum
Yonathan (on parlera des Targoumim, des traductions en araméen de la Bible dans une
prochaine leçon) que Laban l'appela Hogar Sahid (en araméen) : « Monticule du