Avant-propos
La Bible hébraïque n’est pas seulement le texte
fondateur des plus grandes religions monothéistes,
c’est aussi un ouvrage qui se laisse lire indé pen-
damment de toute croyance et de toute piété. Telle
est l’approche développée ici : elle discerne, dans ce
chef-d’œuvre, l’exposé d’un débat propre à chaque
femme et à chaque homme plutôt qu’un modèle
d’organisation sociale requérant une divinité trans-
cendante et régulatrice ; elle s’appuie sur une lecture
dèle du texte, non sur un rejet a priori de sa dimen-
sion religieuse ; elle exprime une vision positive,
conante avant tout en l’être humain, où celui-ci
entre en combat avec lui-même pour se libérer. En un
mot, elle propose de mettre en évidence, dans ce qu’il
est convenu d’appeler l’Ancien Testament, la construc-
tion d’une éthique de l’intériorité. D’où son titre.
Suivant cette logique, l’homme se retrouve seul
face à lui-même. S’il refuse cette confrontation, il
renonce à la liberté qu’il aurait pu conquérir en
s’explo rant. S’il l’accepte, il plonge au cœur de sa
propre diversité pour y rencontrer immédiatement
non seulement un étranger mais aussi l’étrangéité qui
réside en lui. C’est ce face-à-face – pluriel – avec soi
qu’à mon sens le texte biblique invite à promouvoir.