144-012 French_144-005 French - Les troubles de l`humeur et de l

Revue de l’utilisation des nouveaux
antipsychotiques pour les troubles de l’humeur :
Examen de cette classe de médicaments Membres exécutifs du Conseil
consultatif du CANMAT
Sagar V. Parikh, M.D., FRCPC
Président chargé de l’éducation, Toronto
Rédacteur, Troubles de l’humeur et de
l’anxiété – Conférences scientifiques
Raymond W. Lam, M.D., FRCPC
Président exécutif, Vancouver
Sidney H. Kennedy, M.D., FRCPC
Président du groupe chargé de la dépression,
Toronto
Lakshmi N. Yatham, MBBS, FRCPC, MRCPsych
(R.-U.) – Président chargé des troubles
bipolaires, Vancouver
Jitender Sareen, M.D., FRCPC
Président du groupe chargé de l’anxiété,
Winnipeg
Roger S. McIntyre, M.D., FRCPC
Président – Développement commercial
et de la recherche, Toronto
Roumen Milev, M.D. Ph.D., FRCPsych, FRCPC
Président – Conférences internationales,
Kingston
Membres du Conseil
d’administration du CANMAT
Serge Beaulieu, M.D., Ph.D., FRCPC
Montréal
Glenda MacQueen, M.D. Ph.D., FRCPC
Calgary
Diane McIntosh, M.D., FRCPC
Vancouver
Arun V. Ravindran, M.B., Ph.D., FRCPC
Toronto
Association Canadienne pour le Traitement
des Troubles Anxieux et de l’Humeur
Bureau de l’éducation
Salle 9M-329, Toronto Western Hospital
399, rue Bathurst (Toronto) Ontario
CANADA M5T 2S8
Le CANMAT – ou Association Canadienne pour le
Traitement des Troubles Anxieux et de l’Humeur –
est un organisme de recherche indépendant dont les
membres sont issus de plusieurs universités
canadiennes. L’objectif final du CANMAT est
d’améliorer la qualité de vie des personnes souffrant
de troubles de l’humeur et de l’anxiété, par des
projets et des registres de recherches novatrices,
le développement de programmes d’éducation
fondés sur des données probantes et les meilleures
pratiques et l’élaboration de lignes
directrices/politiques.
CURRENT CLINICAL TOPICS FROM LEADING RA SPECIALISTS ACROSS CANADA AND AROUND THE
WORLD INVITED BY THE REBECCA MACDONALD CENTRE FOR ARTHRITIS AND AUTOIMMUNE DISEASE
UNE RESSOURCE ÉDUCATIVE POUR LES MÉDECINS DE L’ASSOCIATION CANADIENNE POUR LE TRAITEMENT DES TROUBLES ANXIEUX ET DE L’HUMEUR
VOLUME 2, NUMÉRO 5
Association Canadienne pour le Traitement des
Troubles Anxieux et de l’Humeur
Disponible sur Internet à www.humeuretanxieteconferences.ca
MD
Par Carl Chiniara, M.D. et Serge Beaulieu, M.D., PhD, FRCPC
Les antipsychotiques sont largement utilisés dans le traitement de diverses maladies psychiatriques, telles
que la schizophrénie et d’autres troubles psychotiques, le trouble dépressif majeur, les troubles bipolaires
I et II, la démence sévère accompagnée de psychose ou de comportements inappropriés, l’irritabilité dans
les troubles autistiques, l’agitation aiguë, le délire, les troubles obsessionnels compulsifs réfractaires au
traitement, le syndrome de stress post-traumatique réfractaire au traitement, les tics, la trichotillomanie,
et pour d’autres utilisations hors étiquette. Cette classe de médicaments est également prescrite pour
certains troubles du mouvement (p. ex., la chorée de Huntington) et la nausée. La mise en marché de
nouveaux antipsychotiques au Canada a nécessité certaines connaissances de leur utilisation dans le
traitement des troubles de l’humeur. Dans le présent numéro de Les troubles de l’humeur et de l’anxiété
– Conférences scientifiques, nous comparons les nouveaux antipsychotiques (l’asénapine, l’aripiprazole, la
lurasidone et la ziprasidone) à d’autres antipsychotiques de deuxième génération et examinons leur rôle
croissant dans le traitement des troubles de l’humeur.
Pour quels troubles de l’humeur les antipsychotiques sont-ils utilisés?
Les éléments de preuve concernant l’utilisation des antipsychotiques pour les troubles de l’humeur sont
de plus en plus nombreux et leur efficacité est maintenant bien établie pour le trouble dépressif majeur en
traitement d’appoint (rispéridone, olanzapine et aripiprazole) et en monothérapie (quétiapine à libération
prolongée [LP])1. Ces médicaments constituent une amélioration remarquable par rapport aux anti -
psychotiques de première génération, qui étaient associés à des symptômes dépressifs. L’évolution pharmaco-
dynamique des antipsychotiques de deuxième génération a mené à leur utilisation dans de nouvelles
applications et au cours des 15 dernières années, des progrès si importants ont été réalisés dans ce domaine
qu’ils font désormais partie intégrante de l’arsenal pharmacologique dont nous disposons dans le traitement
de la dépression unipolaire réfractaire et des diverses phases des troubles bipolaires.
Les antipsychotiques de première génération sont utilisés pour la manie bipolaire, bien que les éléments
de preuve concernant leur utilisation pour ce trouble soient limités, l’halopéridol et la chlorpromazine étant les
mieux étudiés2. Une littérature abondante appuie l’utilisation de tous les antipsychotiques de deuxième et
troisième génération dans le traitement de la manie bipolaire, pour laquelle ils se sont révélés aussi efficaces
que les régulateurs de l’humeur, mais peut-être plus tolérables3. De même, les antipsychotiques de deuxième
génération sont efficaces dans le traitement des caractéristiques mixtes avec des épisodes maniaques prédom-
inants. On a constaté dans l’étude EMBLEM4que légèrement plus d’un tiers des patients présentait des carac-
téristiques mixtes. Dans ce groupe, le taux de rétablissement était significativement plus bas, les tentatives de
suicide étaient plus élevées, la prévalence des cycles rapides était plus élevée et l’utilisation d’antidépresseurs
était accrue comparativement à ceux qui présentaient une forme maniaque pure. Une méta-analyse effectuée
par Muralidharan et ses collaborateurs5(9 études portant sur 1289 patients présentant des caractéristiques
mixtes) a conclu que les antipsychotiques de deuxième génération, en monothérapie ou en association avec
des régulateurs de l’humeur, étaient significativement plus efficaces que le placebo dans le traitement des
épisodes maniaques avec des caractéristiques mixtes et dans le traitement des épisodes dépressifs.
Les antipsychotiques sont également utilisés dans la dépression bipolaire de types I et II. La majorité des
données portant sur la dépression bipolaire de type I provenant d’études sur la quétiapine, l’association
olanzapine-fluoxétine et la lurasidone, et les données sur la dépression bipolaire de type II provenant d’études
sur la quétiapine6. Il existe des données limitées sur l’utilisation des antipsychotiques comme traitement
d’entretien du trouble bipolaire. Dans une revue systématique de 3 essais7-9, l’olanzapine (en monothérapie
ou en traitement d’appoint) s’est révélée efficace pour prévenir la
rechute comparativement au lithium : le risque relatif (RR) était de
1,69 (intervalle de confiance à 95 % [IC] 1,12–2,55)10. D’autres essais
fournissent des éléments de preuve concernant l’utilisation de l’arip-
iprazole pour prévenir la manie. Cependant, les données à l’appui de
l’aripiprazole dans le traitement de la dépression bipolaire sont
mitigées, possiblement en raison de problèmes au niveau du plan des
études11-13. Par conséquent, l’utilisation de l’aripiprazole en
monothérapie comme traitement d’entretien est limitée. La quétiapine
et la rispériode à action prolongée sont des médicaments efficaces en
traitement d’entretien pour les troubles bipolaires soit en
monothérapie soit en traitement d’appoint aux régulateurs de
l’humeur classiques14-17. La palipéridone AP est également considérée
comme un médicament de deuxième intention en monothérapie pour
le traitement d’entretien du trouble bipolaire de type I6.
Les caractéristiques des nouveaux antipsychotiques sont résumées
dans le tableau 118-22. Les tableaux 2 et 3 présentent les données
d’efficacité dont nous disposons, qui sont fondées en partie sur les
monographies de Santé Canada18-28 et sur les lignes directrices du
Réseau canadien pour le traitement des troubles anxieux et de
l’humeur (CANMAT) et de la Société internationale pour les troubles
bipolaires (ISBD)1,6 . Le choix de médicaments de première intention
ne doit pas être exclusivement fondé sur les éléments de preuve
concernant leur efficacité, mais également sur leur coût, leur toléra-
bilité et leurs effets indésirables.
Comparaison des nouveaux antipsychotiques
avec d’autres médicaments de deuxième génération
dans le traitement des troubles de l’humeur
Les nouveaux antipsychotiques ont des profils uniques de liaison
aux récepteurs qui peuvent se traduire par une efficacité accrue, un
plus large éventail d’indications et une meilleure tolérabilité compar-
ativement aux médicaments de deuxième génération plus anciens.
Plus précisément, tous les nouveaux antipsychotiques sont des
agonistes partiels de la 5-hydroxytryptamine (HT)1a et des antago-
nistes du récepteur 5-HT7, ce qui suggère qu’ils ont des propriétés
antidépressives. Plus important encore, tous les nouveaux antipsycho-
tiques semblent permettre de régler les principaux problèmes associés
aux antipsychotiques de deuxième génération : gain pondéral et trou-
bles métaboliques. En effet, les données disponibles jusqu’à présent
indiquent que les nouveaux antipsychotiques sont associés à un gain
de poids réduit et n’entraînent pas de modifications métaboliques
significatives, bien que des recherches longitudinales plus appro-
fondies soient nécessaires pour confirmer ces observations. Une
surveillance standard du poids et des paramètres métaboliques est
néanmoins recommandée.
Étant donné leur profil d’effets indésirables supérieur, on peut
envisager d’utiliser les nouveaux antipsychotiques de préférence aux
antipsychotiques plus anciens lorsqu’il existe des données probantes
concernant leur efficacité (tableaux 2 et 3). Par exemple, l’aripiprazole,
la ziprasidone et l’asénapine pourraient être choisis de préférence à
d’autres antipsychotiques dans le traitement des épisodes maniaques
ou mixtes, étant donné leur efficacité similaire, mais leur profil
métabolique supérieur. À mesure que les éléments de preuve contin-
uent d’augmenter, de nouveaux médicaments, tels que l’asénapine et
la lurasidone, pourront potentiellement être utilisés dans un plus
grand nombre d’indications de première intention. Si ces indications
sont approuvées par Santé Canada, le profil d’effets indésirables favor-
able de ces médicaments pourrait en faire l’option privilégiée.
Caractéristiques des nouveaux antipsychotiques
L’aripiprazole est unique en raison de ses propriétés d’agoniste
partiel de D2-3, préservant théoriquement ses effets antipsychotiques
et antiémétiques, tout en réduisant les symptômes extrapyrami-
daux (SEP) et le risque d’hyperprolactinémie. C’est un agoniste
partiel puissant de 5-HT1A, réduisant davantage le risque de SEP
et suggérant des effets antidépresseurs. L’aripiprazole est
approuvé comme médicament d’appoint aux antidépresseurs
dans le trouble dépressif majeur,18 possiblement en raison de ses
propriétés de liaison à 5-HT1A et à 5-HT7ainsi que de ses
propriétés en tant qu’agoniste dopaminergique partiel.29,30. Ces
caractéristiques ont été démontrées dans deux études
randomisées et contrôlées avec placebo31,32. L’aripiprazole est
également indiqué dans le traitement des épisodes maniaques ou
mixtes pour le trouble bipolaire de type I en monothérapie chez
les adultes et les adolescents (âgés de 13 à 17 ans) ou en traite-
ment d’appoint au lithium ou au divalproex, ainsi que pour le
traitement de la schizophrénie et des troubles psychotiques asso-
ciés chez les adultes18,33-35. Les effets indésirables les plus fréquem-
ment rapportés avec l’aripiprazole incluent la somnolence/séda-
tion, l’akathisie, l’agitation et l’insomnie. La cariprazine est un
nouvel antipsychotique faisant l’objet d’études qui a des
propriétés pharmacologiques similaires à celles de l’aripiprazole.
C’est également un agoniste partiel de D2-3, mais ses propriétés de
liaison de préférence au récepteur D3pourraient lui conférer un
profil clinique unique, bien qu’il fasse encore l’objet d’étude.
Les propriétés uniques de l’asénapine lui permettent notam-
ment de se lier à un vaste éventail de récepteurs sérotonin-
ergiques et notamment d’agir comme antagoniste du récepteur
5-HT1B-1D-2A-2C-7 et comme agoniste partiel du récepteur 5-HT1A.
Sa structure chimique est similaire à celle de la mirtazapine, et les
deux molécules sont d’importants antagonistes des récepteurs α2.
Ces propriétés font de l’asénapine un candidat antidépresseur
théorique, du moins en traitement d’appoint. Cependant, cela n’a
pas encore été démontré. Elle est indiquée pour le traitement de
courte durée des épisodes maniaques ou mixtes associés au
trouble bipolaire de type I en monothérapie ou en association
avec le lithium ou le divalproex, et pour le traitement de la schiz-
ophrénie20. Son efficacité a été démontrée pour les épisodes
maniaques et mixtes dans le trouble bipolaire I (avec ou sans
caractéristiques psychotiques) dans une paire d’essais à double
insu, contrôlés avec placebo d’une durée de 3 semaines ayant un
plan similaire36,37, suivis d’études de prolongation de 9 et de 40
semaines dans lesquelles ses avantages se sont maintenus et son
efficacité a été comparable à celle de l’olanzapine38,39. Ces
dernières données suggèrent que l’asénapine pourrait être util-
isée dans le traitement d’entretien des troubles bipolaires.
L’efficacité de l’asénapine comme traitement d’appoint pour la
manie a été établie dans une étude avec répartition aléatoire et
contrôlée de 12 semaines dans laquelle on l’a associée à une
monothérapie par le lithium ou le divalproex chez les non répon-
deurs au traitement. Une étude de prolongation de 40 semaines
n’a pas démontré une différence statistique par rapport au
placebo, bien qu’elle n’ait pas eu suffisamment de puissance pour
détecter une différence40. L’asénapine est approuvée en prise
biquotidienne. Sa demi-vie initiale est d’environ 6 heures, l’état
d’équilibre est obtenu en 3 jours et sa demi-vie terminale est
d’environ 24 heures. Elle est disponible sous la forme sublinguale
et se dissout rapidement sous la Iangue. Les patients sont
informés d’attendre 10 minutes après la prise du médicament
pour manger ou boire. Les effets indésirables les plus fréquem-
ment rapportés incluent la somnolence, les étourdissements, l’hy-
poesthésie orale (disparaît généralement dans un délai d’une
heure) et les symptômes extrapyramidaux (SEP)20.
La lurasidone a des propriétés antidépressives relativement
uniques, incluant une forte affinité pour les récepteurs 5-HT7, des
Tableau 1: Caractéristiques des nouveaux antipsychotiques pour les troubles de l’humeur
a15 à 17 ans; b13 à 17 ans; cdépression bipolaire dans le cas de la lurasidone
LP = libération prolongée; TDM = trouble dépressif majeur; SEP = symptômes extrapyramidaux
Aripiprazole18,19 Asénapine20 Lurasidone21 Ziprasidone22
Principales
indications sur la
base des données
probantes actuelles
Voie orale :
• Schizophrénie chez les adultes
et les adolescentsa, et troubles
psychotiques associés chez les
adultes
• Épisodes maniaques ou mixtes
associés à un trouble bipolaire
de type I chez les adultes et les
adolescentsb
• Traitement d’appoint du TDM
en cas de réponse inadéquate
au traitement antidépresseur
antérieur chez les adultes
Injection LP :
• Maintien de la stabilisation de la
schizophrénie chez les adultes
• Schizophrénie chez
les adultes
• Épisodes maniaques
ou mixtes associés à
un trouble bipolaire
de type I chez les
adultes
• Manifestations de la
schizophrénie chez les
adultes
• Épisodes dépressifs
associés à un trouble
bipolaire de type I
chez les adultes
• Schizophrénie et
troubles psychotiques
associés chez les
adultes
• Épisodes maniaques
ou mixtes associés à
un trouble bipolaire
chez les adultes
Gamme posologique
et fréquence typiques
Schizophrénie Voie orale :
Dose initiale : 10-15 mg qd Dose
maximale : 30 mg qd
Injection LP :
Dose initiale et d’entretien :
400 mg
Dose initiale et dose
cible :
5 mg bid
Dose maximale:
10 mg bid
Dose initiale : 40 mg qd
Gamme posologique
standard :
40–80 mg qd
Dose initiale : 20-40 mg
bid; dose maximale
80 mg bid
Trouble bipolairec Dose initiale : 15 mg qd
(monothérapie), 10–15 mg qd
en association avec le lithium
ou le valproate
Dose maximale 30 mg qd
Dose initiale et dose
cible:
5–10 mg bid
Dose initiale : 20 mg qd
(monothérapie ou
thérapie d’appoint au
lithium ou au valproate)
Gamme posologique
standard :
20–60 mg qd
Dose initiale : 40 mg
bid; augmenter à
60–80 mg bid le
2ejour du traitement
TDM Dose initiale: 2–5 mg qd en
association avec un
antidépresseur
Mode
d’administration
Oral et injection Sublingual Oral avec 350 calories Oral avec 500 calories
Profil d’effets
indésirables
Voie orale :
Akathisie, somnolence/sédation,
agitation
Injection LP :
Insomnie, modification du poids,
SEP, céphalée, anxiété,
nasopharyngite, et douleur au
point d’injection
Somnolence,
étourdissement,
hypoesthésie buccale,
SEP
Nausée/vomissements,
somnolence, SEP
Intervalle QTc prolongé,
nausée, somnolence,
SEP, infections des voies
respiratoires
effets antagonistes des récepteurs α2 et des effets agonistes partiels des
récepteurs 5-HT1A. En fait, la lurasidone est l’un des rares antipsycho-
tiques ayant une efficacité démontrée pour la dépression bipolaire et
elle est un candidat théorique à la monothérapie ou à la thérapie
d’appoint antidépressive. De plus, elle n’a pas d’affinité appréciable
pour les récepteurs H1et M1, n’entraînant pas de sédation ou d’effets
anticholinergiques indésirables. Elle est également l’un des rares
antipsychotiques n’ayant pas de propriétés connues entraînant
l’allongement de l’intervalle QT. La lurasidone est indiquée pour le
traitement de courte durée des épisodes dépressifs associés au trouble
bipolaire de type I, soit en monothérapie soit en traitement d’appoint
au lithium ou au valproate, ainsi que pour les manifestations psycho-
tiques de la schizophrénie21. Elle est administrée en prise uniquotidi-
enne avec des aliments (minimum de 350 calories). Deux études avec
répartition aléatoire et contrôlées de 6 semaines ont démontré son
efficacité en monothérapie pour la dépression bipolaire de type I et en
traitement d’appoint au lithium ou au divalproex41,42. Les effets
indésirables les plus fréquents incluent la somnolence et les SEP21.
Le profil de liaison aux récepteurs de la ziprasidone suggère des
effets antidépresseurs théoriques, avec un effet agoniste partiel des
récepteurs 5-HT1A et un effet antagoniste des récepteurs 5-HT2C.
Cependant, ces propriétés n’ont pas été observées dans des études clin-
iques et les propriétés antidépressives n’ont donc pas pu être établies
dans ces études. La ziprasidone est indiquée pour le traitement des
épisodes maniaques ou mixtes aigus associés au trouble bipolaire, ainsi
que de la schizophrénie et des troubles psychotiques associés,
y compris pour le maintien à long terme (1 an) d’une améliora-
tion clinique22. Elle est approuvée pour une posologie biquotidi-
enne, étant donné sa demi-vie relativement courte (6 à
10 heures). Elle doit être administrée avec des aliments (au
moins 500 calories). La ziprasidone est plus susceptible que
d’autres antipsychotiques de deuxième génération de prolonger
l’intervalle QTc, bien qu’il n’existe pas d’éléments de preuve
indiquant que cette caractéristique a entraîné un risque accru
d’événements cardiaques43. Cependant, il est recommandé
d’effectuer un électrocardiogramme chez les sujets présentant
des facteurs de risque cardiaque ou prenant d’autres médica-
ments qui allongent l’intervalle QTc.
Les profils comparatifs d’effets indésirables sont résumés dans
le tableau 445, et le tableau 544 résume la surveillance recommandée.
Conclusion et question : Est-il temps
de modifier notre appellation et notre
classification des agents psychotropes?
La réponse est oui! Cette brève revue de la littérature sur les
nouveaux antipsychotiques et leurs applications dans les trou-
bles de l’humeur souligne la variété d’applications potentielles
de ces médicaments grâce à leurs propriétés pharmaco -
dynamiques. À cet égard, les agents psychotropes ne diffèrent pas
des autres médicaments utilisés en médecine. Les cardiologues
ont souvent décrit les agents pharmacologiques qu’ils utilisent
sur la base de leur mécanisme d’action.
Un groupe de travail qui représente un effort commun des
principales associations de recherche en psychopharmacologie
TDM
Dépression
bipolaire de
type I
Dépression
bipolaire de
type II
Manie
bipolaire de
type I
État mixte
du trouble
bipolaire Ia
Traitement
d’entretien du
troupe bipolaire
de type I
Traitement
d’entretien du
trouble
bipolaire II
Aripiprazole18,19 -- -1
re intention 1re intention 1re intentiona
Asénapine20 - - - 1re intention 1re intention 3eintention
Clozapine23 -- -3
eintention - - -
Lurasidone21 - 2eintention - - - - -
Olanzapine24 -3
eintention - 1re intention 1re intention 1re intentionb
Palipéridone ER25 - - - 1re intention - 2eintention
Quétiapine26,27 2eintention 1re intention 1re intention 1re intention - 1re intention 1re intention
Rispéridone28 - - - 1re intention - 1re intentionb,c
Ziprasidone22 -- -1
re intention 1re intention - -
Tableau 2 : Données relatives aux antipsychotiques administrés en monothérapie pour les troubles
de l’humeur1,6
Tableau 3 : Données probantes sur les antipsychotiques comme médicaments d’appoint pour les troubles
de l’humeur1,6
aPrincipalement pour la prévention de la manie; bLes lignes directrices du CANMAT recommandent une surveillance attentive en raison
du risque d’effets indésirables métaboliques; cinjection à longue durée d’action Note : Cette liste de recommandations n’est pas exhaus-
tive. Pour obtenir une liste complète, veuillez consulter les lignes directrices du CANMAT /ISBD6.
TDMaDépression
bipolaire I Dépression
bipolaire IIbManie
bipolaire Ib
État mixte
du trouble
bipolaireb,c
Traitement
d’entretien du
trouble
bipolaire Ib
Traitement
d’entretien du
trouble
bipolaire de
type II
Aripiprazole18,19 1re intention - - 1re intention 1re intention 1re intentiond
Asénapine20 - - - 1re intention 1re intention 3eintention
Clozapine23 -- ---3
eintention
Lurasidone21 - 2eintentionb- - - - -
Olanzapine24 1re intention 1re intentione - 1re intention 1re intention 2eintentionb,f 2eintentionb,f
Palipéridone ER25 - - - - - - -
Quétiapine26,27 2eintention 2eintentione3eintentiong1re intention - 1re intentionb1re intentionb
Rispéridone28 1re intention - - 1re intention - 1re intentionh2eintentionb
Ziprasidone22 3eintention - - - - 1re intentiond
aEn association avec des antidépresseurs; bEn association avec le lithium ou le divalproex; csur la base des indications figurant dans la
monographie des produits; dprincipalement pour la prévention de la manie; eEn association avec un inhibiteur sélectif de la recapture de
la sérotonine; fEn association avec la fluoxétine; gEn association avec la lamotrigine; hinjection à longue durée d’action. Note : Cette liste
de recommandations n’est pas exhaustive. Pour obtenir une liste complète, veuillez consulter les lignes directrices du CANMAT/ISBD6.6
dont notre collègue canadien, Pierre Blier, était membre, a
dévoilé les résultats de son travail lors de la dernière réunion
annuelle du Collège européen de neuropsychopharmacologie en
octobre 2014. La classification proposée est disponible en util-
isant une application gratuite qui peut être téléchargée à
partir de ce lien (http://www.ecnp.eu/projects-initiatives/
nomenclature.aspx). Nous espérons que cette classification
fournira un outil qui permettra aux cliniciens de mieux
comprendre les applications multiples et potentielles des agents
psychotropes actuels et futurs.
Évaluation initiale Notes
Circonférence de la taille et IMC
Examen initial des SEP
ECG en présence de facteurs de risque
cardiaque importants
Parmi les nouveaux antipsychotiques, la ziprasidone est le médicament qui
est le plus associé au prolongement de l’intervalle QTc
Tension artérielle et pouls Pour l’asénapine, la clozapine, la rispéridone, la quétiapine, la ziprasidone,
et chez les patients présentant des facteurs de risque cardiovasculaire
Bilan sanguin initial Glycémie à jeun, profil lipidique à jeun, NFS, électrolytes et tests des fonctions
rénale/hépatique/thyroïdienne
Lors du suivi Notes
Circonférence de la taille et IMC On suggère mensuellement pendant les trois premiers mois, puis tous les
trois mois
Tension artérielle et pouls en cas
d’ajustement posologique
Pour l’asénapine, la clozapine, la rispéridone, la quétiapine, la ziprasidone,
et chez les patients présentant des facteurs de risque cardiovasculaire
Surveiller les symptômes d’élévation de la
prolactine (p. ex., dysfonction érectile,
modification des menstruations,
galactorrhée, diminution de la libido)
Mesurer les taux de prolactine en cas de symptômes
Examen des SEP (p. ex., ESRS) Examens réguliers, en particulier avec un ajustement posologique
Bilan sanguin après 3 mois Glycémie à jeun, profil lipidique
Bilan sanguin annuel Glycémie à jeun, profil lipidique
Tel qu’indiqué : NFS, électrolytes et fonctions rénale/hépatique/thyroïdienne
Surveillance de la NFS avec la clozapine: hebdomadairement pendant 6 mois,
puis toutes les deux semaines pendant 6 mois, puis mensuellement
Ari = aripiprazole; Ase = asénapine; Clz = clozapine; Lur = lurasidone; Olz = olanzapine; Pal = palipéridone; Que = quétiapine;
Ris = rispéridone; Zip = ziprasidone; SEP = symptômes extrapyramidaux. Reproduit avec permission de McIntyre RS. Addressing the
multiple dimensions of bipolar disorder: choosing the right treatment at each stage of care. Publié par l’École de médicine et de dentisterie
Schulich de l’Université Western.
IMC = indice de masse corporelle; ECG = électrocardiogramme; NFS = numération formule sanguine; ESRS = Échelle d’évaluation des
symptômes extrapyramidaux
Tableau 4 : Profil comparatif d’effets indésirables45
Effets indésirables Ari Ase Clz Lur Olz Pal Que Ris Zip
Métabolique
Gain pondéral +/0 +/0 ++++ +/0 +++ ++ ++ ++ +/0
Dyslipidémie 0 0 ++ 0 +++ + + +0
Dérèglement du
métabolisme glucosique 0 0 ++ 0 ++ + + +0
Neurologique
Somnolence/sédation + ++ ++++ + +++ + +++ ++ +
SEP +00++ + 0 ++ ++
Cardiovasculaire
Myocardite/cardiomyopathie 0 0 +/0 0 00000
Prolongement de l’intervalle QTc 0 0 +/0 0 +/0 0 + +/0 +
Hormonal
Prolactine 0000+/0+/00++0
Tableau 5 : Surveillance recommandée44
1 / 6 100%

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