ou en traitement d’appoint) s’est révélée efficace pour prévenir la
rechute comparativement au lithium : le risque relatif (RR) Ă©tait de
1,69 (intervalle de confiance à 95 % [IC] 1,12–2,55)10. D’autres essais
fournissent des éléments de preuve concernant l’utilisation de l’arip-
iprazole pour prévenir la manie. Cependant, les données à l’appui de
l’aripiprazole dans le traitement de la dépression bipolaire sont
mitigées, possiblement en raison de problèmes au niveau du plan des
études11-13. Par conséquent, l’utilisation de l’aripiprazole en
monothérapie comme traitement d’entretien est limitée. La quétiapine
et la rispériode à action prolongée sont des médicaments efficaces en
traitement d’entretien pour les troubles bipolaires soit en
monothérapie soit en traitement d’appoint aux régulateurs de
l’humeur classiques14-17. La palipéridone AP est également considérée
comme un médicament de deuxième intention en monothérapie pour
le traitement d’entretien du trouble bipolaire de type I6.
Les caractéristiques des nouveaux antipsychotiques sont résumées
dans le tableau 118-22. Les tableaux 2 et 3 présentent les données
d’efficacité dont nous disposons, qui sont fondées en partie sur les
monographies de Santé Canada18-28 et sur les lignes directrices du
RĂ©seau canadien pour le traitement des troubles anxieux et de
l’humeur (CANMAT) et de la Société internationale pour les troubles
bipolaires (ISBD)1,6 . Le choix de médicaments de première intention
ne doit pas être exclusivement fondé sur les éléments de preuve
concernant leur efficacité, mais également sur leur coût, leur toléra-
bilité et leurs effets indésirables.
Comparaison des nouveaux antipsychotiques
avec d’autres médicaments de deuxième génération
dans le traitement des troubles de l’humeur
Les nouveaux antipsychotiques ont des profils uniques de liaison
aux récepteurs qui peuvent se traduire par une efficacité accrue, un
plus large éventail d’indications et une meilleure tolérabilité compar-
ativement aux médicaments de deuxième génération plus anciens.
Plus précisément, tous les nouveaux antipsychotiques sont des
agonistes partiels de la 5-hydroxytryptamine (HT)1a et des antago-
nistes du récepteur 5-HT7, ce qui suggère qu’ils ont des propriétés
antidépressives. Plus important encore, tous les nouveaux antipsycho-
tiques semblent permettre de régler les principaux problèmes associés
aux antipsychotiques de deuxième génération : gain pondéral et trou-
bles métaboliques. En effet, les données disponibles jusqu’à présent
indiquent que les nouveaux antipsychotiques sont associés à un gain
de poids réduit et n’entraînent pas de modifications métaboliques
significatives, bien que des recherches longitudinales plus appro-
fondies soient nécessaires pour confirmer ces observations. Une
surveillance standard du poids et des paramètres métaboliques est
néanmoins recommandée.
Étant donné leur profil d’effets indésirables supérieur, on peut
envisager d’utiliser les nouveaux antipsychotiques de préférence aux
antipsychotiques plus anciens lorsqu’il existe des données probantes
concernant leur efficacité (tableaux 2 et 3). Par exemple, l’aripiprazole,
la ziprasidone et l’asĂ©napine pourraient ĂŞtre choisis de prĂ©fĂ©rence Ă
d’autres antipsychotiques dans le traitement des épisodes maniaques
ou mixtes, étant donné leur efficacité similaire, mais leur profil
métabolique supérieur. À mesure que les éléments de preuve contin-
uent d’augmenter, de nouveaux médicaments, tels que l’asénapine et
la lurasidone, pourront potentiellement être utilisés dans un plus
grand nombre d’indications de première intention. Si ces indications
sont approuvées par Santé Canada, le profil d’effets indésirables favor-
able de ces médicaments pourrait en faire l’option privilégiée.
Caractéristiques des nouveaux antipsychotiques
L’aripiprazole est unique en raison de ses propriétés d’agoniste
partiel de D2-3, préservant théoriquement ses effets antipsychotiques
et antiémétiques, tout en réduisant les symptômes extrapyrami-
daux (SEP) et le risque d’hyperprolactinémie. C’est un agoniste
partiel puissant de 5-HT1A, réduisant davantage le risque de SEP
et suggérant des effets antidépresseurs. L’aripiprazole est
approuvé comme médicament d’appoint aux antidépresseurs
dans le trouble dépressif majeur,18 possiblement en raison de ses
propriétés de liaison à 5-HT1A et à 5-HT7ainsi que de ses
propriétés en tant qu’agoniste dopaminergique partiel.29,30. Ces
caractéristiques ont été démontrées dans deux études
randomisées et contrôlées avec placebo31,32. L’aripiprazole est
également indiqué dans le traitement des épisodes maniaques ou
mixtes pour le trouble bipolaire de type I en monothérapie chez
les adultes et les adolescents (âgés de 13 à 17 ans) ou en traite-
ment d’appoint au lithium ou au divalproex, ainsi que pour le
traitement de la schizophrénie et des troubles psychotiques asso-
ciés chez les adultes18,33-35. Les effets indésirables les plus fréquem-
ment rapportés avec l’aripiprazole incluent la somnolence/séda-
tion, l’akathisie, l’agitation et l’insomnie. La cariprazine est un
nouvel antipsychotique faisant l’objet d’études qui a des
propriétés pharmacologiques similaires à celles de l’aripiprazole.
C’est également un agoniste partiel de D2-3, mais ses propriétés de
liaison de préférence au récepteur D3pourraient lui conférer un
profil clinique unique, bien qu’il fasse encore l’objet d’étude.
Les propriétés uniques de l’asénapine lui permettent notam-
ment de se lier à un vaste éventail de récepteurs sérotonin-
ergiques et notamment d’agir comme antagoniste du récepteur
5-HT1B-1D-2A-2C-7 et comme agoniste partiel du récepteur 5-HT1A.
Sa structure chimique est similaire Ă celle de la mirtazapine, et les
deux molécules sont d’importants antagonistes des récepteurs α2.
Ces propriétés font de l’asénapine un candidat antidépresseur
théorique, du moins en traitement d’appoint. Cependant, cela n’a
pas encore été démontré. Elle est indiquée pour le traitement de
courte durée des épisodes maniaques ou mixtes associés au
trouble bipolaire de type I en monothérapie ou en association
avec le lithium ou le divalproex, et pour le traitement de la schiz-
ophrénie20. Son efficacité a été démontrée pour les épisodes
maniaques et mixtes dans le trouble bipolaire I (avec ou sans
caractéristiques psychotiques) dans une paire d’essais à double
insu, contrôlés avec placebo d’une durée de 3 semaines ayant un
plan similaire36,37, suivis d’études de prolongation de 9 et de 40
semaines dans lesquelles ses avantages se sont maintenus et son
efficacité a été comparable à celle de l’olanzapine38,39. Ces
dernières données suggèrent que l’asénapine pourrait être util-
isée dans le traitement d’entretien des troubles bipolaires.
L’efficacité de l’asénapine comme traitement d’appoint pour la
manie a été établie dans une étude avec répartition aléatoire et
contrôlée de 12 semaines dans laquelle on l’a associée à une
monothérapie par le lithium ou le divalproex chez les non répon-
deurs au traitement. Une Ă©tude de prolongation de 40 semaines
n’a pas démontré une différence statistique par rapport au
placebo, bien qu’elle n’ait pas eu suffisamment de puissance pour
détecter une différence40. L’asénapine est approuvée en prise
biquotidienne. Sa demi-vie initiale est d’environ 6 heures, l’état
d’équilibre est obtenu en 3 jours et sa demi-vie terminale est
d’environ 24 heures. Elle est disponible sous la forme sublinguale
et se dissout rapidement sous la Iangue. Les patients sont
informés d’attendre 10 minutes après la prise du médicament
pour manger ou boire. Les effets indésirables les plus fréquem-
ment rapportés incluent la somnolence, les étourdissements, l’hy-
poesthésie orale (disparaît généralement dans un délai d’une
heure) et les symptĂ´mes extrapyramidaux (SEP)20.
La lurasidone a des propriétés antidépressives relativement
uniques, incluant une forte affinité pour les récepteurs 5-HT7, des