Les indications du dosage des hormones stéroïdes
227
Revue de l'ACOMEN, 1998, vol.4, n°3
Au cours de la phase lutéale, le corps jaune, principale-
ment stimulé par la LH, produit de la progestérone et de
lestradiol.
Lensemble de ces phénomènes est sous la dépendance
de la sécrétion pulsatile de la "Gonadotrophin Releasing
Hormone" (GNRH) dorigine hypothalamique, soumise au
rétro-contrôle négatif de lestradiol et de la progestérone.
2.2. Les troubles de la puberté
2.2.1. La puberté précoce
Lapparition dune pilosité pubienne et dun début de dé-
veloppement mammaire chez une enfant âgée de moins de
7 ans doit faire évoquer une puberté précoce. Celle-ci est
confirmée par le dosage de FSH. Le degré de maturation
ovarienne est évalué par la mesure de lestradiol sérique et
léchographie. Lensemble du contexte clinique et
paraclinique permet de préciser létiologie (tumeur hypo-
thalamique, syndrome de Mac Cune-Albright, puberté pré-
coce idiopathique) et de mettre en route le traitement ap-
proprié (2).
2.2.2. Les retards pubertaires
En labsence de signes cliniques de développement pu-
bertaire à lâge de 12 ans, et de règles à 15 ans, les dosages
des stéroïdes sériques sintègrent dans lensemble des
investigations qui vont explorer en premier lieu
ladrenarche dont le premier stigmate biologique est lélé-
vation du S-DHEA ou de la DHEA. Le dosage de lestradiol,
comme précédemment associé à léchographie, apprécie le
degré de maturation ovarienne. Lorientation étiologique
est donnée par le dosage de FSH (plus accessoirement de
LH) dont le taux élevé oriente vers une dysgénésie ova-
rienne ; inversement, une valeur basse évoque une origine
haute, et la réponse à la stimulation par GNRH permet daf-
firmer la simple puberté différée.
2.3. Chez la femme en période dactivité
génitale
2.3.1. Exploration des perturbations du cycle menstruel
Le dosage de lestradiol aux différentes phases du cycle et
celui de la progestérone dans la deuxième période du cycle
sont très utiles, associés à létude de la courbe thermique,
pour apprécier limportance dune dysovulation.
Dans le cadre de lexploration dune aménorrhée secon-
daire, le dosage de lestradiol sérique permet dévaluer le
degré de carence estrogénique.
2.3.2. Procréation médicalement assistée (P.M.A)
Le dosage régulier de lestradiol sérique et léchographie
sont les deux éléments de surveillance de la stimulation
ovarienne : lovulation est déclenchée par injection de
gonadotrophine chorionique, ou la ponction ovarienne
réalisée lorsquun ou plusieurs follicules ont atteint un
diamètre de 20 à 22 mm et que lestradiol sérique se situe
entre 500 et 1000 pg/ml (3).
Le dosage de la progestérone en fin de stimulation aurait
une certaine valeur pronostique : son élévation pré-
ovulatoire est corrélée avec léchec de limplantation des
embryons (4).
Dans les syndromes de basse réserve ovarienne, respon-
sables dinfertilité et déchec de la fécondation in vitro, un
taux destradiol supérieur à 80 pg/ml au 3ème jour du cycle,
associé à la classique augmentation du taux de FSH, repré-
sente un élément péjoratif de poids (5).
2.3.3. Au cours de la grossesse
Le dosage de lestriol en fin de grossesse est de moins en
moins utilisé pour rechercher la souffrance ftale, car les
progrès du monitorage ont permis un diagnostic beau-
coup plus précoce de celle-ci.
Par contre, le dosage de lestriol libre est utilisé par cer-
tains laboratoires en association avec celui de lHCG et
éventuellement de lalphafoetoprotéine (AFP) pour éva-
luer, entre la 15e et la 17e semaine daménorrhée, le risque
de trisomie 21 (6).
2.4. La ménopause
En dehors du dosage de la FSH qui permet de confirmer
linstallation de la ménopause, les dosages hormonaux ne
sont utiles ni pour poser lindication dun traitement hor-
monal substitutif (THS), ni pour adapter la dose
destrogènes.
Le dosage de lestradiol et/ou de lestrone sérique nest
utile que chez les femmes présentant une contre-indica-
tion relative au THS et chez lesquelles la persistance dune
production résiduelle destradiol, ou destrone (à partir de
la DHEA surrénalienne) en quantité suffisante fera pen-
cher la balance en faveur de labstention thérapeutique.
2.5. Les hyperandrogénies
Les syndromes dhyperandrogénie représentent lindica-
tion majeure du dosage des androgènes chez la femme.
Le syndrome des ovaires polykystiques saccompagne
fréquemment dune production anormale dandrogènes
avec élévation de la ∆4-androstènedione et, de façon plus
modeste et inconstante, de la testostérone sérique. Le
dosage de la testostérone libre ou de la testostérone
biodisponible, préconisé par certains auteurs (7), ne fait
pas lunanimité.
Dans le cadre des explorations, il faut garder à lesprit la
possibilité de tumeur virilisante de lovaire qui doit être