En effet, la crise comporte deux éléments:
Le premier est une modification du milieu interne du sujet se
traduisant par un broncho-spasme et un œdème bronchique; mais ce
trouble neuro-végétatif est toujours associé à une réaction motrice bien
particulière qui est le blocage inspiratoire caractéristique des asthmatiques
en crise.
Donc, pour le malade tout mouvement inspiratoire forcé correspond à
une crise et pourrait éventuellement favoriser la crise.
Cela expliquerait peut-être l'inversion du réflexe inspiratoire souligné
par le Pr Charpin (4) : alors qu'une inspiration forcée entraîne une broncho-
dilatation chez le sujet normal, elle entraîne une broncho-constriction chez
l'asthmatique, ou encore le fait que l'asthmatique utilise rarement ses
possiblités respiratoires au maximum (même en dehors des crises)
conformément à une réaction d'évitement.
En outre, la crise s'accompagne d'une angoisse, d'une anxiété extrê-
mement forte, et toute situation rappelant cet état de crise sera très
anxiogène avec retentissement respiratoire (pensons au diaphragme
muscle lié à tous les grands moments de la vie affective et émotionnelle).
La perturbation respiratoire peut alors favoriser l'apparition de la crise.
Les exemples d'asthmatiques déclenchant des épisodes paroxystiques à la
suite d'angoisse sont très nombreux.
III. - Objectifs de la rééducation
La kinésithérapie respiratoire s'adressant à l'acte respiratoire lui-
même est donc directement intéressée par ce deuxième type de condi-
tionnement puisqu'elle peut intervenir directement et efficacement dans
un processus de déconditionnement et ce, en se fixant deux objectifs
principaux.
1°) Briser la liaison entre perturbation neuro-végétative et
mouvement inspiratoire par une «désensibilisation» (5) progressive pour
utiliser un langage behavioriste. Et cela va déterminer une progression
rigoureuse au cours de la rééducation. Nous débuterons en effet par un
travail respiratoire aussi éloigné que possible de la position de crise, c'est-
à-dire que nous commencerons par un travail expiratoire et pro-
gressivement nous passerons à un travail inspiratoire sur une position
moyenne se déplaçant du secteur expiratoire vers le secteur inspiratoire.
2°) Affiner l'auto-contrôle respiratoire et en particulier, le contrôle du
diaphragme en fournissant au sujet le maximum d'informations
rétroactives. Ces informations seront fournies par un véritable guidage
manuel et verbal qui s'estompera en progression.
Il ne s'agit donc en aucun cas de travail diaphragmatique contre résis-
tance en vue d'une musculation, la résistance doit être minime et à visée
informative uniquement.
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