Q. 4 – QU’EST-CE QUI CAUSE LA COLITE
MICROSCOPIQUE ?
La cause de la colite microscopique demeure obscure. Plu-
sieurs théories sur la pathogenèse ont été proposées au
cours des années, mais aucune ne fait consensus. Il s’agit
probablement d’un problème multifactoriel.
Il semble y avoir une forte association entre l’apparition de
la colite microscopique et certains médicaments, notam-
ment les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les
inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), les ISRS et les sta-
tines (tableau I2). Par contre, le recours à ces médicaments
est très fréquent dans la population. Leur utilisation chez
les patients atteints de colite microscopique pourrait donc
être une pure coïncidence, sans qu’il n’y ait de lien de cause
à effet, sauf pour les AINS pour lesquels le lien est mieux
établi1. Quoi qu’il en soit, il demeure important de réviser
scrupuleusement la liste de médicaments des patients et
d’éliminer le plus possible les agents susceptibles de pro-
voquer les symptômes.
L’auto-immunité est aussi une cause de colite microscopique.
Une proportion considérable de patients atteints présen-
tent de façon concomitante une maladie auto-immune, telle
que la maladie cœliaque, la polyarthrite rhumatoïde, les
dysthyroïdies et le diabète de type 1. La prévalence d’ano-
malies aux tests sérologiques auto-immuns est augmentée.
Cependant, aucun marqueur spécifique n’a été trouvé pour
la colite microscopique1. Il est important de connaître cette
association entre la colite microscopique et les maladies
auto-immunes dans notre pratique clinique. Si un patient
ne répond pas au traitement, le médecin doit éliminer la
pré sence d’une maladie auto-immune concomitante (on
pense surtout à la maladie cœliaque). En contrepartie, la
colite microscopique doit être sérieusement envisagée
chez un patient souffrant d’une maladie auto-immune et
qui présente une diarrhée aqueuse non sanguinolente.
Certains articles semblent indiquer qu’une infection bac-
térienne pourrait en être responsable ; d’autres, que la
malabsorption d’acide biliaire pourrait être en cause7. De
plus, plusieurs facteurs de risque, dont le tabagisme, ont été
associés à une augmentation de l’incidence de la maladie.
À ce jour, toutefois, aucun mécanisme pathologique n’a pu
être établi, ce qui laisse croire que la colite microscopique
a probablement de multiples causes. Il est donc possible
que le facteur causal soit différent d’un patient à l’autre.
Q. 5 – LES ANOMALIES DE LABORATOIRE
Les résultats des tests de laboratoire ne sont pas spécifi ques.
Une anémie légère ou une petite augmentation de la vitesse
de sédimentation ou du taux de protéines C réactive peuvent
être observées. Des anticorps sont, en outre, présents chez
la moitié des patients (facteur rhumatoïde, anticorps anti-
mitochondriaux, anticorps antinucléaire, etc.), mais aucun
marqueur n’est spécifique à la colite microscopique8.
À l’examen des selles, la culture est habituellement négative,
même chez les patients dont le début a été soudain. Les
don nées concernant les marqueurs fécaux sont limitées. On
aurait détecté des taux plus élevés de certains marqueurs
inflammatoires (protéine X éosinophilique, myélopero-
xidase et tryptase) chez les patients souffrant de colite
micro scopique. Par contre, ces marqueurs seraient peu éle-
vés chez les patients atteints du syndrome du côlon irritable
(taux alors comparable à celui des patients en bonne santé).
Le recours à ces marqueurs fécaux pourrait être envisagé
pour savoir quels patients ont besoin d’une coloscopie avec
biopsies multiples pour éliminer la probabilité d’une colite
microscopique. Mais cette approche devra être validée
avant d’être largement utilisée. C’est donc à suivre9 !
Quant à la lactoferrine et à la calprotectine fécale, leur taux
est bas dans la colite microscopique, contrairement à la
colite ulcéreuse et à la maladie de Crohn.
Q. 6 – COMMENT TRAITE-T-ON LA COLITE
MICROSCOPIQUE ?
Tout d’abord, il faut rassurer le patient. La colite microsco-
pique n’est pas liée à une hausse de la mortalité ni à une
augmentation du risque de cancer colorectal. En outre, les
patients ne présentent pas de détérioration importante de
leur état général. La diarrhée peut cesser après quelques
semaines, avec ou sans traitement. Cependant, les réci-
dives sont fréquentes (de 30 % à 60 %)9.
TABLEAU I
MÉDICAMENTS FRÉQUEMMENT
ASSOCIÉS À LA COLITE
MICROSCOPIQUE
h Acide acétylsalicylique (AAS)
h Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
h Carbamazépine
h Inhibiteur de la pompe à protons (IPP)
h Lisinopril
h Paroxétine
h Flutamide
h Sertraline
h Ticlopidine
h Ranitidine
h Acarbose
h Simvastatine
Adapté de : Storr MA. Microscopic colitis : epidemiology, pathophysiology,
diagnosis and current management–An update 2013. ISRN Gastroen-
terol 2013. DOI : 10.1155/2013/352718. Publié en ligne le 18 avril 2013.
Reproduction autorisée.
58
Le Médecin du Québec, volume 50, numéro 4, avril 2015