INTRODUCTION AUX MATRICES ALÉATOIRES 89
de ce phénomène n’est toujours pas achevée à l’heure actuelle. En
dimension 1, ces opérateurs de Schrödinger aléatoires sont typique-
ment des matrices hermitiennes à bande, aléatoires. En télécommu-
nications, la transmission d’information entre un groupe d’antennes
émettrices et un groupe d’antennes réceptrices est modélisable par
une matrices aléatoire. La capacité du canal de communication asso-
ciée s’avère être une statistique linéaire du spectre de cette matrice,
ouvrant la voie à toute une gamme de questions mathématiques et
numériques. Ces quelques exemples historiques illustrent la grande
diversité des situations conduisant à des matrices aléatoires.
En anglais, on pourra consulter l’ouvrage encyclopédique [ABF],
qui fournit un panorama récent, peut-être plus accessible que les livres
[De, HP, M, ER, G1, DG, BS, AGZ, F, PS, HJ, T1, CD, EK].
En français, on pourra consulter par exemple les textes de vulgarisa-
tion [Bi1, Bi2, P] sur des sujets précis, et même s’aventurer dans l’ar-
ticle de synthèse [G2] qui présente des avancées relativement récentes
sur l’un des fronts actuels de la recherche. Signalons enfin que plu-
sieurs blogs Internet proposent des billets de vulgarisation autour de
la théorie des matrices aléatoires, comme le blog de Terence Tao par
exemple (en anglais) à l’adresse http://terrytao.wordpress.com/.
Ces notes constituent un point de départ, une invitation à la curio-
sité et à l’exploration. Nous débutons par des expériences numériques
en langage Scilab dont le code ainsi que la sortie graphique sont don-
nés dans les figures 1-2-3. Pour une matrice M∈Mn(C), on note
M∗:= M>, et λ1(M), . . . , λn(M)les valeurs propres de M, c’est-à-
dire les racines dans Cde son polynôme caractéristique. La manière
de les numéroter importe peu à ce stade car la plupart des quantités
que nous allons considérer sont des fonctions symétriques des valeurs
propres. Pour tout n>1fixé, soit Mune matrice aléatoire n×n
dont les coefficients sont des variables aléatoires sur C(c’est-à-dire
des vecteurs aléatoires de R2) i.i.d.(2) de moyenne
m:= E(Mij) = E(<Mij) + √−1E(=Mij)
(2)Signifie «indépendants et identiquement distribués» ou «independent and iden-
tically distributed».