
envisageable leur utilisation dans ces sténoses malignes
dont le traitement n’est pas compatible avec les prothèses
plastiques. En effet, la souplesse proposée par ces prothè-
ses permet leur maintien en place par appui et impaction
au niveau des parois digestives. Le concept de largage est
identique à celui que nous avons vu au niveau de l’œso-
phage avec la possibilité de passer le cathéter et le fil guide
au travers du canal opérateur d’un endoscope, qui
comporte un gros canal opérateur (4,2 mm). L’utilisation
combinée de l’endoscopie et de la radiologie est un plus
dans la rapidité et la facilité d’exécution de la procédure.
L’endoscope utilisé est soit un axioscope, soit un duodé-
noscope (vision latérale), en sachant qu’il est toujours
possible de garder le contrôle visuel de toute la phase de
largage. Sur le plan pratique, le trajet de la sténose duodé-
nale est repéré par injection directe du produit, contraste
afin de faciliter l’insertion du fil guide qui sera suivi sous
contrôle endoscopique et radiologique. Toutefois, il est
nécessaire de dilater ces sténoses duodénales si le temps
préalable de la mise en place de la prothèse duodénale
nécessite la canulation de la papille pour réaliser une
sphinctérotomie et traiter une sténose biliaire associée.
Chez ce type de patient, le temps biliaire sera toujours
réalisé avant le temps duodénal puisque en effet, une fois
la prothèse métallique non couverte mise en place, il sera
beaucoup plus difficile de cathétériser la papille. En
l’absence de thérapeutique biliaire, il n’est pas nécessaire
de dilater le duodénum avant la mise en place de la
prothèse puisque la force radiale de la prothèse duodénale
sera suffisante pour la réaliser. Les prothèses utilisées ont
des diamètres qui varient de 14 à 22 mm pour une lon-
gueur de 4,5à9cm(figure 3).
Les résultats
La réalisation de cette technique permet d’obtenir un
succès dans pratiquement 96 % des cas. Le taux de reprise
alimentaire est de 95 % chez les patients traités dès la 24
e
heure avec un séjour hospitalier moyen de 3,2 jours. La
durée d’efficacité qui se traduit par une perméabilité satis-
faisante est observée jusqu’au décès du patient dans
89,4 % des cas avec une moyenne de survie de l’ordre de
3 à 4 mois [8]. Ces résultats qui sont largement confirmés,
puisque nous avons maintenant un recul de 5 ans, modi-
fient la prise en charge de ces patients, notamment chez
ceux porteurs d’un cancer du pancréas non résécable où
l’ictère a été la modalité de révélation de la maladie. La
possibilité de traiter ces obstructions duodénales par
méthode endoscopique est un argument supplémentaire
en faveur du traitement de la sténose biliaire par sphinc-
térotomie et mise en place d’une prothèse métallique dès
le début de la symptomatologie clinique et de toute façon
doit faire préférer cette méthode endoscopique aux
méthodes chirurgicales de double dérivation biliaire et
gastrique [8].
Soulignons encore l’avantage crucial de cette techni-
que qui permet par rapport à la chirurgie de dérivation
gastrique une alimentation normale pratiquement au bout
de 24 à 48 heures contre8à10jours pour les dérivations
chirurgicales, l’explication étant que le circuit anatomique
recréé par ces prothèses est beaucoup plus physiologique
que celui créé par la chirurgie gastrique.
L’utilisation de prothèses métalliques auto-
expansives en pathologie colique
En cancérologie colique
Deux applications sont actuellement retenues : la
désobstruction colique dans l’attente d’une chirurgie et le
traitement palliatif d’une tumeur obstructive chez un
patient non opérable.
Les modalités de réalisation
de la décompression préopératoire
–L’occlusion colique d’origine tumorale est un mode
de révélation dans les cancers coliques (25 % des cas). La
mise en place d’une prothèse peut être considérée comme
une alternative à une colostomie temporaire exécutée
avant la résection tumorale curative. Le taux de succès de
la décompression préopératoire est de 85 % pour un taux
de complication à 4 % (perforation, hémorragie, douleurs,
migration) en sachant que la mortalité liée à la procédure
est aux alentours de 1 % [9-11]. L’avantage du traitement
endoscopique est de modifier la prise en charge des
cancers coliques en occlusion. Il s’agit en effet d’une
forme évoluée de la maladie avec un envahissement gan-
glionnaire dans 60 % des cas et un envahissement métas-
tatique dans 40 % des cas. Un traitement chirurgical dans
ces conditions est difficile techniquement avec une mor-
bidité et une mortalité élevées qui vont nécessiter plu-
sieurs temps opératoires. L’intérêt de la mise en place
d’une prothèse colique dans cette situation est l’obtention
de la régression du syndrome occlusif qui permettra la
réalisation d’un geste chirurgical différé chez un patient
bien préparé.
–D’autre part, si le bilan préopératoire montre que la
maladie est trop évolutive, un traitement palliatif définitif
sera choisi.
Les résultats de la décompression préopératoire mon-
trent un taux de succès de la mise en place d’une prothèse
de décompression de 90 % [10, 11]. Au niveau du rectum
distal, ces prothèses métalliques peuvent être source de
ténesme, de douleurs, voire d’une incontinence fécale,
mais si on limite la prothèse métallique à un positionne-
ment à moins de 2 cm de la marge anale, il n’y a pas
d’interférence avec la fonction anale. Bien sûr, l’occlusion
de la prothèse par l’impaction des selles ou la réinvasion
tumorale nécessitera soit la mise en place d’une nouvelle
prothèse à l’intérieur de la première prothèse, soit un
traitement par destruction par un agent physique tel que le
plasma argon. Une étude d’analyse décisionnelle a
démontré que l’insertion de prothèse suivie d’une chirur-
mt, vol. 12, n° 4, juillet-août 2006 231