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Mai 2016
Banque du Canada: Pas de changement en vue du taux directeur, pour le moment
À la surprise de personne, la Banque du Canada (BdC) a annoncé mercredi dernier qu’elle maintenait à 0,50 % son taux cible du
financement à un jour. Par contre, le ton de son bref communiqué de 354 mots était un peu plus optimiste que ne l’avaient prévu la plupart
des intervenants sur le marché.
Sur le plan des conditions économiques à l’extérieur du pays, la BdC fait écho à l’optimisme exprimé dernièrement par les membres de la
Fed quant à la santé de l’économie américaine : « malgré la faiblesse affichée au premier trimestre, certains indicateurs, dont l’emploi,
laissent présager un retour à une croissance solide en 2016 ». La BdC semble moins confiante en ce qui concerne la durabilité du
redressement des prix du pétrole, qui refléterait en partie « des perturbations à court terme de l’offre ». Une partie du repli de la production
pétrolière mondiale s’explique par les incendies dévastateurs dans le nord de l’Alberta. « Selon l’évaluation préliminaire de la Banque, la
destruction par le feu et l’interruption de la production de pétrole qui en a découlé viendront retrancher environ 1 1/4 point de pourcentage à
la croissance du PIB réel au deuxième trimestre. L’économie devrait rebondir au troisième trimestre à la faveur de la reprise de la production
de pétrole et du démarrage de la reconstruction. » Nous sommes d’avis que la politique monétaire n’est pas un outil efficace pour régler ce
problème transitoire.
Au bout du compte, cette catastrophe naturelle ne change en rien les perspectives économiques et inflationnistes à moyen terme. Par
contre, l’atonie des investissements des entreprises dans le secteur hors-commodités semble susciter une certaine déception au sein de la
BdC : « La croissance au premier trimestre de 2016 semble être conforme à la projection présentée par la Banque en avril, quoique les
investissements et les intentions d’investissement des entreprises demeurent décevants. » Par exemple, selon une enquête publiée en mai
par Statistique Canada, le total des investissements des entreprises du secteur privé chuterait de 9,3 % cette année. Même si l’on exclut les
secteurs des mines et du pétrole et gaz, les investissements prévus pour la construction de bâtiments non résidentiels et l’achat de matériel
et d’outillage accusent une baisse de 2,0 %.
Si le renchérissement du prix du pétrole brut constitue une bonne nouvelle pour les termes de l’échange et la croissance du PIB nominal au
pays, nous estimons néanmoins qu’il ne suffira pas à ranimer les nouveaux projets des producteurs à coûts élevés en Alberta (le prix du
pétrole brut WTI ne retournera pas à 100US$ de manière persistante). Par surcroît, la vigueur du huard, plus proche du seuil de 0,80 $US à
partir duquel les exportateurs canadiens perdent leur avantage concurrentiel sur leurs homologues américains, risque de freiner l’élan des
exportations hors produits de base.
Au-delà du pétrole, les prochaines fluctuations de notre devise dépendront des attentes des participants du marché quant à l’orientation de
la politique monétaire de la Fed. L’équipe de Recherche économique et stratégie de VMBL s’attend à ce que le comité FOMC relève son
taux directeur de 25 points de base au moment de sa prochaine réunion le 15 juin; le marché du travail ne cesse de prendre du mieux et les
pressions inflationnistes se font graduellement un peu plus fortes. Comme elle l’a fait en décembre 2015 lorsque le taux cible des fonds
fédéraux a été relevé pour la première fois en plus de neuf ans, nous sommes d’avis que la BdC suivra la situation de près afin de s’assurer
qu’un éventuel resserrement monétaire au sud de la frontière n’en provoque pas un autre chez nous. À titre d’exemple, une hausse des taux
obligataires au Canada est susceptible de peser sur notre économie puisque le poids de l’endettement privé et public est élevé; cette
éventualité préoccupe davantage la BdC, qui précise que « les vulnérabilités du secteur des ménages se sont accentuées ». D’après nous,
ces vulnérabilités sont accentuées entre autres par la migration rapide des travailleurs d’une province à l’autre (de l’Alberta à la C.-B. ou à
l’Ontario, par exemple). Ainsi, l’écart de performance entre les divers marchés de l’habitation au pays ne cesse de se creuser.
En résumé : Ainsi que nous le précisions dans notre dernier commentaire au sujet de la décision prise par la BdC le 13 avril, il faut exclure
l’éventualité d’un relèvement ou d’une réduction du taux directeur jusqu’à ce qu’un événement économique ou financier d’envergure modifie
les perspectives. Le message clé de la BdC, incorporé dans le dernier paragraphe du communiqué de mercredi, reprend délibérément celui
des réunions récentes : « les risques entourant la projection de la Banque relative à l’inflation demeurent relativement équilibrés. Par
conséquent, le Conseil de direction de la Banque estime que la politique monétaire actuelle est encore appropriée, et le taux cible du
financement à un jour reste à 1/2 %. » Pour l’instant, nous maintenons notre prévision d’un taux cible du financement à un jour de 0,50 % à
la fin de 2016 et de 2017. Sébastien Lavoie | Économiste en chef