Les principes suivants aident à comprendre comment les ISRS et les autres antidépresseurs de
nouvelle génération influencent le système sérotoninergique (5-hydroxytryptamine, 5-HT). Le blocage
présynaptique de la 5-HT entraîne une augmentation de la quantité de 5-HT qui stimule les nombreux
récepteurs 5-HT post-synaptiques. La stimulation des récepteurs 5-HT1 est associée à des effets
antidépresseurs et anxiolytiques. La stimulation des récepteurs 5-HT2 entraîne nervosité, insomnie et
dysfonctionnement sexuel, et leur blocage est associé à l'amélioration de la dépression. La stimulation
des récepteurs 5-HT3 est associée à des nausées et des céphalées, et leur blocage élimine la nausée.
En empêchant la recapture présynaptique de la 5-HT, les ISRS conduisent finalement à une fonction
sérotoninergique centrale plus efficace. Ils n'ont pas d'effets anti-cholinergiques, anti-adrénergiques, ni
sur la conduction cardiaque. Bien qu'ils soient sélectifs du système sérotoninergique, les ISRS ne sont
pas spécifiques dans leurs actions sur les différents récepteurs de la 5-HT. Ainsi, quand la stimulation
de la 5-HT1 permet des effets antidépresseurs et anxiolytiques, la 5-HT2 et la stimulation de la 5-HT3
provoque les effets secondaires habituels des ISRS : nausées, anxiété, insomnie, céphalées,
nervosité et dysfonctionnement sexuel. Ainsi, paradoxalement, les ISRS peuvent soulager ou
provoquer de l'anxiété. Dans les premiers mois peut se manifester une anorexie, préférentiellement
avec la fluoxétine ; la perte de poids peut être utile chez les patients présentant du surpoids et étant
boulimiques. La sédation est minime ou inexistante, mais certains patients ont tendance à une
somnolence diurne pendant les premières semaines de tt. L'agitation peut rendre l'arrêt nécessaire
pour 3 à 4 % des patients. Rarement, l'akathisie apparaît (faible activité dopaminergique ?). Les effets
secondaires les plus fréquents sont sexuels (p. ex. diminution de la libido, orgasme difficile) qui touche
jusqu'à 1/3 des patients. Certains patients acceptent ces effets comme le prix de l'amélioration de la
dépression, mais 1 patient sur 10 demande ou nécessite le changement pour une autre classe
d'antidépresseur. D'autres effets secondaires sont diarrhée et céphalées. Les interactions
pharmacologiques sont rares. Les ISRS sont sûrs en cas de surdosage, ils ont une large marge
thérapeutique, et sont relativement faciles à administrer, avec peu de besoin d'ajustements
posologiques (en dehors de la fluvoxamine). Le succès de ces médicaments a contribué à la large
acceptation par les patients du tt de la dépression par les antidépresseurs.
Les ISRS sont indiqués également dans les troubles corrélés à la dépression pour lesquels les
antidépresseurs tricycliques ne sont pas efficaces, incluant le trouble dysthymique, la dépression
atypique, la dépression saisonnière, le trouble obsessionnelcompulsif, la phobie sociale, la boulimie,
le syndrome prémenstruel et peutêtre le trouble de personnalité borderline.
La néfazodone bloque en premier lieu les récepteurs 5-HT2, et inhibe aussi la recapture de la 5-HT et de
la noradrénaline. Le résultat est une action antidépressive et anxiolytique sans dysfonctionnements
sexuels ; et il n'y a pas de problème de nausées puisque la néfazodone bloque aussi les récepteurs 5-
HT3. A la différence de la plupart des antidépresseurs, la néfazodone ne supprime pas le sommeil
REM et produit un sommeil reposant. Cependant, de graves arythmies cardiaques peuvent se
développer en cas d'utilisation concomitante de terfénadine ou d'astémizole.
La trazodone [n.d.t. : non commercialisée en France], un antidépresseur semblable à la néfazodone,
bloque les récepteurs 5-HT2, mais sans inhiber la recapture présynaptique de la 5-HT. Elle peut
causer un priapisme (dans 1 cas sur 1 000), ce qui n'est pas rapporté avec la néfazodone. A la
différence de la néfazodone, la trazodone est un -1bloqueur noradrénergique et est associée à une
hypotension posturale. La trazodone est extrêmement sédative, son utilisation à des doses
antidépressives (> 400 mg/j) est limitée. Elle est plus souvent utilisée à faible dose (de 50 à 100 mg
au coucher) pour traiter l'insomnie due aux ISRS.
La mirtazapine bloque les autorécepteurs -2adrénergiques ainsi que les récepteurs 5-HT2 et 5-HT3. Le
résultat est une fonction sérotoninergique plus efficace sans dysfonctionnement sexuel, ni nausées.
Elle n'a pas d'effets secondaires sur la fonction cardiaque, a une interaction minime avec les enzymes
hépatiques qui métabolisent les médicaments, et est généralement bien tolérée, sauf pour la sédation
et la prise de poids dues au blocage de l'H1 (histamine).
Les antidépresseurs hétérocycliques, tt standard de la dépression avant 1990, comprennent les
tricycliques (les amines tertiaires amitriptyline et imipramine et leurs métabolites amines secondaires
nortriptyline et désipramine), les tricycliques modifiés et les antidépresseurs tétracycliques. En aigu,
ces médicaments augmentent principalement la biodisponibilité de la noradrénaline et à un certain