propriété pharmacodynamique des antipsychotiques de première
génération
(3, 4)
. Quelques données suggèrent que certains anti-
psychotiques pourraient avoir des effets modulateurs du système
glutamatergique, qui est, après la dopamine,l’autre système de
neurotransmission impliqué dans la physiopathologie de la schi-
zophrénie. Cependant, ces actions modulatrices ne semblent pas
directes, et il n’existe aucun argument solide suggérant un effet
d i ff é r entiel des antipsychotiques de pre m i è re et de deuxième
génération
(21, 22)
.
L’ absence d’implication convaincante et univoque d’autre s
r é c ep t e u r s dopaminergiques ou d’autres systèmes de neuro-
t r ansmission a conduit à re c o n s i d é rer l’effet pharm a c o d y n a -
mique sur le récepteur D2 des antipsychotiques de deuxième
g é n é ration. En effe t , il a été démontré que, comme pour les anti-
p s y chotiques de pre m i è re générat i o n , il existe une corr é l at i o n
e n t r e le bl o c a ge D2 et l’efficacité des antipsychotiques de
deuxième génération
( 3 )
. Néanmoins, les modalités de ce bl o-
c a ge, en termes de vitesse d’associat i o n / d i s s o c i ation ainsi qu’en
t e r mes de localisat i o n , p o u rraient distinguer les antipsych o t i q u e s
de pre m i è re et de deuxième génération. Il a été démontré que,
en cas de compétition avec la dopamine, la cl o z apine est cap abl e
de se dissocier plus rapidement du récepteur D2 que l’halopéri-
d o l , expliquant le fait que, après une prise unique de cl o z ap i n e,
la durée d’occupation du récepteur D2 est plus brève que pour
l ’ h a l o p é rido l (
2 0 )
. L’ a m i s u l p ride et la quiétapine sont éga l e-
ment cap a bles de se dissocier rapidement du récepteur D2.
L’ o l a n z apine et la ri s p é rid one ont une vitesse de dissociat i o n
i n t e rm é d i a i r e. Ces diff é ren ces dans la vitesse de dissociat i o n
p o u rraient sous-tendre les diff é ren ces régionales de bl o c age du
r é c e pteur D2
( 2 3 , 2 4 )
. Aux doses thérap e u t i q u e s , la cl o z a p i n e
et l’olanzapine occupent à 80 % les récep t e u rs D2 corticaux
et seulement à 60 % les récep t e u rs D2 sous-cort i c a u x , ce qui
p o u r rait expliquer l’existence d’un effet thérapeutique anti-
p s y ch o t i q u e, avec un moindre risque de développement d’effe t s
ex t rapy ramidaux. La capacité de dissociation plus rapide et la
ri chesse en dopamine des régions stri atales pourraient ex p l i q u e r
ces diff é ren ces régi o n a l e s , bien qu’elles aient été mises en évi-
dence in vitro en l’absence de dopamine endog è n e. Ces diff é -
rences pharm a c o d ynamiques n’expliquent pro b a blement pas
t o u t , tous les antipsychotiques qualifiés d’atypiques n’ayant pas
les mêmes cara c t é ristiques pharm a c o l ogiques.
En concl u s i o n , sur le plan pharm a c o dy n a m i q u e, les antipsy-
chotiques de deuxième génération ont comme point commu n ,
comme ceux de pre m i è r e générat i o n , de bloquer les récep t e u r s
D2. Cette occupation des récep t e u r s D2 off r e des part i c u l a r i t é s ,
en termes de vitesse d’associat i o n / d i s s o c i a tion ou de distri bu-
tion cérébra l e, qui pourraient sous-tendre l’atypie de ces anti-
p s y ch o t i q u e s , même si une hétérogénéité existe entre les pro-
duits. Cette remise en question de l’atypie pharm a c o dy n a m i q u e
des antipsychotiques de deuxième génération obl i ge éga l e m e n t
à re c o n s i d é r er leurs atypies en termes d’effets indésirables et
d ’ e fficacité thérap e u t i q u e.
DES ATYPIES THÉRAPEUTIQUES ?
Les atypies pharmacodynamiques attribuées aux antipsycho-
tiques de deuxième génération ont conduit à considérer qu’ils
pourraient également avoir des atypies en termes d’effet théra-
peutique, ce qui était pris en compte dans la définition initiale
du concept d’antipsychotique atypique (4, 7). La schizophrénie
recouvre des symptômes variés, qui peuvent être regroupés en
quatre dimensions :symptômes productifs (délires, hallucina-
tions), symptômes négatifs (repli sur soi, apragmatisme), symp-
tômes affectifs et symptômes cognitifs (mémoire, fonctions
exécutives). Un traitement antipsychotique idéal devrait pouvoir
prendre en charge ces quatre dimensions symptomatiques. Les
antipsychotiques de première génération ont démontré leur effi-
cacité dans le contrôle des symptômes positifs. Pour la prise
en charge de ces symptômes positifs, les antipsychotiques de
deuxième génération n’offrent pas de supériorité évidente.
Les symptômes négatifs peuvent être primaires, inhérents au
processus psychopathologique lui-même,ou secondaires à une
mauvaise prise en charge des symptômes positifs, aux effets
extrapyramidaux et/ou à l’institutionnalisation. Ces deux types
de symptômes sont souvent difficiles à distinguer. Les antipsy-
chotiques de première génération sont capables de diminuer les
symptômes négatifs primaires, même si ces effets sont d’instal-
lation progressive et souvent obérés par la survenue des symp-
tômes négatifs secondaires liés aux effets extrapyramidaux (5).
Des travaux anciens concluaient au fait que l’action sur les
symptômes négatifs survenait avec les doses les plus faibles
d’antipsychotiques de première génération. Les antipsycho-
tiques de deuxième génération se distinguent-ils de ceux de pre-
mière génération ? L’olanzapine, la rispéridone et l’amisulpride
semblent avoir un avantage, même si les études qui le suggèrent
souffrent d’un biais majeur,qui est que la dose d’halopéridol
(10 à 20 mg/j) utilisée pour ces comparaisons n’est pas la dose
optimale, car, à cette dose,les effets extrapyramidaux viennent
perturber l’évaluation de la symptomatologie négative (12, 14).
Cependant, une étude récente comparant l’olanzapine à une
faible posologie d’halopéridol (4 mg) démontre l’avantage
potentiel des antipsychotiques de deuxième génération dans la
prise en charge des symptômes négatifs, même s’il est encore
difficile de déterminer s’il s’agit d’un effet direct sur les signes
primaires ou d’une simple diminution des symptômes négatifs
secondaires, liée à une moindre induction d’effets extrapyrami-
daux (24). Des arguments expérimentaux plaident en faveur de
l’influence d’une action préférentielle des antipsychotiques de
deuxième génération au niveau du cortex préfrontal, mais, là
encore, une hétérogénéité peut exister entre les produits (25).
En ce qui concerne les signes affectifs et cog n i t i f s , les anti-
p s y chotiques de pre m i è re génération sont réputés les aggrave r,
même si leurs effets antipsychotiques améliorent globalement
l ’ é t at du patient. Comme pour les symptômes négat i f s , si une ten-
dance semble se dessiner en faveur des antipsych o t i q u e s , l ’ é va-
l u ation réelle de l’efficacité des antipsychotiques de deuxième
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La Lettre du Pharmacologue - Volume 18 - n° 3 - juillet-août-septembre 2004
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H A R M A C O L O G I E