La dyspnée Aspect épidémiologique Dyspnée: prévalence • Top 10 des symptômes les + fréquents en fin de vie • Augmente en fin de vie • 70 % durant les 6 dernières semaines de vie • Varie en fonction de la pathologie • 95 % dans les BPCO • 65 à 70 % dans les cancers et les démences • 60 % dans l’insuffisance cardiaque • 50 % dans les SLA Mazzocato, Courrier du médecin vaudois 2009; S5 Dyspnée: définition Etymologie: δυσ (difficulté) + πνειν (respirer) Définition donnée par l’American Thoracic Society Am J Crit Care Med 1999; 159: 321 « Expérience subjective d’inconfort respiratoire se manifestant par des sensations qualitativement différentes, variant en intensité. Cette sensation résulte de l’interaction entre différents facteurs physiologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux et peut induire des réactions secondaires physiologiques et comportementales » Dyspnée: définition C’est un symptôme, donc un ressenti du malade. La dyspnée n’est pas nécessairement associée à des signes cliniques, ni à des anomalies biologiques ou radiologiques Dyspnée: définition Le langage du patient • Essoufflement Fibrose interstitielle, lymphangite K … • Sensation d’effort respiratoire BPCO, asthme … • Oppression Asthme, ischémie du myocarde … • Difficulté à respirer Déconditionnement, cachexie … • Manque d’air, suffocation, étouffement OAP, embolie, asthme ou BPCO sévère … Dyspnée: définition La dyspnée est souvent corrélée à de l’anxiété La dyspnée majore l’anxiété Dyspnée Anxiété L’anxiété majore la dyspnée Peur des proches Dyspnée: définition Chez le patient atteint d’un cancer terminal, la dyspnée est un facteur de mauvais pronostic Étude prospective Population: 303 malades cancéreux admis en soins palliatifs Survie médiane Pas de dyspnée 21 jours Dyspnée légère 17 jours Dyspnée modérée 8 jours Dyspnée sévère 3 jours Heyse-Moore, Pall Med 1991; 5: 20 Dyspnée: pathophysiologie Stimulation des chémorécepteurs (pCO2 , P02 , ph ) Stimulation des récepteurs juxta alvéolaires (↑ pression intra capillaire) Stimulation des récepteurs des muqueuses respiratoires (récepteur irritant, récepteur d’étirement) Déséquilibre entre le besoin ventilatoire et la capacité d’y répondre Perception d’une difficulté respiratoire Effet modulateur Stimulation des récepteurs de la musculature respiratoire striée Centres corticaux supérieurs Dyspnée: étiologie Pathologies cancéreuses Pathologies pleurales ou pulmonaires non néoplasiques Pathologies cardiaques Autres causes Tumeurs de la sphère ORL Tumeurs pulmonaires primitives ou secondaires Epanchements pleuraux ou péricardiques néoplasiques Syndrome cave supérieur Atteinte ganglionnaire néoplasique médiastinale Atteinte osseuse de la cage thoracique Atteinte diaphragmatique Augmentation massive du volume abdominal (ascite, occlusion, hépatomégalie, …) Infections pleuro-pulmonaires Embolies pulmonaires BPCO, asthme, emphysème Fibrose pulmonaire Broncho-aspiration Epanchements pleuraux, pneumothorax Status post-lobectomie, pneumonectomie Insuffisance cardiaque Infarctus Péricardite Troubles du rythme Fatigue musculaire (cachexie, maladies neuro-musculaires) Anxiété Anémie Acidose métabolique, etc. Dyspnée: étiologie Une origine souvent multifactorielle Facteurs médicaux • Affection principale • Complications liées à l’affection - Bronchopneumonie infectieuse, embolie pulmonaire … - Anémie, fièvre, cachexie … • Comorbidités Facteurs émotionnels, environnementaux … Dyspnée: étiologie En fin de vie, un quart des dyspnées sont indépendantes d’une pathologie cardiopulmonaire (Reuben 1986) Dyspnée : évaluation Évaluation quantitative • Evaluer la sévérité du symptôme • Pas d’outil spécifique destiné au patient en fin de vie EN, EV, EVA, ou un autre outil validé Évaluation qualitative • Evaluer les répercussions sur l’anxiété, l’humeur, le retentissement sur l’autonomie, le sommeil, la vie sociale … • Pas d’outil spécifique destiné au patient en fin de vie Dyspnée : évaluation Stade I A l’effort important Stade II Pour une marche en montée Stade III Pour une marche à plat Stade IV A la marche lente Stade V Au moindre effort (parole, habillage…) Echelle de Sadoul 0 Aucune gêne 0,5 A peine perceptible 1 Très légère 2 Légère 3 Modérée 4 Assez sévère 5-6 Sévère 7-8 Très sévère 9 Presque maximale 10 Intolérable Echelle de Borg Dyspnée: évaluation Pour le patient incapable de communiquer : Evaluation repose sur l’observation des soignants Si doute: instauration du traitement + évaluation • • • • • • • • • Fréquence respiratoire Tirage intercostal Respiration abdominale Respiration superficielle Cyanose labiale Pincement labial à l’expiration Battement des ailes du nez Plissement du front Encombrement respiratoire… Evaluation d’une détresse respiratoire • Gêne respiratoire intolérable et constante au repos • Anxiété intense face à l’impression d’une mort imminente • Tachypnée (FR > 28 respirations/min) • Effort marqué pour prononcer 2 à 3 mots • Attention obnubilée par un besoin d’air • Tirage intercostal et sus-claviculaire • Agitation quasi constante accompagnée ou non d’une confusion, d’un encombrement respiratoire, d’une cyanose Dyspnée: évaluation Conclusion Utile pour estimer l’inconfort engendré par le symptôme, évaluer l’efficacité du traitement et l’adapter Ecouter le patient Utiliser des questions simples (éventuellement des outils) Compléter par une observation clinique Répéter l’évaluation