PSI* — 2015/2016 Le 07/11/2015. D.S. 2 (4 heures) Le sujet se compose de 4 problèmes indépendants. Problème A Soit E un C-espace vectoriel de dimension finie d ≥ 1. Soit G un sous-groupe fini et commutatif du groupe GL (E) des automorphismes de E. On note n le nombre d’éléments de G. 1) On se propose de montrer que tous les éléments de G ont au moins un vecteur propre en commun. a) Traiter le cas d = 1. b) Traiter le cas où tous les éléments de G sont des homothéties. c) Montrer que, si un automorphisme g de G n’est pas une homothétie et si d > 1, alors g admet au moins une valeur propre λ et un sous-espace propre associé Eλ de dimension strictement inférieure à d. Vérifier que Eλ est stable par tous les éléments de G. d) Démontrer par récurrence sur l’entier d qu’il existe un vecteur propre commun à tous les éléments de G. 2) À tout élément f de L (E), on associe f défini par : f = 1 · h ◦ f ◦ h−1 . n h∈G Montrer que : ∀g ∈ G g ◦ f ◦ g −1 = f . 3) Un sous-espace vectoriel F de E est dit stable par G s’il est stable par tout élément de G. Soit F un sous-espace vectoriel stable par G. a) Montrer que : ∀g ∈ G g (F ) = F . b) Soit p un projecteur de E d’image F . Montrer que p (défini au 2)) est un projecteur de E d’image F et dont le noyau est stable par G. c) En déduire que tout sous-espace vectoriel de E stable par G admet dans E un supplémentaire stable par G. 4) Déduire des questions précédentes qu’il existe une base de E dans laquelle tous les éléments de G ont une matrice diagonale. 5) Énoncer une condition nécessaire et suffisante pour qu’un sous-groupe fini de GL (E) soit commutatif. Problème B : accélération de convergence 1) Soit k ∈ N∗ . En remarquant que l’on a : 1 1 1 1 = − , ∀n ∈ N∗ n(n + 1) · · · (n + k) k n(n + 1) · · · (n + k − 1) (n + 1) · · · (n + k) calculer, pour p ∈ N∗ , la somme : p Sp (k) = 1 n(n + 1) · · · (n + k) n=1 et lim Sp (k). p→∞ 2) On se propose de calculer une valeur approchée de la somme σ de la série de terme général : 2n − 1 , pour n ≥ 1. an = 3 n +n+2 2 a) Montrer que l’on a an ≤ 2 et, en utilisant une comparaison à une intégrale, donner un majorant du n p ∞ reste an . Quelle valeur de p suffit-il de choisir pour que σp = an approche σ à 10−4 près ? n=p+1 n=1 PSI* — 2015/2016 — D.S. 2 (4 heures) Page 2/4 b) Pour réduire ce nombre de termes, on écrit : C1 C2 C3 an = + + + εn . n(n + 1) n(n + 1)(n + 2) n(n + 1)(n + 2)(n + 3) Calculer C1 , C2 , C3 tels que : C1 = lim n(n + 1)an n→∞ C2 = lim n(n + 1)(n + 2) an − n→∞ C1 n(n + 1) C3 = lim n(n + 1)(n + 2)(n + 3) an − n→∞ C1 C2 − n(n + 1) n(n + 1)(n + 2) c) Donner, pour ces valeurs de C1 , C2 , C3 , l’expression de εn en fonction de n et prouver que : 14 |εn | ≤ 5 . n ∞ 3) a) Calculer, comme au 2)a), une valeur de p pour avoir : b) Pour cette valeur de p, calculer |εn | ≤ 2.10−4 . n=p+1 p n=1 εn , avec la précision de la machine. c) En déduire une valeur approchée de σ à 10−4 près. Problème C : étude d’un procédé de sommation Notations : pour tout entier naturel n, on note n! la factorielle de n (avec la convention 0! = 1), [[0, n]] n! l’ensemble des entiers naturels k vérifiant 0 ≤ k ≤ n, nk = le nombre de parties ayant k k! (n − k)! éléments d’un ensemble à n éléments, pour k ∈ [[0, n]]. n 1 1 1 = 1 + + · · · + et l’on pose σ 0 = 0. k 2 n Si n est un entier naturel non nul, on note σn la somme k=1 Toute application de N dans C étant une suite complexe, si a est une telle suite, on utilise la notation usuelle a (n) = an . À toute suite complexe a, on associe la suite a∗ définie par : ∀n ∈ N a∗n = 1 2n n n k ak . k=0 L’objet du problème est de comparer les propriétés de la série n≥0 a∗n aux propriétés de la série an . n≥0 Partie I : deux exemples 1) Cas d’une suite constante : soit α ∈ C∗ ; on définit la suite a par : ∀n ∈ N an = α. Expliciter a∗n pour n ∈ N. La série an (resp. a∗n ) est-elle convergente ? n≥0 n≥0 2) Cas d’une suite géométrique : soit z ∈ C ; on définit la suite a par : ∀n ∈ N an = z n . a) Exprimer a∗n en fonction de z et de n. b) On suppose que |z| < 1. (i) Justifier la convergence de la série an et expliciter sa somme A (z) = n≥0 (ii) Justifier la convergence de la série n≥0 a∗n et expliciter sa somme +∞ n=0 +∞ n=0 an . a∗n en fonction de A (z). PSI* — 2015/2016 — D.S. 2 (4 heures) Page 3/4 c) On suppose que |z| ≥ 1. (i) Quelle est la nature (convergente ou divergente) de la série an ? n≥0 (ii) Quelle est la nature de la série n≥0 eiθ , (iii) On suppose que z = a∗n si z = −2 ? avec θ réel tel que 0 < |θ| < π. Montrer que la série n≥0 convergente. Calculer la partie réelle et la partie imaginaire de la somme +∞ n=0 a∗n est a∗n . Partie II : étude du procédé de sommation Dans cette partie, pour simplifier, on suppose que la suite a est à valeurs réelles, la suite a∗ étant toujours définie de la même façon. 1) Comparaison des convergences des deux suites a) Soit n ∈ N∗ . On considère un entier k fixé, k ∈ [[0, n]]. (i) Préciser un équivalent de nk lorsque n tend vers +∞. (ii) En déduire la limite de 1 2n n k lorsque n tend vers +∞. b) Soient a une suite réelle et q un entier naturel fixé. q ak . 2n n k On considère, pour n > q, la somme Sq (n, a) = k=0 Quelle est la limite de Sq (n, a) lorsque n tend vers +∞ ? c) On suppose que an tend vers 0 lorsque n tend vers +∞ ; montrer que a∗n tend vers 0 lorsque n tend vers +∞. d) On suppose que an tend vers ℓ (limite finie) lorsque n tend vers +∞. Quelle est la limite de a∗n lorsque n tend vers +∞ ? e) La convergence de la suite (an )n∈N est-elle équivalente à la convergence de la suite (a∗n )n∈N ? 2) Comparaison des convergences des séries an et n≥0 Pour n ∈ N, on note Sn = n ak , Tn = k=0 n k=0 n≥0 a∗n a∗k , Un = 2n Tn . a) Pour n ∈ [[0, 3]], exprimer Un comme combinaison linéaire des sommes Sk , c’est-à-dire sous la forme n Un = λn,k Sk . k=0 b) On se propose de déterminer l’expression explicite de Un comme combinaison linéaire des sommes Sk pour k ∈ [[0, n]] : n (E) Un = λn,k Sk pour n ∈ N. k=0 (i) À quelle expression des coefficients λn,k (en fonction de n et de k) peut-on s’attendre compte tenu des résultats obtenus à la question précédente ? (ii) Établir la formule (E) par récurrence sur n (on pourra remarquer que, pour tout k ∈ [[0, n]], ak = Sk − Sk−1 , avec la convention S−1 = 0). an est convergente. Montrer que la série c) On suppose que la série n≥0 exprimer la somme +∞ n=0 n≥0 a∗n en fonction de la somme d) La convergence de la série +∞ n=0 a∗n est convergente et an . an est-elle équivalente à la convergence de la série n≥0 n≥0 a∗n ? PSI* — 2015/2016 — D.S. 2 (4 heures) Page 4/4 Problème D : inégalités de Hölder et Minkowski 1) Soit I un intervalle de R. Une fonction f de I dans R est dite convexe sur I si et seulement si : ∀ (x, y) ∈ I 2 ∀t ∈ [0, 1] f (1 − t) x + ty ≤ (1 − t) f (x) + tf (y) . Soit f : I → R dérivable sur I. On se propose de montrer que f est convexe sur I si et seulement si f ′ est croissante sur I. f (y) − f (x) a) Supposant que f est convexe, considérer x, y dans I tels que x < y et comparer f ′ (x) à y−x f (y) − f (x) h (on pourra poser t = pour h > 0 assez petit). Comparer de même f ′ (y) à . y−x y−x En déduire que f ′ est croissante sur I. b) Supposant que f ′ est croissante sur I, pour y fixé dans I et t fixé dans [0, 1], étudier le signe de la fonction φ : x → (1 − t) f (x) + tf (y) − f (1 − t) x + ty . En déduire que f est convexe sur I. 2) Soient a1 , . . . , an , b1 , . . . , bn des nombres réels strictement positifs. 1 1 a) Soient p, q deux réels supérieurs à 1 tels que : + = 1. À l’aide de la convexité de la fonction p q exponentielle, établir x y 2 ∀ (x, y) ∈ R+∗ x1/p · y 1/q ≤ + . p q En déduire l’inégalité de Hölder : n apk ak bk ≤ k=1 (on pourra utiliser les couples 1/p n bqk · k=1 λ.apk , µ.bqk 1/q n k=1 , λ et µ étant bien choisis). b) Pour p réel, p ≥ 1, établir l’inégalité de Minkowski : 1/p n p (ak + bk ) 1/p n apk ≤ k=1 p−1 (on pourra écrire (ak + bk ) = (ak + bk ) bpk + k=1 p 1/p n k=1 p−1 ak + (ak + bk ) bk et utiliser le a)). 3) Soient n ∈ N∗ , K = R ou C, E = Kn et p réel, p ≥ 1. n a) Montrer que l’application Np qui à x = (x1 , . . . , xn ) ∈ E associe Np (x) = 1/p |xk |p est une k=1 norme sur E. b) Soit q réel tel que 1 ≤ p < q. En utilisant la convexité de t → tq/p , montrer que ∀x ∈ E Np (x) ≤ n1/p−1/q · Nq (x) . Montrer par récurrence que, si les ak sont dans R+ et si r est un réel supérieur ou égal à 1, alors n k=1 En déduire que : ∀x ∈ E r n ark ≤ ak . k=1 Nq (x) ≤ Np (x). c) N∞ désigne la norme usuelle sur E définie par : ∀x = (x1 , . . . , xn ) ∈ E Établir : ∀x ∈ E N∞ (x) ≤ Np (x) ≤ · N∞ (x). Que se passe-t-il lorsque p tend vers l’infini ? n1/p ⋆ ⋆ ⋆ N∞ (x) = max |xk |. 1≤k≤n