CONFÉRENCE ÉCONOMIQUE AFRICAINE 2013
“L’INTÉGRATION RÉGIONALE EN AFRIQUE”
« INTEGRATION ECONOMIQUE AU MAGHREB : DES POTENTIALITES SOUS-EXPLOITEES »
VERSION PROVISOIRE
28-30 octobre 2013
JOHANNESBOURG, AFRIQUE DU SUD
REDIGE LE 23 JUILLET 2013
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Résumé
C’est la signature solennelle du traité de Marrakech le 17 février 1989 qui a scellé le destin des cinq
pays du Maghreb : Algérie, Maroc, Mauritanie, Libye et Tunisie. Le traité comporte plusieurs volets
notamment l’aspect économique qui devait aboutir logiquement à une intégration plus approfondie
des économies des cinq pays de la région.
Le texte est structuré autour de deux parties avec une conclusion :
I. Des projets mineurs ont connu un début de alisation, mais dans l’ensemble le bilan
est peu reluisant.
Plus de vingt ans après sa création, le Maghreb est toujours à construire. Sur le
plan économique, le Maghreb a perdu des pans entiers de ses structures
économiques à des plans d’ajustement structurels... et les prix des matières
premières n’a pas toujours été en hausse. La guerre civile en Algérie dans les
années 90 a bloqué la majorité des activités économiques entre les pays du
Maghreb et a ouvert la porte à toutes sortes de transactions informelles, voire
illicites. Les effets du « Printemps Arabe » sont venus ajoutés à la région encore d’autres
contraintes.
II. Le Maghreb fait face à deux défis essentiels:
Une demande sociale croissante issue des effets du « Printemps Arabe ».
Un développement économique extraverti et
Un impact de l’élargissement de l’Europe et un environnement international de plus
en plus concurrentiel.
La grande question est comment mettre à contribution les potentialités intrinsèques du Maghreb au
service d’un développement durable et inclusif de cet ensemble régional qui reste à construire dans
les faits concrets ?
3
C’est la signature solennelle du traité de Marrakech le 17 février 1989 qui a scellé le destin
des cinq pays du Maghreb : Algérie, Maroc, Mauritanie, Libye et Tunisie. Le traité comporte
plusieurs volets notamment l’aspect économique qui devait aboutir logiquement à une
intégration plus approfondie des économies des pays de la région. Peut-on affirmer pour
autant que le vieux rêve du Grand Maghreb soit passé du mythe à la réalité ?
Le rêve de bâtir un grand Maghreb n’est pas récent. En effet, la marche vers l’unité a
commencé vers 1910-1920 sous l’appellation d’ « Ennahda » (Renaissance), mouvement de
pensée qui avait secoué les structures sclérosées du Machrek au début du XIXème siècle.
C’est ainsi par exemple, que dès, 1927, l’Etoile nord-africaine réclame l’indépendance de
toute l’Afrique du Nord.
Après de longues années de lutte, les pays du Maghreb ont enfin obtenu leur indépendance de
la France d’une façon morcee.
L’option d’un seul Etat unifié n’ayant jamais été sérieusement envisagée. Fallait-il adopter
l’option d’une fédération ou confédération dotée d’organismes supranationaux ? Fallait-il
commencer par la coopération politique et économique ? Le développement national devrait-il
précéder l’intégration régionale ?
Curieusement, les anciennes puissances coloniales, la France et l’Italie, d’abord, Espagne et
Portugal depuis leur entrée dans la CEE en 1986, déplorent le retard pris dans l’édification du
Grand Maghreb et encouragent son accélération, dans une optique mercantile afin de faire
fructifier les échanges commerciaux.
Les Maghrébins ont pris conscience de la nécessité impérative d’édifier eux-mêmes et pour
eux-mêmes un ensemble solide pour ne pas être progressivement marginalisé dans un monde
où s’est accéléré le rythme du développement technologique.
Mais, les dissensions, les rivalités, les erreurs et les défaillances qui ont jalonné la renaissance
du Grand Maghreb n’ont cessé d’éloigner ce projet de sa pleine réalisation. Il aurait été
possible de progresser plus rapidement si le conflit du Sahara Occidental n’avait pas
longtemps obstrué la voie. Le fléau de la guerre civile algérienne qui a sévit pendant une
dizaine d’années a aussi ralenti ce processus.
Comme dans le reste du monde Arabe, les pays du Maghreb sont confrontés à des défis
majeurs de développement. Ces défis sont : une population jeune et en pleine expansion, un
taux élevé de chômage des jeunes, une forte vulnérabilité aux chocs des prix et au
changement climatique, une faible gouvernance et des secteurs publics inefficaces. La sous-
région connaît actuellement des changements politiques significatifs à la suite du Printemps
Arabe qui a déclenché une vague de protestations dans la région, exprimant les frustrations
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populaires à l’égard du manque d’emplois et de la mauvaise gouvernance. Le Printemps
Arabe impose la nécessité de dynamiser et intensifier immédiatement les efforts d’intégration
régionale. A cet égard, le soutien de la communauté internationale est primordial, tel que ce
fut énoncé dans l’Initiative de Deauville
1
.
I. Un bref rappel de la situation économique du Maghreb
2
L’intégration économique maghrébine constitue plus que jamais un thème d’actualité, dès lors
que le Grand Maghreb, longtemps confiné au stade de simple projet politique en gestation, est
devenue enfin, une réalité juridique, et institutionnelle, avec la naissance le 17 février 1989 de
l’Union du Maghreb Arabe (UMA). C’est un évènement historique que celui de l’émergence
pour la première fois d’un cadre institutionnel unitaire pour l’édification maghrébine. La sous-
région comprend cinq pays : l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie.
L’Algérie et le Maroc sont démographiquement les plus grands pays de la région. Le Maghreb
représente environ un quart de la population du monde Arabe (91 millions d’habitants en
2013) et un son produit intérieur brut est évalué à 378 milliards USD.
Les pays du Maghreb varient énormément en termes de ressources. L’Algérie et la Libye sont
riches en ressources naturelles ; les trois autres pays ne le sont pas autant. Les principales
ressources naturelles de la sous-région sont le pétrole et le gaz, les minéraux métalliques et
non métalliques et les produits de la pêche.
I.1. Des avantages de l’intégration économique
Il a été démontré dans la littérature économique et les études empiriques qu’en termes
globaux, les avantages de l’intégration dans l’économie mondiale
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sont supérieurs à leurs
coûts. La coopération régionale et l’intégration dans l’économie mondiale peuvent être
1
En mai 2011, à Deauville, en France, le G8 a lancé un partenariat stratégique avec les pays du monde arabe en
pleine mutation politique et économique. Ce partenariat appelle les pays partenaires (Egypte, Jordanie, Libye,
Maroc et Tunisie) à formuler des programmes des réformes économiques et de gouvernance qui permettraient
d'améliorer la compétitivité nationale et promouvoir le commerce et l'IDE. En retour, les partenaires de
Deauville (qui comprennent, en plus des Pays du G8, le Koweït, le Qatar, l'Arabie saoudite, la Turquie, les
Émirats arabes unis, et les neuf institutions financières internationales et régionales) se sont engagés à soutenir
les pays partenaires à atteindre leurs objectifs de transformation économique et politique à travers trois piliers
stratégiques: la gouvernance, les finances et le commerce.
2
On a regardé avec intérêt la thèse de doctorat de Mohamed Ben Abdallah, « L’intégration économique du
Maghreb entre le possible et la réalité (Analyse de la situation économique et sociale du Maghreb entre
1992 et 1998) ». Doctor of Business Administration, Business School Lausanne, Switzerland, 2001.
Pour une analyse plus à jour on peut regarder le moire de Magister de F. Tamani, « Intégration économique
régionale au Maghreb : enjeux, contraintes et perspectives », Université de Tizi-Ouzou, 2012. A lire
également, Mohamed Mokeddem, « Intégration économique régionale au Maghreb : enjeux &
perspectives ».
3
« Europe and the Mediterranean Economy » (L’Europe et l’économie méditerranéenne), édité par Joan
Costa-Font, Routledge, 2013, Part1 and Part 2.
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considérées comme complémentaires, sachant que la coopération et l’intégration régionales
ouvrent la voie à une plus large coopération mondiale de marchés et qu’en retour l’intégration
avec des marchés plus importants hors-région contribue à élever les normes et créer des
incitations en vue d’une plus grande intégration régionale.
L’intégration économique régionale peut engendrer un marché positif, assurer une plus grande
efficacité et améliorer le bien-être à long terme. Tout d’abord, l’extension des marchés
domestiques offre des opportunités pour de plus grandes économies d’échelle et pour l’accès
aux marchés, et peut ainsi conduire à des gains d’efficacité et de productivité. En second lieu,
l’ouverture des marchés sur une base préférentielle peut aider les entreprises exportatrices à
mieux connaître les conditions des marchés étrangers et à s’y adapter. En troisième lieu,
l’intégration économique régionale peut contribuer à ancrer les réformes souhaitables,
conduire à la bonne gouvernance et accélérer la transformation institutionnelle dans des
secteurs tels que les procédures douanières, les règles et règlements et les normes de qualité
des produits. En quatrième lieu, elle peut aider les petites économies à résoudre les problèmes
structurels inhérents tels que les structures peu diversifiées, les frais généraux excessifs et la
haute vulnérabilité aux chocs. Enfin, l’intégration régionale pourrait être perçue comme un
investissement dans la sécurité et la résolution de conflits.
Toutefois, l’intégration économique régionale implique que les pays membres auraient à
renoncer à certains droits comme l’élaboration de normes et politiques propres ; ce que les
dirigeants politiques dans les pays de la région pourraient avoir du mal à accepter. Si elle est
mal gérée, l’intégration régionale peut favoriser l’inefficacité en détournant le commerce,
renforçant le protectionnisme et décourageant l’intégration dans l’économie mondiale. Les
coûts et les avantages de l’intégration économique ne sont pas les mêmes pour tous les pays
arabes ; ce qui explique pourquoi les priorités de l’intégration économique dans la région sont
variables.
Pour renforcer l’intégration économique il ne s’agit pas seulement d’éliminer les barrières
tarifaires et non tarifaires. Il s’agit d’intégrer et d’améliorer le transport, les infrastructures et
la logistique commerciale, d’harmoniser les dispositions institutionnelles et les pratiques, et
d’améliorer les politiques et règlements susceptibles de ralentir l’activité économique (tels
que les politiques du taux de change, les réglementations financières et les principes de
concurrence)
4
.
4
Cf. “L’intégration Régionale en Afrique », Allocution de M. Alassane D. Ouattara Directeur Général Adjoint du Fonds
Monétaire International à la 1ère Conférence des Ministres de l'Économie et des Finances de la Francophonie, Monaco, le 14
avril 1999, https://www.imf.org/external/np/speeches/1999/041499f.htm
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