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Dans les protectorats français du Maghreb (Maroc et Tunisie), des mouvements nationalistes à double
visage : certains sont soucieux de renouer avec le passé d'avant la colonisation. D’autres ont pris les
armes et massacrent les colons français qui en représailles torturent et exécutent sommairement.
D'autres, en revanche, sont résolument tournés vers le monde moderne et réclame une autonomie
interne (c'est le cas du Néo-Destour en Tunisie). La décolonisation commence dans les protectorats
par une affirmation du Néo-Destour et de l’Istiqlal qui deviennent de véritables partis de masse. On
assiste au retour de l’islam politique, et à l’affirmation de l’arabe comme langue du conflit historique
avec l’Occident. L’amour de la patrie est considéré comme compatible avec la foi religieuse. Au
Maroc, l’influence grandissante de l’Istiqlal, parti indépendantiste influent mais radical né en 43 et qui
bénéficie de l’appui du sultan en place Mohammed V Ben Youssef, pousse la métropole à engager des
réformes. Mais celles-ci jugées excessives par les colons sont abandonnées. En 1944, malgré
l’avertissement lors de l’agitation des années 30, le gouvernement français a cru possible de maintenir
son pouvoir et sa domination coloniale au Maghreb, en limitant les changements attendus comme des
ruptures à des modifications. L’ordonnance de 1944 illustre ce problème : il s’agissait d’une réponse
capable d’amorcer l’entrée dans une politique d’intégration, mais arrivée trop tard elle fut perçue
comme une dernière opération de repêchage par les colonisés. Cette ordonnance est ainsi le reflet de la
lenteur de la France à réformer le statut des populations musulmanes. Au Maroc, L’Istiqlal est à
l’origine d’une agitation multiforme dans le pays : grèves, attentats, mouvements de
foule…Mohammed V décide, dans les années 1950, de faire la « Grève du sceau », refusant de signer
les lois. Il bloque toute décision de l’occupant. Le gouvernement français décide alors de le déporter
pcq considéré comme le fauteur de troubles, et de le remplacer par un souverain docile, Ben Arafa,
mais ce ne fait qu’aggraver la situation. La déposition du sultan entraîne alors une vague de
mouvements populaires et d’attentats visant directement l’autorité coloniale. L’identité nationale
s’intensifie lorsqu’elle va se « personnifier » en un homme providentiel, Bourguiba ou Mohammed
Ben Youssef. Ce sont les « pères de la nation », et le parti sert simplement de relais. Face à la montée
des nationalismes tunisien et marocain au début des années 50, les gouvernements français répondent
d'abord par la répression Les colons en place dans ces protectorats s’opposent à toute évolution du
régime colonial et aliment les tensions. Mais La défaire en Indochine convainc les Français de la
nécessité de la décolonisation dans les 2 protectorats. À partir de 1954, Mendès France alors à la tête
du gouvernement engage la négociation et accorde l'autonomie interne à la Tunisie (discours de
Carthage de juillet 1954).
Mohammed V Ben Youssef rentre à Rabat en 55 et les gouvernements d’Edgar Faure puis de Guy
Mollet poursuivent cette politique qui aboutit en 1956 à l'indépendance de la Tunisie et du Maroc le 2
mars et 20 mars.
Le scénario de l’indépendance a donc lieu en 3 étapes : une expérience réformiste arrêtée par
les colons les plus conservateurs, puis une tentative de francisation par la force, et enfin un
déblocage rapide et soudain par la reconnaissance de l’autonomie.
D. Evolution de l’Algérie 1942 à 1954.
A la différence du Maroc et de la Tunisie, l’Algérie est considéré comme partie intégrante du territoire
et elle abrite une communauté européenne importante. Idée se développe que ce qui a été volé ne peut
être repris que par la force mais le choix du mode d’utilisation de la violence est difficile : faire primer
l’action politique, ou encourager l’action armée clandestine ?
Peu après les émeutes de Sétif (mai 45) qu’elle réprime violement, la France donne une certaine
autonomie à l’Algérie en créant une Assemblée algérienne en 47. Mais elle a peu de pouvoirs et elle
est élue moitié par les Français d’Algérie, moitié par les musulmans, alors que les Française sont très
minoritaires dans le pays. Il apparait surtout rapidement que les élections au collège musulman sont
truquées aux dépens des nationalistes qui ne voient alors plus de solution que dans la lutte armée.
L’insurrection est déclenchée en oct. 54. Ben Bella fonde le nouveau parti, le Front de libération
nationale (FLN) qui proclame sa volonté d’engager le combat pour l’indépendance de l’Algérie et qui
s’implante d’abord dans les campagnes. Son objectif, restaurer un « Etat algérien souverain,
démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ». Les dirigeants du FLN sont de la
même génération : leur enfance a été marquée par l’humiliation du centenaire, et leur jeunesse par la
répression atroce après le 8 mai 45. Ils sont « demi-cultivés », c'est-à-dire qu’ils ont un bagage
scolaire, mais pas le bac. Ils prévoient une action armée contre l’avis du Mouvement pour le Triomphe