Chapitre I- Vers une Zone de Libre Echange Maghreb – Union

1
L'évolution des avantages comparatifs du Maghreb dans la perspective de
la zone de libre-échange euro-méditerranéenne
N. Satoura
Doctorante, CED,
Université Montesquieu-Bordeaux IV
Sommaire
Introduction 2
Section I Une spécialisation traditionnelle fortement marquée par la
préférence européenne : caractéristique principale de l’insertion
internationale des économies maghrébines : 3
§1- la spécialisation des pays du Maghreb : ___________________________________ 4
§2- La place privilégiée de l’Europe : ________________________________________ 6
1- l’orientation géographique du commerce extérieur maghrébin : _______________ 7
2- L’impact de l’ancrage à l’euro sur le commerce extérieur et les IDE du Maghreb : 8
3- Les relations UEM-PECO et les risques de marginalisation du Maghreb : _______ 9
Section II Vers une Zone de Libre-Echange Maghreb-Union
Européenne ? 10
§-1 Les facteurs du blocage de l’UMA : _____________________________________ 10
1-Faiblesses d’ordre institutionnel et politique : _____________________________ 11
2 -Un commerce régional extrêmement faible : _____________________________ 11
§2- La Zone de Libre Echange ; quel nouvel apport ? _________________________ 12
1- Les modalités conventionnelles : ______________________________________ 13
2- Le dialogue politique euro-méditerranéen : ______________________________ 14
Conclusion 14
Références bibliographiques 15
2
Introduction
En signant des accords de libre-échange avec chacun des douze PTM, l’Union
Européenne perpétue un schéma institutionnel traditionnel : tandis que cette dernière reste le
centre d’un réseau en étoile, chacun des PTM en constitue une extrémité. Ce réseau
institutionnel a pour objectif de créer une vaste zone euro-méditerranéenne commerciale de
paix et de stabilité.
Dans un premier temps, les différents PTM devraient mettre en pratique chacun de son
côté, un libre-échange industriel avec l’Union Européenne tandis que la question agricole
devrait faire l’objet de concessions mutuelles, réciproques et progressives. Ensuite, ils
devraient progressivement passer des accords de libre-échange entre eux. L’objectif final de
création d’une zone de libre-échange à l’horizon 2010, implique donc le décloisonnement
horizontal de tous les marchés nationaux méditerranéens. Ainsi, la Commission européenne,
dans une communication de 1994 sur la politique méditerranéenne, estimait que la ZLE euro-
méditerranéenne devrait permettre « le libre-échange entre les pays méditerranéens eux
même »
1
. Ceci s’est retrouvé au niveau des principes politiques adoptés par les quinze
européens et les douze méditerranéens réunis lors de la conférence de Barcelone les 27 et 28
novembre 1995. Dans cette déclaration, véritable charte constitutive du partenariat, les
participants ont affirmés que « la zone de libre-échange sera réalisée à travers les nouveaux
accords euro-méditerranéens et les accords de libre-échange entre les partenaires de l’Union
Européenne »
2
.
1
Voir plus précisément le point 10 de la Communication de la Commission, « Renforcement de la Politique
méditerranéenne de l’Union européenne : établissement d’un partenariat euro-méditerranéen », Bruxelles, le
19.10.94, COM (94) 427.
2
Voir conférence de Barcelone, Déclaration et Programme de travail, p.7.
3
En bref, la dynamique verticale enclenchée par les accords UE-PTM devrait permettre
de créer les conditions favorables à une dynamique horizontale entre les PTM. C’est au moins
ce qu’espère l’Union Européenne !
L’intégration économique du pôle Maghreb est fortement encouragée par l’Union
Européenne par une multitude d’instruments juridiques.. Dans ce cadre on va essayer de
traiter la spécialisation maghrébine qui reste traditionnelle et fortement marquée par la
préférence européenne, avant d’examiner le nouvel apport de la mise en place de la ZLE qui
doit encourager l’intégration horizontale et l’instauration du dialogue politique entre les pays
méditerranéens.
Section I Une spécialisation traditionnelle fortement marquée par
la préférence européenne : caractéristique principale de l’insertion
internationale des économies maghrébines :
Depuis l’indépendance, les pays du Maghreb ont cherché à mettre en valeur leurs
avantages comparatifs pour tenter d’améliorer leurs positions dans la division internationale
du travail. Les modèles de croissance adoptés n’ont pas démontré leur aptitude à créer les
conditions d’un développement durable. A l’inverse, les déséquilibres occasionnés par la
combinaison entre substitution aux importations dans les industries manufacturières et la
promotion des exportations dans les industries extractives allaient mettre en relief
progressivement les contradictions d’un projet global de développement caractérisé par une
dépendance croissante à l’égard des variables économiques et financières internationales. Au
cours des années quatre-vingt, les modèles de développement autocentré ont montré leur
limites : crise de la dette (Maroc, Algérie), contre choc pétrolier (Algérie). Tous les pays du
Maghreb ont entrepris de réduire l’emprise de l’Etat sur l’économie, soit à la suite de la mise
en place de plans d’ajustement structurel en contrepartie de programmes de rééchelonnement
de leur dette extérieure (Maroc en 1983 et Algérie en 1994), soit par leur dynamique interne
(Tunisie en 1986).
L’approfondissement des réformes structurelles implique la poursuite de l’ajustement
en profondeur et l’ouverture de l’économie à la concurrence interne et externe. Certains
auteurs insistent sur le rôle crucial des politiques macroéconomiques et sur l’engagement
irréversible des pays du Maghreb dans la voie de la libéralisation de leur économie
3
. La
3
Cf. G. Kebadjian : « La création d’une zone de libre-échange entre l’Union Européenne et le Maghreb »,
journée d’études GEMDEV, 1995
4
croissance du Produit Intérieur Brut est aujourd’hui insuffisante dans l’ensemble de la région
maghrébine ( Cf. Tableau 1). Celle-ci génère difficilement la valeur ajoutée qui devrait rendre
l’évolution démographique supportable. La croissance apparaît bridée par les difficultés
considérables des « économies rentières » à se transformer au Maroc et dans une moindre
mesure en Tunisie , en un investissement suffisamment dynamique. Cependant, le Maroc et la
Tunisie, du fait de la spécialisation ont pu émerger dans les échanges internationaux. Même si
leurs résultats restent modestes, les progrès qu’ils ont faits leur permettent aujourd’hui
d’envisager de s’ouvrir davantage à l’économie internationale et d’espérer ainsi d’élargir leur
potentiel de croissance. Pour l’Algérie, l’évolution politique nationale ou régionale sera
déterminante.
Tableau 1 : Quelques indicateurs économiques fondamentaux du Maghreb
Algérie
Maroc
Tunisie
Population en 2000 (en millions)
31,2
28,2
9,5
Population en 2010 (en millions)
39,0
33,6
11,4
PIB en 2000 (en milliard de $ US)
46,9
35,6
19,8
Croissance du PIB (en %)
5
4,2
5,5
Inflation 1990-2000 (en %)
20,4
4,8
4,5
Taux de chômage 1999 (en %)
33
19
15,6
Déficit budgétaire / PIB 1999 (en %)
1,9
2,5
2,7
Dette extérieure en 2000 (en % du PIB)
60
52
53
Service de la dette extérieur /
Exportations 1999 (en %)
38,6
25
16
Source : Algérie : Office National des Statistiques, Maroc : Direction de la Statistiques, Tunisie :
Institut National de la Statistique
§1- la spécialisation des pays du Maghreb :
La structure des exportations des pays maghrébins se traduit par une spécialisation
type PVD : produits énergétiques et miniers, textile-habillement, produits agricoles. L’Algérie
exporte essentiellement des hydrocarbures en grande partie à l’état brut (Cf. tableau 2), tandis
- A. Chevallier : « Les échanges CEE-Maghreb en rétrospective » GEMDEV-CERCA. La création
d’une zone de libre échange entre la CEE et le Maghreb : repères et perspectives, 1994
- T-F. Rutherford : « Morocco’s free trade agreement with European Community : a quantitative
assessment », Working papers, n° 1173, The world Bank, 1993.
5
que le Maroc et la Tunisie exportent des produits primaires et des biens manufacturés. Les
filières d’exportation des deux pays (Maroc et Tunisie) montrent une spécialisation très
semblable : avantages pour le textile, l’agroalimentaire (tableaux 3 et 4). Les principaux
postes d’exportation révélés pour le Maroc sont par ordre décroissant en 2000 : les produits
finis de consommation (vêtements confectionnés et articles de bonneterie), l’alimentation, les
demi-produits (engrais et acides phosphoriques) en forte dégradation à partir de 1998, les
produits finis d’équipement industriel (matériel d’équipement mécanique et matériel
électrique et électronique) en croissance depuis 1998 et les produits bruts d’origine minérale
(phosphates). Pour la Tunisie, on note le poids important des textiles. Une étude réalisée par
L.Fontagné et N. Péridy
4
sur les spécialisations marocaines et tunisiennes montrent que deux
secteurs sont en croissance fort intéressante et qui apparaissent comme des filières de
« spécialisation émergente » susceptibles d’attirer les investissements étrangers ; il s’agit des
industries mécaniques et électriques, cependant, la progression la plus nette est enregistrée
pour des activités faiblement technologiques.
Tableau 2 : Exportations algériennes 1994-1998 (en % des exportations totales)
1994
1996
1997
1998
Agriculture, pêche
0.2
0.5
0.2
0.3
Energie
0.8
0.1
0.0
0.0
Hydrocarbures
96.1
93.5
96.3
96.4
Produits bruts d’origine minérale
0.3
0.2
0.2
0.3
Industries sidérurgiques, métal, mécan, élec
0.9
1.3
1.1
0.9
Chimie, caoutchouc, plastiques
1.4
3.5
2.0
1.8
Industries agroalimentaires, tabacs
0.2
0.5
0.1
0.1
Industries textiles, bonneterie, confection
0.0
0.3
0.0
0.0
Industries des cuirs et chaussures
0.1
0.1
0.1
0.1
Industries du bois, liège, papier
0.0
0.0
0.0
0.1
total
100.0
100.0
100.0
100.0
Source : tableau établi à partir des statistiques de la base de données Chelem
Tableau 3 : Exportations tunisiennes 1994-2000 (en % de la valeur des exportations totales)
1994
1996
1997
1998
1999
2000
Agriculture et industries agroalimentaires
13.0
7.5
11.1
9.6
11.4
8.8
Energie et lubrifiants
9.4
10.5
9.0
6.4
7.1
12.1
4
Cf. L. Fontagné et N. Péridy : « Le renouveau de l’insertion des pays du Maghreb dans les échanges
mondiaux », in Anales Marocaines d’Economie, n° 15, printemps 1996.
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