Le Maghreb veut conquérir sa part du marché africain
Par Martin Mateso@GeopolisFTV 15/03/2017
Le Maghreb se sentirait-il de plus en plus africain ? Oui, répond l’agence Ecofin qui observe
que cette région se tourne de plus en plus vers le Sahara que vers la Méditerranée. Une course
serait même engagée entre le Maroc, la Tunisie et l’Algérie pour conquérir leurs parts du
marché africain qui représente plus d'un milliard d’habitants.
Dans la quête de nouveaux débouchés dont regorge l'Afrique, le Maroc a incontestablement
pris une longueur d’avance. Le roi Mohamed VI multiplie les voyages sur le continent en
compagnie de nombreux acteurs économiques de son pays. Rabat a mis à contribution ses
institutions financières et a déjà conclu de nombreux accords avec ses partenaires africains
dans les secteurs des télécoms, des banques, de l’assurance, des mines et de la production
agricole.
Le Maroc aux portes de la CEDEAO
Après avoir réintégré l’Union africaine, le Royaume frappe désormais à la porte de la
CEDEAO, la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest dont il veut devenir
membre à part entière. C’est un marché de plus de 200 millions de personnes.
«Mohamed VI ne cache pas son désir de faire de Casablanca la porte d’entrée économique de
l’Afrique», constate François-Aïssa Touazi, co-fondateur de Cap Mena, un think-tank
spécialisé sur les questions économiques et financières avec le monde arabe. Pour lui, le
niveau des échanges commerciaux entre l'Afrique et le Maghreb est encore faible et laisse de
belles perspectives.
«L’Afrique constitue une véritable terre d’opportunités. Elle abrite le plus beau potentiel
mondial de matières premières, ainsi que 60% des terres arables non exploitées de la planète.
En 20 ans, la consommation des ménages y a doublé», observe-t-il.
L’Algérie veut rattraper son retard
Plusieurs opérateurs économiques algériens se tournent désormais vers le continent africain
pour y investir. Selon le journal El Watan qui évoque une prise de conscience tardive, «ils
commencent à s’activer au Sahel dans la perspective d’y placer leurs produits et d’y trouver
des relais de croissance à leurs entreprises».
L’Algérie a sonné la charge en matière d’investissement en Afrique, écrit El Watan qui
rappelle que ce pays dispose actuellement de l’un des plus importants réseaux de
télécommunications du continent. Un secteur considéré comme hautement stratégique pour
les deux ou trois décennies à venir.
Alger table aussi sur la coopération dans les secteurs de l’énergie et des hydrocarbures. Pas
question donc de jouer les figurants dans cette offensive économique maghrébine vers
l’Afrique où les infrastructures constituent un enjeu majeur.
«L’Algérie est l’un des moteurs politiques et financiers pour la construction de la route
transsaharienne pour laquelle elle a déjà investi plus de 3 milliards de dollars», rappelle
François-Aïssa Touazi. D’une longueur de 10.000 km, la route transsaharienne devrait être
terminée en 2018. Elle doit relier Alger à Lagos en passant par la Tunisie, le Mali, le Niger et
le Tchad.
Mais l’Algérie désire avancer ses pions au-delà de l’Afrique de l’Ouest. Des négociations
seraient en cours pour une adhésion au Marché commun de l’Afrique orientale et australe
(Comesa), le plus grand bloc régional d’Afrique qui regroupe une vingtaine de pays avec une
population totale estimée à 625 millions d’habitants.
La Tunisie mise sur l'économie numérique
Quant à la Tunisie, elle veut consolider les acquis de sa stratégie commerciale en direction des
marchés africains. Son principal atout, l’économie numérique.
Tunis mise surtout sur le développement du marché intérieur africain qui impliquera
davantage de services.
Comme l’Algérie, ce pays voudrait intégrer au plus vite le marché commun de l’Afrique
orientale et australe (Comesa) pour écouler ses produits alimentaires, ses matériaux de
construction et ses services informatiques.
Le co-fondateur du think-tank Cap Mena explique que plusieurs facteurs ont poussé les pays
du Maghreb à renforcer leur stratégie économique vers l’Afrique subsaharienne.
«Le sentiment d’abord d’une relation parfois déséquilibrée entre le Maghreb et les pays du
Nord a remis l’idée d’une collaboration Sud-Sud, plus partenariale, dans l’esprit des
dirigeants. D’autres éléments de conjoncture ont été décisifs comme la chute du prix du
pétrole et de ses revenus. Le Maghreb doit rechercher de nouveaux débouchés pour exporter
ses biens, ses services et son capital humain», soutient-il.
Le site d’information benin mondeinfos salue ce qu’il qualifie de «ruée maghrébine vers le
sud» tout en mettant en garde les décideurs africains. «Il s’avère impérieux, estime le site
béninois, que les blocs régionaux du continent aient le contrôle de l’agenda de ce mariage
qui leur est désormais proposé».
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