
Introduction
MICHEL Anne-Sophie_2008 5
Il  s’agit,  par  cette  étude,  de  sortir  d’une  opposition  stérile  entre  un  optimisme  naïf
consistant à penser que l’on peut transposer un modèle et un pessimisme excessif nourri
par une insistance trop forte sur les spécificités systémiques du modèle.
Etudier  les  caractéristiques  du  modèle  danois  pour  comprendre  ce  qui  en  fait  un
ensemble idiosyncratique est le premier objectif.
Le contexte historique, la structure économique ainsi que les caractéristiques sociétales
ont fait émerger un système social spécifique. Reposant sur trois piliers, le système dit de
«flexsécurité» est un exercice d’équilibriste. Il suppose, en effet, de concilier la flexibilité,
la sécurité et l’activation.
Si en anglais  le  terme de  «flexicurity» fait  pratiquement l’unanimité,  la combinaison
lexicale de la flexibilité et de la sécurité connaît plusieurs variantes en français. On parle
aussi bien de «flexicurité», de «flexsécurité», voir de «flexisécurité».
Le terme retenu dans cette étude est celui de «flexsécurité». C’est, en effet, l’expression
qui est apparue le plus souvent au cours des lectures.
Véritable incarnation d’un Etat-Providence social-démocrate, fondé sur l’universalité et
la redistribution, le Danemark organise son modèle de société autour d’une homogénéité
constamment  entretenue  grâce aux  piliers de  la  sécurité  et  de  l’activation.  La  cohésion
sociale est ainsi un facteur clé de ce modèle.
Etudier le modèle danois est donc l’occasion de mener une réflexion sur ce qui fait un
modèle de société. Il semble que si l’établissement de règles et la construction d’institutions
soient des facteurs constitutifs d’une société, le développement d’un lien social apparaît
déterminant. Ce dernier repose sur des valeurs partagées ainsi que sur une vision commune
de l’avenir.
La volonté de vivre ensemble s’exprime à travers la solidarité, pilier d’une société. En
définissant les bases de la solidarité ainsi que les conditions du lien social, l’Etat providence,
revêt une importance déterminante dans les sociétés européennes contemporaines.
En étudiant le modèle danois, il s’agit de découvrir un Etat-Providence social-démocrate
et donc de se pencher sur le concept même d’Etat-Providence théorisé par Gøsta Esping
Andersen. Réussir à trouver un équilibre entre la solidarité et la compétitivité est la vocation
des Etats-Providence existants dans les sociétés européennes contemporaines.
Ayant apparemment trouvé cet équilibre, le modèle danois est devenu un modèle de
référence. Il  ne  faudrait  cependant  pas  omettre  d’évoquer  les  limites  de  ce modèle.  En
effectuant une évaluation critique de l’activation comme en mettant en lumière les tensions
existantes, il s’agit de nuancer la réussite de l’Etat-Providence danois. En effet, les politiques
actives de l’emploi sont critiquées pour leur manque d’efficacité tandis que la question de
l’immigration met au défi l’homogénéité et le contrat social de base de la société.
Malgré  ces  tensions,  le  modèle  danois  est  devenu  une  source  d’inspiration  en
Europe. En effet, le «Danemark connaît une situation économique et sociale absolument
exemplaire»2. Par cette phrase, Michel Rocard, préfacier de l’ouvrage de Mogens Lykketoft,
exprime le sentiment de nombreux observateurs européens.
Ce mémoire est donc aussi l’occasion d’ouvrir la réflexion sur le modèle danois en tant
que source d’inspiration en Europe.
A  Lisbonne  en  2000,  les  Etats  membres  de  l’Union  Européenne  se  sont  fixés  des
objectifs ambitieux: «Devenir l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus
2  LYKKETOFT, Mogens. Le modèle danois, Editions Esprit ouvert, 2006, 125pages