Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen Suisse: moral en berne ou mauvaise humeur ? «L'indice du climat de consommation suisse a baissé entre avril et juillet 2015, passant de -6 à -19 points », selon la teneur de la déclaration d'entrée du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) dans le communiqué de presse récemment paru sur l'évolution du climat de consommation en Suisse, relevé trimestriellement. Dans sa sobriété et son objectivité habituelles, le SECO complète son rapport par des indices de recensement, constatant que les consommateurs s'attendaient à des baisses de prix, comme cela fut le cas auparavant, bien que cette attente fût moins importante que lors des deux recensements précédents ou que l'estimation de la sécurité de l'emploi n'eût pas reculé significativement. Comparée aux recensements effectués en avril ou janvier cette année, l'opinion des ménages suisses a bien empiré concernant la récente évolution de la (propre) situation financière. Or, le communiqué du SECO ne mentionne nulle part la revalorisation du franc. Recul du climat de la consommation suisse 20 11.08.2015 Raiffeisen Economic Research [email protected] Tél. +41 44 226 74 41 Au pays des spéculations Le verdict, supposé clair d’un effondrement profond de Economic l’économie suisse, reste Raiffeisen flou, même six moisResearch après la suppression de l’arrimage [email protected] franc à la monnaie unique. Certes, 44 226 74 41 l'économie suisse a perdu un peu Tél. de +41 sa croissance, au premier trimestre 2015. Mais soyons honnêtes: qui aurait tablé sur un seul recul de 0,2%? Qui, si ce n'est quelqu'un sur le point de perdre son emploi, ressent réellement un recul aussi minime de la performance économique, par rapport au trimestre précédent? Le seul point spectaculaire de ce chiffre est le signe négatif qui justifierait de parler de récession (technique), si la situation devait se reproduire. Manifestement, plus d'un rapporteur l'attend presque avec impatience. La publication, début septembre, des chiffres du PIB pour le deuxième trimestre pourrait raviver cette crainte, galvaudant à nouveau le terme de récession, même si le recul ne devait être que de moins 0,1%. Les estimations provisoires du SECO, tout comme les signes, étant souvent sujets à révision, nous ne serons en mesure de présenter des faits concrets qu'à la fin de l'année. Il ne sera possible d'évaluer qu'à ce moment-là si l'abandon du taux plancher a exercé un choc sur la Suisse et, le cas échéant, son ampleur. Le reste n'est que pure spéculation, or les affaires risquent de souffrir du fait de devoir attendre aussi longtemps. En effet, les gros titres négatifs font augmenter le tirage. 10 0 -10 -20 -30 -40 -50 -60 01/07 01/08 01/09 01/10 01/11 01/12 01/13 01/14 01/15 SECO Climat de la consommation Sources: SECO, Raiffeisen Research Le communiqué de la SECO a été au cœur de l'attention des médias au cours du weekend passé. Il fallait certes s'attendre à la teneur principale des annonces, selon laquelle la force du franc finirait par impacter l'humeur des consommateurs. Afin de mieux illustrer le choc du franc, les médias ont, par ailleurs, mentionné les chiffres du chômage récemment publiés. Enfin, semble-t-il, avait-on trouvé ce que l'on recherchait. Il serait impensable de dire que le 15 janvier 2015, date à laquelle la Banque nationale suisse a abruptement abandonné le taux plancher de l'euro, provoquant ainsi un peu partout des craintes de récession, n'ait laissé aucune trace en Suisse. Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen Les bonnes nouvelles sont indésirables Pourtant, les bonnes nouvelles ne sont pas rares, or elles ne s'expliquent guère aussi facilement et ne s'insèrent nullement dans le concept des pessimistes notoires, notamment, que la branche, dont on avait justement prédit la chute, n'y avait guère laissé de plumes à ce jour: En l'occurrence, il s'agit tant de l'hôtellerie, qui a réussi à compenser presque entièrement le fort recul attendu du nombre de nuitées des Européens, et qui n'affiche, dans l'année en cours, qu'un léger recul, grâce aux affaires avec l'Asie, que des exportations de l'industrie, qui certes affichent une légère tendance négative, mais aucunement aussi prononcée qu'il ne l'a été craint au début. La situation actuelle de la Suisse présentant des similitudes avec la deuxième moitié des années nonante, au cours desquelles cette dernière risquait d'être contaminée par la faiblesse de croissance européenne, et était déclarée mourante, la Suisse réussit, de tout évidence, à compenser une partie des affaires traditionnelles perdues, en partant à la conquête de nouveaux marchés. Il était probablement prématuré de mettre la Suisse à l'écart en raison du choc causé par le taux de change. Suite aux années 1992, 2008 et 2011, notre pays a, une fois de plus, fait preuve de sa très grande flexibilité et capacité de s'adapter. C'est du moins ce scénario qui semble bien plus plausible que celui d'un véritable effondrement économique avec licenciements en masse, etc., tel que nous l'avions déjà entendu cette année . 11.08.2015 Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen Suisse: moral en berne ou mauvaise humeur ? Certes, notre pronostic d'un peu moins d'un pour cent sur l'ensemble de l'année 2015 pour la croissance économique suisse peut paraître un peu trop optimiste. Or, nous restons confiants que le taux de croissance se rapprochera davantage du 1 que du 0. C'est aux sceptiques de nous prouver le contraire. C'est la raison du «mais» dans la plupart des commentaires des indicateurs économiques actuels. Connaissant la force de notre économie nationale, nous sommes plus enclins d'omettre le «mais», et de parier davantage sur un «d'autant plus». Raiffeisen Economic Research [email protected] Tél. +41 44 226 74 41 Raiffeisen Economic Research [email protected] Tél. +41 44 226 74 41 Martin Neff, chef économiste de Raiffeisen Mentions légales importantes Ceci n'est pas une offre Les contenus publiés dans le présent document sont mis à disposition uniquement à titre d'information. 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