APPORT DIAGNOSTIQUE ET THÉRAPEUTIQUE DE L’ENDOSCOPIE INTERVENTIONNELLE DANS
LES HÉMORRAGIES DIGESTIVE BASSES (1)
APPORT DIAGNOSTIQUE ET THERAPEUTIQUE DE L'ENDOSCOPIE INTERVENTIONNELLE DANS LES HEMORRAGIES
DIGESTIVES BASSES
R Dumas
Centre Hospitalier Princesse Grace, Principauté de Monaco
Le terme d'hémorragie digestive basse est souvent employé pour désigner les hémorragies digestives dont l'origine se situe
en aval de l'angle de Treitz, mais le sujet sera volontairement
limité aux causes colorectales .
Malgré ces avancées thérapeutiques, malgré une forte rentabilité diagnostique de l'ordre de 80% et un impact démontré sur
le cours évolutif clinique, le rôle de la coloscopie dans l'hémorragie aigüe digestive basse est moins largement reconnu que
celui de l'endoscopie oesogastroduodénale dans l'hémorragie digestive haute ; vraisemblablement en raison de difficultés
pratiques pour sa mise en œuvre immédiate, et dans une moindre mesure pour établir l'imputabilité du saignement pour
certaines lésions ( angiomes et surtout diverticules) .
L'opportunité d'une coloscopie en urgence, la définition du délai optimal pour sa réalisation, la nécessité d'une préparation
préalable, sa faisabilité ainsi que celle de la coloscopie en phase hémorragique, la place éventuelle d'une
rectosigmoïdoscopie ont en particulier fait l'objet de controverses ;celles
-
ci opposent schématiquement une attitude
activiste, avec au maximum réalisation d'une coloscopie immédiate après
«
déchoquage
»
,
sans préparation( en arguant du
caractère laxatif de l'hémorragie), à une stratégie attentiste, basée sur la tendance spontanée à l'arrêt du saignement qui
survient dans 80% des cas environ , dans laquelle la coloscopie est réalisée au décours, après préparation orale .
Cette opposition stratégique est donc quelque peu artificielle, elle concerne surtout la prise en charge des patients
présentant une hémorragie de
«
moyenne
»
abondance,pour lesquels les données récentes plaident donc en faveur d'une
coloscopie
«
précoce
»
sinon en urgence .
On recherchera notamment la prise d'anticoagulants, d' AINS susceptibles de provoquer des lésions entérocoliques (et pas
seulement gastroduodénales), la notion de traumatisme anorectal, des troubles du transit, évocateurs de tumeur ou de
colite organique, les antécédents personnels médicaux ( diabète ,HTA, artérite) carcinologiques (radiothérapie) et familiaux
de cancer colorectal ; la notion de syndrome rectal en faveur d'un cancer ou d'une rectite, celle de douleurs annales
spontanées ou à la défécation, évocatrices de fissure ou de pathologie hémorroïdaire .
L'examen proctologique, avec toucher rectal et surtout examen de la marge anale déplissée précède aussi le bilan
endoscopique ; l'anuscopie est parfois difficile en phase hémorragique, l' examen de la partie basse de l'ampoule rectale
est souvent de meilleure qualité en rétrovision rectale au cours de la coloscopie ou de la rectosigmoïdoscopie .
Les causes retrouvées le plus fréquemment sont les hémorragies diverticulaires (25 à 40%)
Les angiodysplasies (15 à 30%), la pathologie tumorale (10 à 15%), les colites organiques (ischémiques,
médicamenteuses, inflammatoires,lésions radiques) 10 à 15%, les saignements proctologiques ( ulcérations
thermomètriques , hémorroïdes) 9 à 10% .
Il faut encore souligner l'importance de l'enquête anamnèstique préalable sans laquelle il est impossible de considérer
cette attitude stratégique . L'interrogatoire, le contexte clinique retrouvent souvent des éléments d' orientation étiologique
vers l'une ou l'autre des grandes causes répertoriées et peuvent modifier la stratégie de prise en charge en fonction du
profil clinique habituel pour la cause présumée du saignement et des implications thérapeutiques spécifiques qui vont
probablement en résulter .Un saignement abondant au décours d' une mucosectomie colique incitera plus à une coloscopie
en urgence à visée d'hémostase que des rectorragies ayant fait suite à la séquence douleur-diarrhée sur un terrain
diabètique ou artéritique compatible avec la survenue d'une colite ischémique .