Le Point sur Béthanéchol
Dossier 2000, XXI, 1
INTRODUCTION
Le chlorure de béthanéchol est un produit ancien (brevet
US n° 2.322.375 - 1943), utilisé chez l’adulte dans plusieurs
indications urologiques et digestives.
Aucune spécialité contenant du béthanéchol n’a d’autorisa-
tion de mise sur le marché (AMM) en France.
Àl’étranger, il n’a d’indication que chez l’adulte.
Son action parasympathomimétique spécifique en fait, par
ailleurs, un réactif pharmacologique.
La Pharmacie Centrale des Hôpitaux de l’Assistance
Publique - Hôpitaux de Paris (PCH - AGAM de l’AP-HP)
arépondu en 1983 à une attente du milieu hospitalier : dis-
poser d’une présentation de béthanéchol à usage pédia-
trique pour le traitement du reflux gastro-œsophagien
(RGO) chez l’enfant et le nourrisson.
Une forme gélule, dosée à 0,5 mg et 1 mg, fut développée,
puis abandonnée.
En 1992, le statut du chlorure de béthanéchol est devenu
celui de préparation hospitalière.
Aujourd’hui, une forme comprimé dispersible à 1 mg est
fabriquée par la PCH - AGAM.
PATHOLOGIE ET TRAITEMENT ACTUEL DU
RGO DE L’ENFANT ET DU NOURRISSON
Symptomatologie et moyens d’exploration du
RGO chez l’enfant et le nourrisson
1. Symptomatologie du RGO
chez l’enfant et le nourrisson
1.1. Définitions
Le RGO est défini comme le passage involontaire d’une
partie du contenu gastrique dans l’œsophage.
La nature du contenu gastrique peut varier au cours du
temps et comprendre de la salive, des aliments ingérés, des
sécrétions gastriques, et en cas de reflux duodéno-gastrique,
des sécrétions pancréatiques ou biliaires. Il peut ainsi être
distingué des RGO acides et non acides (neutres ou alca-
lins).
Cette définition du RGO peut être source de confusion car
tout individu peut présenter des épisodes de RGO, particu-
lièrement en période post-prandiale immédiate.
Il est donc nécessaire de différencier :
-le RGO non compliqué, dont la fréquence varie avec l’âge,
la position et l’activité,
-le RGO compliqué responsable de troubles digestifs ou
extra-digestifs (1).
Chez l’enfant, en particulier le nourrisson, cette distinction
est particulièrement importante, tant est grande la fréquen-
ce du RGO (1 pour 500 naissances) (34).
Laclassification du RGO de l’enfant distingue les RGO dits
primaires des RGO secondaires. Ces derniers se manifes-
tent par des vomissements récurrents au cours d’affections
très diverses (infections chroniques, insuffisances car-
diaques, maladies métaboliques et neuro-musculaires, aller-
gies alimentaires, erreurs diététiques...). Seuls sont traités
dans cet article les RGO primaires.
1.2. RGO primaires
Les RGO primaires peuvent être classés en 2 catégories :
*Le RGO non compliqué de l’enfant
Le RGO non compliqué de l’enfant a pour seule manifesta-
tion des régurgitations, plus fréquentes en période post-
prandiale.
Les régurgitations débutent le plus souvent avant l’âge de 3
mois. Elles sont décrites comme survenant sans effort ; leur
volume est en général faible ; leur fréquence peut aller jus-
qu’à 20 à 30 fois par jour, surtout chez le jeune nourrisson.
Elles ne s’accompagnent pas d’autres symptômes, et l’en-
fant a un développement staturo-pondéral normal.
L’évolution de ce RGO est en général favorable, les régur-
gitations disparaissant au cours du deuxième semestre de
vie, ou lors de l’acquisition de la marche (1).
*Le RGO compliqué de l’enfant
Le RGO est dit compliqué lorsqu’il est prouvé qu’il pro-
voque ou aggrave certaines affections.
Ainsi, plusieurs manifestations peuvent être observées.
— Reflux et manifestations digestives
La présence en quantité anormale ou anormalement prolon-
gée de liquide gastrique dans l’œsophage peut engendrer
une œsophagite dont les symptômes sont variables (1, 19).
Les symptômes évocateurs sont une hématémèse, des
pleurs persistant en cours de repas ou un refus réitéré du
biberon chez le nourrisson, une anorexie, une dysphagie,
une hypotrophie ou une diminution de la vitesse de la crois-
sance staturo-pondérale, une anémie ferriprive après élimi-
nation des causes habituelles. L’enfant plus grand peut, de
plus, décrire des douleurs rétrosternales.
La sténose peptique de l’œsophage, expression d’un reflux
sévère méconnu, est devenue exceptionnelle en France
(14).
—Reflux et manifestations oto-rhino-laryngées
La survenue de symptômes cliniques dans la sphère oto-
rhino-laryngée est liée au passage de liquide gastrique acide
en amont de l’orifice œsophagien supérieur et à l’inonda-
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