La Lettre du Neurologue - n° 3 - vol. VIII - mars 2004
72
L
a physiopathologie des maladies de Creutzfeldt-Jakob
(MCJ) est encore incomplètement connue. Il est prouvé
que les différentes formes étiologiques de MCJ (spora-
dique, acquise, génétique) s’accompagnent toujours de l’accu-
mulation d’une protéine constitutive du patient atteint, la protéine
PrPc, sous une forme anormale appelée PrPsc ou PrPres. C’est la
“transconformation” de PrPcen PrPsc qui serait, selon la théorie
de S.B. Prusiner, à l’origine de la maladie. Les différentes confor-
mations prises par la protéine sous-tendraient, dans cette hypo-
thèse de la protéine seule, l’existence des différentes souches de
prions. Cependant, il reste à établir l’existence d’un lien entre
l’accumulation de la PrPsc et l’apparition des lésions cérébrales.
Il existe, chez l’homme, sur le codon 129 du gène PRNP codant
PrP, un polymorphisme définissant trois génotypes possibles :
méthionine/méthionine (M/M), valine/valine (V/V) ou méthio-
nine/valine (M/V). En dehors de la présence de toute mutation
pathologique sur le gène PRNP, le génotype du codon 129 du
patient a une influence déterminante dans les MCJ. Il est connu
que le polymorphisme homozygote M/M est plus fréquent chez
les patients atteints d’une MCJ spora-
dique (70 %) que dans une population
témoin (40 %). Le polymorphisme du
codon 129 exerce aussi une influence
sur les formes cliniques et neuropatho-
logiques et la rapidité d’évolution de
la MCJ sporadique.
Parmi les formes iatrogènes de MCJ,
celle liée à un traitement par hormone
de croissance d’origine humaine a été
particulièrement observée en France
et au Royaume-Uni. Cela est lié aux
méthodes particulières de fabrication
et de distribution de l’hormone dans
ces deux pays. La fréquence des cas
et l’échange des données épidémio-
logiques, grâce à une action concertée
européenne, a permis l’étude compa-
rative de la distribution du génotype
du codon 129 chez les jeunes patients
atteints de MCJ iatrogène, dans ces
deux pays.
Deux résultats principaux se dégagent
de cette étude (figures 1 et 2) :
– alors que le génotype homozygote,
notamment M/M, est le plus fréquem-
ment observé, en France, chez les
patients atteints de MCJ après traite-
ment par hormone de croissance, le
polymorphisme M/M n’a été observé
que chez un seul patient britannique,
* Cellule nationale de référence des MCJ et unité 360 de l’INSERM, hôpital de
la Salpêtrière, Paris.
Facteurs génétiques et risque d’apparition
de la maladie de Creutzfeldt-Jakob
liée à l’hormone de croissance humaine
●
J.P. Brandel*
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000