www.RheumInfo.com/fr - Observance thérapeutique pour les rhumatologues
Comment pouvez-vous établir le manque d’observance chez les patients qui n’obtiennent pas de
réponse?
Il faut toujours envisager l’observance thérapeutique chez un patient qui ne répond pas au traitement.
Établir l’observance à des médicaments surveillés par voie intraveineuse comme le rituximab,
l’abatacept, Remicade ou le tocilizumab est assez simple étant donné la possibilité d’une observation
directe.
Pour ce qui est des médicaments administrés par voie orale ou sous-cutanée, la suggestion la plus
simple et la plus pratique pour les rhumatologues est de demander simplement aux patients, sans juger,
à quelle fréquence ils omettent de prendre une dose. Malheureusement, évaluer l’observance par de
simples questions n’est ni fiable ni valide. Les patients cherchent généralement à plaire à leur médecin
et répondent ce qu’ils croient que le médecin veut entendre. Cependant, il peut être rassurant, pour un
patient, d’entendre le médecin lui dire « Je sais qu’il doit être difficile de prendre vos médicaments
régulièrement. À quelle fréquence les oubliez-vous? » Un patient qui admet faire preuve d’une mauvaise
observance est généralement sincère. Il est également important de demander au patient s’il présente
des effets secondaires aux médicaments, s’il sait pourquoi il prend ses médicaments et quels en sont
les bienfaits. Ce genre de questions permet souvent de mettre en évidence une mauvaise observance.
Des outils validés ont été conçus pour mesurer la non-observance. Ces outils prennent plus de temps à
administrer et à noter qu’une simple question, et leur utilité lors des interactions cliniques de routine peut
être limitée. Cependant, ils permettent de déterminer de façon beaucoup plus précise le manque
d’observance. Le questionnaire CQR (Compliance-Questionnaire-Rheumatology) est un outil spécifique
à la rhumatologie conçu pour mesurer l’observance des patients aux schémas thérapeutiques4,5. Ce
questionnaire a d’abord été conçu et validé au cours d’entretiens semi-directifs menés auprès de
32 patients. Malheureusement, la pondération égale des éléments de ce questionnaire n’a pas donné de
bons résultats comparativement à l’observance thérapeutique mesurée de façon électronique5. Quand
les 19 éléments ont été pondérés différemment selon une analyse discriminatoire, les résultats ont eu
une bien meilleure sensibilité pour détecter l’observance inférieure à 80 %. Cependant, l’utilisation du
questionnaire CQR dans un contexte clinique requiert un calcul complexe, ce qui en limite l’utilisation
dans ce contexte.
Les deux autres échelles d’observance fréquemment utilisées sont le questionnaire MAQ (Morisky
Adherence Questionnnaire)6 et l’échelle MARS (Medication Adherence Report Scale)7. Tout comme le
questionnaire CQR, ces deux échelles sont efficaces comparativement aux entretiens semi-directifs,
mais moins efficaces que la mesure électronique de l’observance thérapeutique8.
Bien que de nombreuses mesures subjectives de l’observance aient été créées, il n’y a pas de norme de
référence. La corrélation entre l’observance signalée par le patient et les mesures électroniques du
médicament et le nombre de comprimés est très faible.
Comme nous l’avons précédemment mentionné, tenter d’évaluer l’observance d’un patient par de
simples questions n’est ni fiable ni valide. Vous pouvez demander à vos patients s’ils prennent leurs
médicaments. S’ils sont sincères et vous disent ne pas les prendre, ils sont vraisemblablement
honnêtes. S’ils vous disent prendre tous leurs médicaments et ne manquer presqu’aucune dose, alors
vous ne savez vraiment pas. Rappelez-vous qu’un tiers des patients prend la plupart de ses
médicaments, un tiers les prend régulièrement et un tiers manque d’observance. La difficulté consiste à
déterminer dans quel groupe se situe votre patient. Sur le plan pratique, si le patient va très bien et que
sa maladie est stable, qu’il n’y a pas d’évolution radiographique ni poussée, il n’est probablement pas
nécessaire de l’interroger sur l’observance. L’observance devient un enjeu lorsque le patient va
régulièrement moins bien ou lorsqu’il subit de fréquentes poussées. Chez ces patients, y a-t-il d’autres
indices qui pourraient permettre d’identifier des problèmes d’observance éventuels?