-1- Octobre 2012
MALADIE DE HODGKIN : Diagnostic, classification internationale à
visée pronostique, évolution et principes du traitement
Pr Gilles SALLES
Service d’Hématologie, Centre Hospitalier Lyon-Sud,
69495 Pierre-Bénite cedex
-2- Octobre 2012
POINTS FORTS A COMPRENDRE
1) La maladie de Hodgkin fait partie des cancers du système lymphatique comme les
autres lymphomes mais ses caractéristiques histologiques, évolutives et thérapeutiques
sont particulières.
2) Le diagnostic histologique est porté sur la présence de cellules de Reed-Sternberg
dans une architecture ganglionnaire particulière.
3) La classification en stades dites de “Ann Arbor” est un élément de pronostique
indispensable à laquelle viennent s’ajouter d’autres caractéristiques notamment l’age, la
vitesse de sédimentation et le rapport médiastino-thoracique en cas d’atteinte
médiastinale.
4) Aujourd’hui, le PETscanner au 18-FDG joue un rôle important dans le bilan initial
et l’évaluation de son efficacité.
5) C’est en fonction de ces éléments pronostiques que les modalités thérapeutiques
seront précisées, faisant appel généralement à une association de chimiothérapie et de
radiothérapie (traitements combinés).
6) L’objectif thérapeutique est d’augmenter les taux de guérisons déjà élevés en évitant
les séquelles à long termes.
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DIAGNOSTIC
1
°
/ Définition
La maladie de Hodgkin est aujourd’hui considérée comme un lymphome B d’un type
particulier, caractérisée par la prolifération de grandes cellules appelées cellules de
Reed-Sternberg au sein d’un tissu lymphoïde réactionnel d’architecture caractéristique.
2
°
/ Notions d’épidémiologie et d’étiologie
La maladie de Hodgkin est plus fréquente chez l’homme (2 à 5 cas pour 100 000
habitants par an) que chez la femme (1 à 2 cas pour 100 000 habitants par an). Son
incidence parait globalement stable ou en légère diminution dans les 20 dernières
années. Elle peut être observée à tous les âges de la vie, mais avec un pic de survenue
pendant la 3ème décennie, et une incidence à nouveau en augmentation chez les
personnes de plus de 70 ans.
L’origine de la cellule tumorale dans la maladie de Hodgkin a été longuement débattue,
mais plusieurs travaux récents indiquent qu’un certain nombre de maladies de Hodgkin
se développent à partir de lymphocytes de la lignée B. Le virus d’Epstein Barr (EBV)
peut être détecté dans les cellules de Reed-Sternberg, dans une proportion très
variable de cas et il n’y a aucune preuve de son rôle dans la survenue de la maladie.
3
°
/ Circonstances de découverte
La maladie de Hodgkin est révélée dans près de 4 cas sur 5 par une adénopathie
périphérique indolore de siège cervical ou sus-claviculaire. Dans environ 10% des cas,
elle est découverte devant des adénopathies médiastinales mises en évidence sur un
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cliché thoracique (Figure 1) réalisé de manière fortuite ou à l’occasion de signes de
compression (toux, dyspnée, douleurs). Enfin, dans 10 à 20% des cas, la maladie est
révélée par la présence de signes généraux, tels que la fièvre, un amaigrissement, des
sueurs nocturnes et plus rarement d’un prurit.
4
°
/ Diagnostic positif de la maladie de Hodgkin
Le diagnostic de la maladie de Hodgkin doit être établi sur un examen anatomo-
pathologique d’une biopsie ganglionnaire. Si la cytoponction permet parfois de mettre
en évidence des cellules de Reed-Sternberg, elle n’est pas suffisante à établir le
diagnostic car cette cellule n’est pas pathognomonique de la maladie. Enfin, dans les
très rares formes hématologiques sans atteinte ganglionnaire, le diagnostic peut être
porté sur la biopsie médullaire ou la pièce de splénectomie.
La cellule de Reed-Sternberg est une cellule géante, d’environ 40 μm de diamètre, à
noyau clair, mono ou parfois polylobée avec un aspect en miroir, pluri-nucléolé. Les
variantes cytologiques de la cellule de Reed Sternberg peuvent aussi être rencontrées
(cellules lacunaires, cellules de Hodgkin, cellules tumorales géantes). Le phénotype
habituel des cellules de Sternberg dans la maladie de Hodgkin classique est caractérisé
par l’expression de la molécule de surface CD30, éventuellement des antigènes CD15
parfois CD20.
Quatre sous types histologiques étaient habituellement distingués selon la classification
de Lukes-Rye (tableau I) :
- la maladie de Hodgkin avec une organisation sclérosante et nodulaire (forme scléro-
nodulaire de type 2) est la forme la plus classique de maladie de Hodgkin, retrouvée
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dans 80% des cas, touchant préférentiellement les sujets jeunes et les ganglions sus-
diaphragmatiques;
- La forme à cellularité mixte (type 3) représente 15 à 20% des cas et s’observe plus
volontiers chez les sujets âgés, avec des signes généraux d’évolutivité ou chez les
sujets porteurs du virus VIH atteints de maladie de Hodgkin.
- A côté de ces 2 formes classiques :
- la forme à déplétion lymphocytaire (type 4) est rare, souvent associée à
un pronostic défavorable, et certains cas constituent une pathologie frontière
avec les lymphomes anaplasiques.
- Enfin, la forme à prédominance lymphocytaire (type 1) et d’architecture
diffuse n’est aujourd’hui plus considérée comme une maladie de Hodgkin mais
comme un lymphome, tandis que la forme nodulaire est individualisée sous le
nom de para-granulome nodulaire de Poppema dont les caractéristiques et
l’évolution sont distinctes des maladies de Hodgkin classiques.
L’analyse immuno-histochimique de la biopsie ganglionnaire est nécessaire lorsque le
diagnostic n’est pas évident dans les 2 formes classiques (types 2 et 3), ou lorsqu’une
des formes atypiques est suspectée compte-tenu des frontières de ces formes avec
certains lymphomes non hodgkiniens.
5
°
/ Le diagnostic différentiel
Le tableau clinique de maladie de Hodgkin révélé par une adénopathie superficielle fait
discuter les autres causes d’adénopathies superficielles, en particulier les autres
lymphomes, les métastases ganglionnaires de cancer, les infections virales ou
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