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partie conclusive de la Métaphysique du K. al-S
ˇifa¯}(X, 3-5) constitue un déve-
loppement englobant l’éthique. Selon A. Bertolacci – voir The structure of meta-
physical science in the Ila¯hiyya¯t (divine science) of Avicenna’s Kita¯b al-S
ˇifa¯}(Book
of the cure), dans Documenti e studi sulla tradizione filosofica medievale, 13, 2002,
p. 25 (pour l’article, voir p. 1-70; on trouvera une version revue du même article
dans Id., The reception of Aristotle’s metaphysics in Avicenna’s Kita¯b al-S
ˇifa¯}. A
milestone of western metaphysical thought, Leyde-Boston 2006, p. 150-211) – elle
correspondrait au traité d’éthique et de politique dont Avicenne annonce la
composition dans le Prologue de son K. al-S
ˇifa¯}(Madh
˘al, p. 11, 12-13; voir
D. Gutas, Avicenna and the Aristotelian tradition... cit., p. 54, n. 11). La partie
conclusive de la Métaphysique est conçue par Bertolacci comme un «appendice»
d’éthique, ce qui laisserait penser à une fondation métaphysique de la philo-
sophie pratique chez Avicenne; voir aussi A. Bertolacci, Il pensiero filosofico di
Avicenna, dans C. D’Ancona (dir.), Storia della filosofia nell’Islam medievale,
Turin, 2004, II, p. 580. Quelques considérations sur l’éthique avicennienne se
trouvent en outre dans Ch. Butterworth, Medieval Islamic Philosophy and the
Virtue of Ethics, dans Arabica, 34, 1987, p. 221-258 qui considère les Ila¯hiyya¯t du
K. al-S
ˇifa¯}, la R. fı¯ l-ah
˘la¯q, l’Épître sur les puissances humaines et leur perception
(R. fı¯ l-quwa¯ al-insa¯niyya wa idra¯ka¯ti-ha¯) et les Sources de la sagesse ({Uyu¯n
al-h
˙ikma).
2En Eth. Nic., I, 5 Aristote distingue trois genres de vie : la vie de jouissance;
la vie active ou politique; la vie contemplative (la vie de lucre est tout de suite
refusée). La distinction remonte à une image pythagoricienne (voir Iamblicus, De
Vita Pythag. 58 et Arist. The Nicomachean Ethics, with an English translation by
H. Rackham, Cambridge, Ma, – Londres, 19342, réimpr. 1982, p. 14 note a). Sur la
grande influence de l’Éthique à Nicomaque dans la tradition musulmane, voir
R. A. Gauthier, L’Éthique à Nicomaque dans le moyen âge arabe, dans Aristote,
L’Éthique à Nicomaque, intr., trad. et comm. par R.-A. Gauthier et J.-Y. Jolif,
I-III, Louvain-Paris, 1958-1959, I, p. 71-74; sur la tradition des livres VIII-X, voir
A. J. Arberry, The Nicomachean Ethics in Arabic, dans Bulletin of the School of
Oriental and African studies, 17, 1955, p. 1-9 et maintenant surtout l’Introduction
de D. M. Dunlop. à The Arabic Version of the Nicomachean Ethics, ed. by A. A.
Akasoy and A. Fidora, with an Introduction and Translation by D. M. Dunlop,
Leiden-Boston 2005, p. 1-108.
3On fera référence aux éditions suivantes : Ibn Sı¯na¯, al-Shifa¯}, Al-Ila¯hiyya¯t
(La Métaphysique), t. I, traités I-V, éd. par G. C. Anawati et S. Zayed, révision et
introduction par I. Madkour; t. II, traités VI-X, texte établi et édité par
M. Y. Mousa, S. Dunya, S. Zayed, revu et précédé d’une introduction par le dr.
I. Madkour, à l’occasion du millénaire d’Avicenne, Le Caire, 1960/1380 h.
(réimpr. Teheran, 1983 et réimpr. successives; ici toujours indiquée par Ila¯h.);
Avicenna, Metafisica, Introduzione, traduzione italiana, note e apparati di
O. Lizzini, prefazione, revisione del testo latino e cura editoriale di P. Porro,
Milano 20062(cette édition reprend le texte arabe avec sa traduction latine);
son discours philosophique qu’il faut rechercher l’évaluation qu’il
donne des deux genres de vie définis par l’Antiquité : la vie active et la
vie théorétique2. Dans le but de repérer ces fragments et sans
prétendre à l’exhaustivité, je me concentrerai dans cette étude sur les
deux œuvres ou parties d’œuvre principales d’Avicenne : la Méta-
physique (al-Ila¯hiyya¯t) et le Livre de l’âme (K. al-Nafs) du K. al-S
ˇifa¯}, le
Livre de la guérison, qui ont été d’ailleurs – comme on le sait – des
sources doctrinales importantes pour les Latins3. J’essaierai en